Le Mondial de l'Automobile 2018 a clairement ouvert la voie aux véhicules électriques. La mobilité change peu à peu de visage et c'est l'électrique qui tient la corde avec des constructeurs qui présentent des modèles plus nombreux et une technologie qui s'affirme. Le faible impact écologique des véhicules électriques plaide en leur faveur même si des adaptations sont nécessaires pour en faire les rois de la route au cours des prochaines années.
Renault, Peugeot, Kia, mais aussi Mercedes, Audi, BMW et Jaguar. La voiture électrique s'impose chez tous les constructeurs automobiles et ils exposent fièrement leurs derniers modèles devant les dizaines de milliers de curieux venus découvrir la voiture de demain et d'après demain. De la petite citadine au SUV, il y en a désormais pour tous les goûts. L'électrique n'est plus considéré comme un gadget seulement accessible à une minorité désireuse de protéger l'environnement et au budget conséquent. Les performances énergétiques séduisent et l'écart de prix entre les véhicules à moteur thermique et électrique tend à s'estomper.
Une révolution est donc en marche ou plutôt roule droit devant elle malgré les obstacles inhérents à toute arrivée sur un marché répondant à des codes anciens. Le principal obstacle consiste en la création d'un écosystème viable. Les automobilistes doivent faire le choix de l'électrique et ce, malgré des prix à l'achat toujours plus élevés en moyenne. Pour cela, la France a mis en place un bonus à l'achat de 6 000 euros pour toute acquisition d'un véhicule électrique neuf. Le nouveau ministre de la Transition écologique et solidaire souhaite également la mise en place d'un dispositif semblable (2 000 euros maximum) pour l'achat d'un véhicule hybride neuf.
EDF, nouvel acteur de la mobilité
Le coût de l'électrique est réduit par un Etat qui fait aussi en sorte de rendre les véhicules essence et gazole moins attractifs. Les taxes notamment sur le carburant augmentent régulièrement alors qu'il s'agit d'un poste important de dépenses pour tout propriétaire d'un véhicule. Le « carburant » électrique a donc la cote, mais il n'est pas aussi accessible que les pompes classiques. Les pouvoirs publics prennent ce problème à bras le corps depuis plusieurs années, mais les résultats sont encore mitigés. La solution viendra peut-être des entreprises.
C'est à EDF que reviendra peut-être l'honneur de faire rentrer la France dans le tout électrique. En effet, l'entreprise publique a lancé le 10 octobre 2018 son plan mobilité électrique. L'idée est simple puisque le premier énergéticien français et européen estime qu'il a un rôle à jouer dans le développement des voitures électriques avec le déploiement de bornes de recharge. L'ambition est grande puisque l'objectif annoncé est de faire rouler 600 000 véhicules, soit un tiers de la flotte dans les quatre pays visés (France, Royaume-Uni, Italie et Belgique). Pour cela ce ne sont pas moins de 250 000 bornes de recharge qui doivent être opérationnelles et gérées EDF et d'autres entreprises.
Ce plan est le troisième du groupe en faveur de la transition énergétique après ceux dans le domaine du solaire et du stockage de l'énergie. EDF change de monde, tout en gardant les recettes qui lui ont permis de s'imposer comme un acteur majeur de l'énergie électrique depuis plusieurs décennies. En effet, la stratégie de la direction est d'assurer la production d'une énergie toujours plus propre pour la mettre au service d'une consommation en pleine mutation. Aujourd'hui l'électricité est utilisée pour l'industrie et le logement. Dès demain, la brique de la mobilité s'ajoutera à ces deux secteurs. Investir sur ce marché pour en devenir le leader relève donc autant de l'obligation que du choix.
Le nucléaire : une pompe à carburant comme les autres
EDF part du constat que 20 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des transports et que la pression des pouvoirs publics va s'accentuer pour changer cette donne et ainsi rester dans les clous de l'Accord de Paris sur le climat. Selon les prévisions d'EDF, cela va fortement contribuer à l'augmentation du nombre de véhicules électriques vendus. Ils passeraient de 300 000 en 2017 à 4 millions en 2025 et jusqu'à 10 millions en 2030. Il s'agit là d'un changement complet d'univers auquel EDF est déjà prêt.
Le groupe de Jean-Bernard Lévy peut se targuer de fournir une électricité abondante, peu chère (en comparaison de nos voisins) et surtout très peu polluante. 97 % de son électricité produite est décarbonée. Un chiffre dû essentiellement au nucléaire et qui va encore augmenter avec le développement des énergies renouvelables. Le nucléaire constitue donc un atout majeur dans le développement de la voiture électrique. Il assure un carburant abondant et respectueux de l'environnement contrairement aux « biocarburants » dont la production a, on le sait désormais, un impact désastreux sur l'environnement.
Le nucléaire (dont la production est facilement modulable) constitue ainsi un outil important dans la montée en puissance des voitures électriques. Des véhicules qui pourront même bientôt fournir de l'électricité au réseau lorsque cela s'avèrera nécessaire. Avec un million de véhicules capables de transférer de l'énergie au réseau, ce sont 1 à 2 GW de réintroduits, soit la puissance d'un ou deux réacteurs nucléaires. Une électricité rendue en échange d'une contrepartie financière pour les automobilistes. Pour cela, ce sont 4 000 bornes de recharge « intelligentes » qui doivent être déployées à partir de 2020.
Les idées et solutions techniques franchissent actuellement un cap exceptionnel, mais un dernier obstacle se dresse à l'horizon. Les matières premières nécessaires à la construction d'automobiles électriques seront-elles disponibles en assez grande quantité ? Aujourd'hui, une grande partie des terres rares est sous le contrôle de la Chine. Un pays-continent qui pourrait décider à sa guise des cours du dysprosium ou du néodyme. Des noms inconnus du grand public, mais qui feront peut-être un jour la Une des médias.
Aucune solution n'est donc parfaite, mais celle de la voiture électrique possède bien plus d'avantages que les voitures à moteur thermique. D'ailleurs, la mainmise de la Chine n'est pour le moment que théorique et des solutions innovantes permettront certainement d'éviter cet écueil à terme. La voiture électrique fait déjà la preuve de son incroyable inventivité au service de la mobilité et du respect de la planète. Il est temps de prendre la voiture électrique en marche.
Par Jean Bernard