Le 29 décembre
2009, le Conseil constitutionnel, par sa décision n° 2009-599 DC, a statué sur
la loi de finances pour 2010 dont il avait été saisi par plus de soixante députés
et par plus de soixante sénateurs. Les requérants contestaient la réforme de la
taxe professionnelle à laquelle se substitue notamment une contribution
économique territoriale. Ils contestaient également des dispositions relatives
à la contribution carbone, au régime fiscal des indemnités journalières
d'accident du travail, à la majoration de la taxe intérieure de consommation
applicable aux carburants et à l'extension du revenu de solidarité active à
certains jeunes de moins de vingt-cinq ans.
(...)
L'article 7 de
la loi instituait une contribution carbone. Les travaux parlementaires
soulignaient que l'objectif de cette mesure est de " mettre en place des
instruments permettant de réduire significativement les émissions de gaz à
effet de serre " afin de lutter contre le réchauffement de la planète.
Pour atteindre cet objectif, il a été retenu l'option " d'instituer une
taxe additionnelle sur la consommation des énergies fossiles " afin que
les entreprises, les ménages et les administrations soient incités à réduire
leurs émissions.
Toutefois, les
articles 7 et 10 de la loi instituaient des exonérations, réductions,
remboursements partiels et taux spécifiques. Ainsi étaient totalement exonérées
de contribution carbone les émissions des centrales thermiques produisant de
l'électricité, les émissions des mille dix-huit sites industriels les plus
polluants, tels que les raffineries, cimenteries, cokeries et verreries, les
émissions des secteurs de l'industrie chimique utilisant de manière intensive
de l'énergie, les émissions des produits destinés à un double usage, les
émissions des produits énergétiques utilisés en autoconsommation d'électricité,
les émissions du transport aérien et celles du transport public routier de
voyageurs. En outre, étaient taxées à taux réduit les émissions dues aux activités
agricoles ou de pêche, au transport routier de marchandises et au transport
maritime.
Ces exemptions
auraient conduit à ce que 93 % des émissions d'origine industrielle, hors
carburant, soient exonérées de contribution carbone. Moins de la moitié des émissions
de gaz à effet de serre aurait été soumise à la contribution carbone. Celle-ci
aurait donc porté essentiellement sur les carburants et les produits de
chauffage qui ne sont que l'une des sources d'émission de dioxyde de carbone.
Pour les activités industrielles, ces exemptions n'étaient pas justifiées par
le régime des quotas d'émission de gaz à effet de serre dans l'Union
européenne, ces quotas étant attribués à titre gratuit jusqu'en 2013.
Le Conseil a
jugé que, par leur importance, les régimes d'exemption institués par la loi
déférée étaient contraires à l'objectif de lutte contre le réchauffement
climatique et créaient une rupture caractérisée de l'égalité devant les charges
publiques. Il a, par voie de conséquence, censuré l'ensemble du régime relatif
à la contribution carbone (articles 7, 9 et 10 de la loi de finances).
extrait du communiqué
(chenv)