Le projet de loi sur la transition énergétique se donne pour objectif de remédier à notre fonctionnement énergétique actuel, qui n'est pas durable : nous consommons trop, et ainsi, nous polluons. Pour cela, en plus de permettre de diversifier notre bouquet énergétique, il devra contribuer à mettre en oeuvre des solutions efficaces pour réduire notre consommation.
Le bâtiment : une source d'économies potentielles immense
Pour économiser l'énergie, un des axes prioritaires sera de travailler sur l'énergivore secteur du bâtiment. En effet, celui-ci représente en France 44% de la consommation d'énergie totale, pour des raisons thermiques majoritairement. C'est pourquoi la synthèse des débats sur le projet de loi sur la transition énergétique publiée l'été dernier propose un objectif de 500 000 bâtiments à rénover par an. L'annonce de la baisse de la TVA à 5% sur la rénovation énergétique des bâtiments répond à la même logique.
Le potentiel d'économies est d'autant plus important que les techniques se sont aujourd'hui efficacement mises au service de ces impératifs. On compte ainsi de nombreux matériaux isolants : Saint-Gobain entre autres en a fait sa spécialité, avec par exemple ses vitrages à couches, qui limitent grandement les déperditions d'énergie. Mais plus que de travailler uniquement sur les matériaux, les avancées technologiques permettent maintenant de gérer " intelligemment " les consommations - et donc de réaliser de substantielles économies. Les applications domotiques sont, au niveau du logement, destinées à cet usage. On peut citer B.Domo, lancée par Bouygues Telecom, qui donne sans soute un aperçu de l'habitat économe et connecté de demain : le système permet de connaître précisément sa consommation énergétique et de l'adapter en conséquence, par exemple en pilotant le chauffage, ou en jouant sur l'ouverture de volets, le tout même à distance. Les immeubles équipés à Cachan et Aubervilliers servent aujourd'hui de test grandeur nature pour le moins prometteur.
A un niveau plus global, la technologie des smart grids a également un vrai potentiel en matière d'efficacité énergétique. Ce terme désigne le fait de rendre " intelligent " le réseau de distribution d'énergie : les technologies de l'information permettent de récupérer des données sur la production et la consommation d'énergie, et de les ajuster en conséquence, en temps réel. Ainsi les pertes sont limitées, et le gaspillage évité. C'est l'un des champs de compétence de Cofely Ineo, qui met en oeuvre des solutions globales pour accompagner les collectivités dans leurs plans énergie-climat (smart grids donc, mais aussi efficacité énergétique des bâtiments ou optimisation de l'éclairage public), dans une logique d'accompagnement de proximité puisque le groupe est organisé en 300 agences régionales. L'expérience menée à Toulouse, Smart ZAE, a ainsi pour objectif de " montrer que l'optimisation des emplois et des ressources énergétiques rend quasiment possible l'autosuffisance d'un site industriel ", explique Thomas Peaucelle, le directeur général délégué de Cofely Ineo. Cette combinaison entre les compétences liées au réseau électrique lui-même (c'est le métier historique du groupe) et celle liées aux technologies numériques constitue sans doute aujourd'hui l'un des plus importants gisements d'innovations dans le domaine de l'optimisation énergétique.
Vers une mobilité durable
L'autre poste le plus énergivore en matière de consommation est celui des transports, avec 32% de la consommation finale. C'est ce qu'explique encore Thomas Peaucelle : " Le bâtiment, tout d'abord, et le transport, enfin, sont deux problématiques résolument urbaines et les responsables publics prennent désormais conscience que la manière de les traiter a un impact énergétique très fort ". C'est la raison pour laquelle Cofely Ineo, dans le cadre de sa réflexion globale sur la " cité du futur ", a également développé une offre concernant la mobilité durable, par exemple dans le cadre du déploiement et de la gestion de systèmes d'autopartage, comme à Angoulême avec Mobili'volt. Le développement du covoiturage s'inscrit dans cette même dynamique : Blablacar, le leader français du secteur, revendique plus de 3 millions de membres en France. Frédéric Mazzella, son fondateur, se félicite : " nous transportons 600.000 passagers par mois en Europe, ce qui représente 1.500 rames de TGV pleines ". Une pratique encouragée par certaines collectivités, qui par exemple construisent massivement des aires de covoiturage (c'est le cas dans la Manche).
Autre piste technologique pour économiser l'énergie et réduire les gaz à effet de serre : les voitures " intelligentes et décarbonées ", qui font l'objet de recherches et de nouveautés constantes, et pour lesquelles le gouvernement a affirmé son soutien dans le cadre du projet de loi sur la transition énergétique. Les constructeurs et équipementiers travaillent activement sur le sujet, à l'instar de PSA qui a développé plusieurs innovations : son filtre à particules ou sa technologie hybride notamment obtiennent déjà des résultats significatifs en matière de réduction des émissions de CO² (inférieures à 100g / km). Et sa technologie HybridAir dont le déploiement est annoncé pour 2016, qui combine essence et air comprimé, devrait permettre au véhicule de " fonctionner en mode Zéro Emissions pendant 60 à 80% de son temps de fonctionnement en usage urbain ".
Nouveaux matériaux, utilisation des technologies numériques, nouveaux services : les outils développés par nombre d'entreprises dynamiques ne manquent pas pour engager notre pays dans l'ère de la transition énergétique. Reste à les favoriser, les soutenir et les déployer, pour que l'efficacité énergétique dépasse le stade de l'utopie pour devenir une réalité quotidienne.