L'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de
l'environnement et du travail (Anses) publie ce jour son rapport sur
l'évaluation des risques liés au bisphénol A. Ce rapport vient compléter
les travaux précédents, qui ont conduit la France à proposer en
septembre 2012 de procéder au classement de cette substance en " toxique
pour la reproduction présumé " (Cat. 1B) et à interdire, par la loi du
24 décembre 2012, le bisphénol A dans les contenants destinés à des
enfants de moins de trois ans (en vigueur depuis le 1er janvier), puis
dans tous les conditionnements directement en contact avec les denrées
alimentaires à partir du 1er janvier 2015.
Le bisphénol A (BPA) est un produit chimique utilisé couramment pour la
fabrication industrielle de plastiques. Ces matériaux sont largement
utilisés dans des produits de consommation courants comme les récipients
pour l'eau et la nourriture. Ils rentrent notamment dans la composition
de nombreux matériaux contenant des aliments, tels que les produits de
consommation en polycarbonate (biberons, vaisselle, récipients destinés
au four micro-ondes et boîtes pour la conservation des aliments) ou les
emballages avec un film protecteur ou un revêtement époxy-phénolique
(cannettes, boîtes de conserve et couvercles métalliques).
Le rapport de l'Anses, s'appuyant sur des évaluations de l'exposition de
la population (notamment des femmes enceintes) au bisphénol A, confirme
les effets de cette substance et montre un risque potentiel pour
l'enfant à naître des femmes enceintes exposées.
L'exposition est principalement par voie alimentaire -ce qui
avait conduit aux mesures prises en 2012- mais l'Anses identifie
d'autres modes de contamination par le bisphénol A, en particulier par
contact cutané avec les tickets thermiques (tickets de caisse, reçus de
carte bancaire), notamment dans un cadre professionnel.
Delphine BATHO, ministre de l'Écologie, du Développement durable et de
l'Énergie estime donc nécessaire de compléter les mesures pour prévenir
les risques liés au bisphénol A et
proposera dès les prochains
mois à la Commission européenne l'interdiction du bisphénol A dans les
tickets thermiques, dans le cadre de la réglementation REACH sur les
produits chimiques. L'Anses, est dès aujourd'hui, chargée de préparer le
projet de décision à soumettre à l'Union européenne.
Dès à présent, et sans attendre l'entrée en vigueur de la mesure, il est
indispensable que les industriels s'engagent dans une démarche de
substitution de cette substance, en portant une grande attention à
l'innocuité des substituts auxquels ils auront recours. Le rapport de
l'Anses souligne en effet les incertitudes et manques de données sur les
substituts du bisphénol A que l'agence a examinés.
Le ministère animera les échanges avec les parties prenantes pour
accompagner cette substitution et permettre que la mesure d'interdiction
soit effective dans les délais les plus brefs.