Mardi dernier, le bureau européen pour l’environnement a rendu public son classement des villes mondiales selon leurs politiques de protection de la qualité de l’air. Et sans surprise, Paris ne truste pas les places du podium (6ème). Pourtant, si la circulation alternée a beaucoup fait parler d’elle, d’autres solutions permettraient de mieux figurer dans ce classement mais surtout de véritablement lutter contre le réchauffement climatique sur le long terme. C’est le cas de la mobilité partagée, qui, après de timides débuts, rentre dans les consciences des voyageurs.
Vers la fin du système du tout-voiture
Il est loin le temps où avoir sa propre voiture était un symbole de réussite sociale et permettait de montrer que l’on avait réussi. Le secteur de l’automobile est en difficulté et les bons chiffres de ce début d’année ne doivent pas occulter les années de disettes précédentes, qui traduisent un réel désengagement des français pour posséder leurs propres véhicules. Désormais, le concept même de voiture particulière n’est plus autant attractif.
Evidemment plusieurs facteurs ont amené ce bouleversement des mentalités à commencer par le prix de l’achat d’une voiture, auquel il faut ajouter les multiples frais inhérents : essence, assurance, entretien... Aujourd’hui, la primauté de la notion de propriété est dépassée par celui du déplacement. Les gens veulent se déplacer et non posséder une voiture. Les transports en commun avaient commencé à favoriser ce phénomène, la mobilité partagée l’accentue.
Et les utilisateurs adhèrent, au point de bouleverser le système existant. La réussite d’Uber et de son service Uberpop de location de voitures avec chauffeurs est là pour le prouver : les personnes cherchent uniquement à se déplacer et privilégient les services dédiés présentant tous les avantages de la voiture, les inconvénients en moins.
Mais c’est également un moyen de favoriser les liens entre utilisateurs. Le succès des agences de location de voitures particulières comme Drivy ou Ouicar s’appuie sur le fait de mettre en relation des personnes désirant accéder à une voiture temporairement et ceux ne voulant pas voir leurs voitures rester perpétuellement sur un parking. Bref, un deal où tout le monde est gagnant.
La nouvelle technique de lutte contre la pollution
Cette évolution des mentalités vers la mobilité partagée est une bonne nouvelle dans la lutte contre la pollution. En effet, toutes ces techniques permettent de réduire les émissions de gaz à effet de serre, l’exemple le plus parlant restant le covoiturage. Regrouper plusieurs personnes dans un seul véhicule plutôt que chacun utilise la sienne pour effectuer le même trajet, en plus de relever du bon sens, permet de réduire les émissions polluantes mais également la pollution sonore et les risques de bouchons. Ainsi, d’après l’Agence de l’Environnement et de Maitrise de l’Energie (ADEME), le rejet d’1 à 1,2 tonnes de CO2 est évité, en moyenne, par an et par utilisateur. Là aussi, le succès est florissant puisque Blablacar, la principale plateforme de covoiturage, est devenue la principale concurrence de la SNCF, au point de pousser cette dernière à créer sa propre plateforme de covoiturage, IDVroom.com.
Aussi, la mobilité partagée est un bon moyen de lutter contre la congestion des centres villes. Plus simple et plus économique que la mise en place d’une énième politique publique, son développement s’appuie un situation édifiante : 96% des voitures sont inutilisées et restent au garage 23 heures par jour. Pire, 15% de l'espace urbain est occupé par le parking des voitures. C’est sur ce constat que les sociétés comme Uber ou Skippy s’appuient et pourraient permettre de réduire ces chiffres. Et pour cela, l’utilisation de voitures récentes n’est pas un aspect à ne pas négliger dans la lutte contre le réchauffement climatique.
La mobilité partagée est donc une arme particulièrement efficace dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre quand elle est encouragée et utilisée. Mais le problème concerne l’absence de généralisation de ces initiatives. Plusieurs dispositifs comme Allocab ne sont malheureusement valable majoritairement que sur les principales d’agglomérations françaises. Espérons que leurs succès fassent tâche d’huile sur l’ensemble du pays.