Une nouvelle étude du WWF publiée aujourd'hui souligne que, malgré les engagements pris, seules quelques grandes entreprises de biens de consommation et quelques distributeurs ont intégré des mesures significatives de soutenabilité dans leurs politiques d’approvisionnement en matières premières agricoles.
Publié en amont du sommet annuel du Consumer Goods Forum (CGF) se tenant les 15 et 17 juin à Cape Town, en Afrique du Sud, le rapport “Slow Road to Sustainability” examine les politiques et la performance des 256 fabricants de marque et détaillants membres du CGF, dont les ventes annuelles combinées représentent plus de 3,5 milliards de dollars américains à l'échelle mondiale.
Sur la base d’une analyse des rapports annuels, des engagements RSE et des sites web des entreprises concernées, le rapport révèle que seules 14% d’entre elles comme Kimberly-Clark, Waitrose, Unilever, Kao Corporation et Royal Ahold ont pris des engagements assortis de délais quantifiés pour s’approvisionner selon les normes crédibles recommandées par le WWF pour leurs matières premières agricoles telles que l'huile de palme, le papier, le soja, la canne à sucre ou encore le poisson d'élevage.
Seules 22 entreprises (soit 9% de celles analysées) ont pris des engagements quantifiés et assortis de délais pour s’approvisionner en totalité ou en majorité en matières premières nécessaires à leurs activités selon d'autres normes de certification crédibles.
Cependant, les détails de certains engagements restent vagues, laissant émerger un problème plus profond de transparence. Selon le rapport, seules 42% des entreprises publient des informations sur leur soutenabilité dans leur rapport annuel ou dans un rapport de soutenabilité isolé.
« Ce sont des nouvelles décevantes. Les entreprises, en particulier les grands producteurs et acheteurs de matières premières ont un rôle essentiel à jouer dans la transformation des marchés vers des modèles plus soutenables », a déclaré Stephen Watson, Responsable des Relations au Monde Economique et de l’Initiative WWF de transformation du marché en Asie.
La demande de produits provenant de la sylviculture, de l'agriculture et de la pêche, est en plein essor. Cependant, leur production non soutenable affecte les forêts, les habitats, les systèmes d'eau douce, l'océan et le climat mondial, menaçant ainsi les moyens de subsistance des populations locales.
Compte tenu de leur nombre, de leur taille et de leur diversité, les membres du CGF constituent un échantillon significatif pour l'analyse des pratiques d'approvisionnement en lien avec les 14 produits que le WWF a identifié comme prioritaires en raison de leur contribution à la déforestation, à la surpêche et à la pénurie d'eau.
"Pour répondre à la demande croissante et éviter la surexploitation de nos ressources naturelles, nous devons trouver une façon plus durable de s’approvisionner et de produire des matières premières agricoles. Des politiques d’achats favorisant les produits certifiés est une première étape essentielle pour les entreprises afin de mettre en œuvre une stratégie d'approvisionnement durable, intégrant tout autant les questions environnementales et sociales", a ajouté M. Watson.
Le WWF reconnaît que les entreprises ne peuvent résoudre ce problème mondial seules. Tous les acteurs, y compris les gouvernements, les communautés, les consommateurs, les institutions financières et les ONG, doivent reconnaître les impacts de la production des matières premières agricoles et trouver ensemble des moyens pour parvenir à un équilibre entre production durable et préservation des services écosystémiques vitaux.
Le WWF appelle les sociétés membres de la CGF, ainsi que les entreprises qui n’en font pas partie mais qui s’approvisionnent en matières premières agricoles, à s’engager publiquement en faveur d’un approvisionnement en marchandises certifiées et ce pour 100% de leurs besoins en volume d'ici 2020.
En outre, les entreprises doivent publier leurs plans d'action assortis de délais quantifiés détaillant la façon dont ils vont atteindre leurs engagements.
Le WWF appelle le Conseil du CGF à encourager tous ses membres à publier un rapport annuel de développement durable d’ici 2018 au plus tard, en utilisant notamment la Global Reporting Initiative (GRI).
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