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La filière solaire brille-t-elle en France ?



  • Alors que l’énergie solaire est encore portion congrue dans les énergies renouvelables françaises, elle est de plus en plus plébiscitée de manière internationale. De quoi lancer définitivement une énergie avec laquelle il faudra compter… durablement !

    Il existe trois types d’énergies produits par les rayons du soleil : l’énergie solaire thermique, générée par des capteurs vitrés et dont le but est de réchauffer des fluides liquides ou gazeux ; l’énergie photovoltaïque, issue du rayonnement sur des panneaux ou centrales solaires et totalement renouvelable ; et l’énergie solaire thermodynamique, produite à partir d’une centrale qui concentre les rayons du soleil via des miroirs. Actuellement, à travers le monde, l’énergie solaire est de plus en plus utilisée, recouvrant à elle seule chaque année 89 milliards de tonnes en équivalence pétrole.

    L’énergie solaire, reine des énergies renouvelables dans le monde

    En effet, la capacité mondiale de l’énergie solaire photovoltaïque, la plus répandue, a été multipliée par 10 entre 2007 et 2012, avec un coût moyen de fabrication des panneaux de moins d’un euro par watt (contre 24 euros en 1980) et une production de 32,825 kWh par seconde. De plus, les capacités mondiales des parcs photovoltaïques ont augmenté de 50% en un an en 2016. « Pour la première fois, une seule source renouvelable, le solaire, est devenue le plus grand moteur de croissance de la capacité nette de production d’énergie », explique l’AIE, l’Agence Internationale de l’Energie. Une tendance amenée à se concrétiser dans les années à venir, avec un parc étendu à 740 GW d’ici 2022, contre 300 GW à l’heure actuelle et qui devrait permettre à l’énergie solaire de dépasser allègrement les 2,84% de la production mondiale d’électricité d’origine renouvelable qu’elle représente actuellement.


    Cela valait bien la création de l’Alliance Solaire Internationale ou ASI, dévoilée lors de la COP21 par l’Inde et la France et entrée en vigueur le 6 décembre dernier. Née du constat que de nombreux pays ne disposent pas encore des moyens nécessaires pour exploiter au mieux une énergie renouvelable et abondante, elle regroupe actuellement 46 pays. Plusieurs programmes ont d’ores et déjà été mis en place, comme des installations de pompes à eau ou de lampadaires à énergie solaire dans certains pays membres de l’alliance. Cette dernière espère récolter mille milliards de dollars d’ici à 2030, afin que tous les pays en manque de technologies avancées, puissent bénéficier de cette énergie pour produire de l’électricité.

    Et qu’en est-il du solaire en France ?

    Si l’Allemagne se classe en pole position des pays producteurs d’énergie solaire, la France arrive 7e, avec une moyenne de 27,2 milliards de kWh par an, soit 5,7% de la production électrique française annuelle, mais seulement 6% de la part globale des énergies renouvelables du pays. Une électricité encore à destination exclusive de la consommation des particuliers, même si l’énergie solaire gagne du terrain dans notre territoire. Régions d’ensoleillement maximal obligent, ce sont celles du Sud de la France et des DOM qui représentent près de 30% du parc photovoltaïque raccordé au réseau EDF. Si l’installation de panneaux photovoltaïques est encore coûteuse (compter une dizaine d’années pour être remboursé de son investissement initial), les fournisseurs d’énergie comme EDF, rachètent le courant émis par l’énergie solaire de ces panneaux et des aides financières sont souvent émises par l’ADEME et la plupart des régions. L’ADEME estime d’ailleurs qu’en 2025, « l’innovation et les volumes devraient continuer à faire baisser le coût des composants de ce système de l’ordre de 35% » par rapport à ceux de 2014.

    354 244 installations de ce type existent sur tout l’Hexagone et 212 projets d’envergure, pour des centrales solaires de forte puissance ou des panneaux sur des grandes toitures, ont été validés après appels d’offres en décembre 2015 par Ségolène Royal, alors ministre de l’Environnement. Mais pour le moment, sur les 1 000 MW qui avaient été attribués, 669 étaient encore vacants au 9 novembre 2017. Une bonne majorité de ces derniers est encore en construction (pour une livraison pourtant prévue pour le 5 décembre dernier), d’autres sont en suspens et certains ont été totalement abandonnés. Des retards dus à des problèmes de fournitures de matériels, de permis de construire ou de coûts de raccordements au réseau. Sans oublier des appels d’offres aux procédures encore trop complexes et appelées à être simplifiées par le président d’Enerplan, le syndicat des professionnels de l’énergie solaire.
    Un appel visiblement entendu puisque deux groupes de travail vont être mis en place par le secrétaire d’Etat au ministère de la Transition écologique et solidaire, Sébastien Lecornu, afin de « nourrir les travaux de la programmation pluriannuelle de l’énergie qui tracera la feuille de route de la transition énergétique pour la période 2019-2023 », avec un seuil de déclenchement des appels d’offre passant de 100kWc à seulement 1mWc. Nicolas Hulot a annoncé de son côté le 11 décembre de nouvelles mesures pour les futurs appels d’offres, comme le passage de 1,45 à 2,45 GW annuels attribués.

    Le plan solaire d’EDF

    Des mesures qui vont profiter tout particulièrement au géant de l’électricité EDF, puisque son PDG, Jean-Bernard Lévy, a présenté lundi 11 décembre 2017 un ambitieux plan solaire. L’objectif est de développer et construire pas moins de 30 GWh d’électricité produite par l’énergie solaire en France entre 2020 et 2035. Un plan nécessaire pour le fournisseur d’énergie, car la baisse de la part du nucléaire étant actée (même si elle est reportée), Nicolas Hulot lui a demandé d’accélérer le développement des énergies renouvelables en France. « Là où je suis, je ferai en sorte de réunir toutes les conditions pour que vous puissiez atteindre vos objectifs » a ainsi avancé le ministre à Jean-Bernard Lévy.

    Cela se fera par paliers : d’abord 1,5 GW supplémentaires entre 2020 et 2025, puis 2 GW entre 2025 et 2030 et 2,5 GW pour les cinq dernières années. Le tout, pour un coût financier de 25 milliards d’euros d’investissement, principalement en provenance de partenaires. Seule obligation : « que des appels d’offres pour des grandes fermes solaires soient lancés, sinon cela ne peut pas se faire », explique Jean-Bernard Lévy. Un plan d’envergure puisqu’il faudrait près de 30 000 hectares pour construire de telles fermes. « Nous avons lancé un inventaire pour repérer les terrains à proximité des centrales nucléaires, les friches industrielles ou les sites en démantèlement utilisables » et même des retenues d’eau, souligne Antoine Cahuzac, directeur de la filière EDF Energies Nouvelles.


    Auteur : Philippe Marnier

     

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