Début 2017, l’Energy Observer, premier bateau entièrement autonome en énergie et sans émission de gaz à effet de serre, prendra la mer pour un tour du monde de 6 ans. Ce projet technologique et écologique permettra de tester et de démontrer la viabilité et l’efficacité des modèles énergétiques de demain.
Energy Observer : le Solar Impulse des mers
Energy Observer est le nom d’un bateau hors du commun, un immense catamaran qui sera autonome en énergie, et capable de produire et stocker à bord l’hydrogène utilisé pour sa propulsion, sans utiliser aucune énergie carbonée. Premier navire de ce genre, il se lancera en 2017 dans un tour du monde afin de tester et optimiser les technologies embarquées, mais aussi d’aller à la rencontre, aux quatre coins du globe, de solutions en faveur de la transition énergétique, au travers des 101 escales programmées dans 50 pays.
Ce sont deux navigateurs passionnés qui sont à l’origine du projet : Victorien Erussard, coureur au large et officier polyvalent de marine marchande, et Jérôme Delafosse, scaphandrier professionnel et auteur/ réalisateur de documentaires pour Canal . Ils travaillent depuis 2015, avec une équipe de plus de 30 personnes, au reconditionnement d’un catamaran déjà porteur d’une belle histoire, puisqu’il a remporté le trophée Jules Verne en 1994. Le 31 août dernier, Energy Observer a rejoint à Saint-Malo un nouveau chantier, qui marque le début de la phase finale de sa construction.
Une extraordinaire aventure technologique
Energy Observer est un concentré d’innovations. Pour atteindre l’autonomie énergétique, le bateau fonctionnera grâce à une chaîne de production hydrogène complète, couplée à plusieurs énergies vertes (éolien et photovoltaïque). L’hydrogène sera produit à bord à partir de la désalinisation de l’eau de mer, puis stocké.
Développé par le CEA-LITEN (laboratoire d’innovation pour les technologies des énergies nouvelles et les nanomatériaux), spécialisé dans les technologies pour la transition énergétique, ce système énergétique reposera aussi sur des technologies conçues et développées par plusieurs partenaires. La start-up du navigateur Yves Parlier Beyond The Sea fournira une aile de traction automatisée intelligente. L’entreprise développe un projet de traction des bateaux par cerf-volant, une solution durable et verte qui repose sur l’énergie éolienne. Les 130 m² de panneaux photovoltaïques qui équiperont l’Energy Observer ont été conçus par l’INES, centre de recherche, innovation et formation sur l’énergie solaire. Les deux éoliennes à axe vertical ont été développées par l’ICAM de Nantes, école d’ingénieurs et partenaire R&D pour les entreprises.
Pour stocker les énergies renouvelables produites à bord, et en complément du système hydrogène, Energy Observer a fait appel à la société Forsee Power, spécialiste français des systèmes de batteries pour le marché du transport électrique, des équipements portables et mobiles et du stockage de l’énergie. En pleine croissance, l’entreprise a déjà une solide expérience en matière de transport : elle conçoit des batteries pour les bus électriques, le transport ferroviaire, mais aussi le transport maritime : Forsee Power s'est notamment associée à la société HyPS (Hybrid Propulsion Systems) pour équiper les nouveaux super-yachts (J-class) du chantier néerlandais Holland Jachtbouw (HJB). Les batteries Forsee Power permettront de stocker l’énergie produite à bord du bateau par les panneaux solaires, réserves qui seront combinées à l’électricité produite par une pile à combustible à l’hydrogène, dédiée à la propulsion du bateau et à l’alimentation des auxiliaires.
Energy Observer s’est donc entouré de partenaires à la pointe de la technologie : Beyond the Sea est réputée pour ses kites innovants ; l’INES est à l’origine de la route solaire, constituée de dalles photovoltaïques se posant sur les routes et capables d’alimenter l’éclairage public, les bornes de recharge de véhicules ou encore les bâtiments ; l’ICAM de Nantes œuvre au sein du projet Aerojoules pour le développement et la commercialisation de petites éoliennes ; et Forsee Power, qui consacre entre 20 et 25 % de ses frais fixes à la recherche et au développement, est impliquée dans plusieurs projets innovants autour du stockage de l’énergie et de la mobilité durable, tels qu’une offre de seconde vie des batteries. « Energy Observer est emblématique de ce que seront les réseaux énergétiques de demain, avec des solutions qui pourront même être déployées d’ici 5 ans », résume Florence Lambert, directrice du CEA-Liten.
Une aventure écologique… et humaine
Cette aventure technologique a une vraie visée écologique : mettre ces innovations au service de la transition énergétique, convaincre, et sensibiliser autour de cette question. « Notre objectif est de rassembler toutes ces énergies et de les transformer en une véritable force, capable de convaincre les décideurs qu’il est temps d’agir et s’engager dans la troisième révolution industrielle : celle des énergies renouvelables », annonce Victorien Erussard. Le projet est d’ailleurs soutenu par l’UNESCO, et par la Fondation Nicolas Hulot. Ce dernier affirme qu’ « Energy Observer est plus qu’un bateau, c’est un démonstrateur et un capteur de solutions ».
Mais c’est aussi une aventure humaine hors du commun. « On n’est pas dans la compétition, mais dans le partage d’expérience et la coopération », rappelle encore Victorien Erussard. Il s’agit d’un projet fédérateur et porteur de sens, et d’une expérience qui sera sans nul doute utile pour l’avenir énergétique, sur mer… et sur terre. Car comme le rappelle Victorien Erussard, l’autonomie sur le bateau « peut être transposée dans des applications terrestres ». Nul doute qu’un tel démonstrateur technologiques servira de bases à de nombreuses applications dans le domaine de l’énergie et de la propulsion, où qu’elle se fasse.
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