En partenariat avec l’Observatoire des multinationales, Attac France vient de publier son rapport « Les grandes entreprises françaises, un impact désastreux pour la planète ». Ce document synthétise le bilan des entreprises du CAC40 en matière de justice sociale, justice écologique et justice fiscale, et formule aussi des propositions.En matière de justice climatique, ce rapport montre une tendance générale au Greenwashing. Pour Attac, c’est le cœur même de la stratégie de lobbying menée à Bruxelles par les multinationales françaises. Cette stratégie, rappelle le rapport, avait été dévoilée à l’automne 2018 suite à la fuite d’une note de BusinessEurope. Le danger que fait planer cette stratégie sur le climat est explicite puisqu’elle consiste à s’opposer à toute hausse des ambitions climatiques de l’UE. Au niveau de la déclaration des émissions de gaz à effet de serre, le rapport souligne que la situation n’est pas sans équivoque. Effets d’annonce, objectifs en deçà des engagements pris de la COP21, mécanismes de compensation peu réalistes… Les entreprises du CAC40 cherchent tant bien que mal à dissimuler l’incurie.Les contradictions sont dans la dépendance des entreprises du CAC40 aux énergies fossiles et dans l'investissement important des grands groupes bancaires. Ceux-ci financent massivement les énergies fossiles, comme l’ont déjà montré les rapports d’Oxfam France et des Amis de la Terre en 2018. « Les grandes banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole, Banque Populaire Caisse d’épargne, le Crédit-Mutuel CIC et la Banque Postale) consacraient encore, en 2017, 70% de leurs financements aux énergies fossiles, contre 20% aux renouvelables », analyse ce rapport. BNP Paribas arrive en tête du classement, avec 12,5 milliards d’euros accordés au secteur des énergies fossiles. Les autres banques font pratiquement jeu égal. Au final, 11 milliards ont été accordés par les trois premières banques à des groupes engagés dans le développement de central de charbon entre 2016 et 2018.Enfin, la fiscalité carbone est très injuste car les entreprises les plus polluantes sont les plus exonérées de taxe carbone. Les grandes entreprises polluantes reçoivent leurs quotas d’émissions essentiellement gratuitement. « Les entreprises polluantes et soumises au marché carbone européen profitent d’un prix de la tonne carbone bien plus faible et de facilités auxquels les ménages, artisans et petites entreprises n’ont pas accès », ajoute les auteurs. Pour reprendre la formule employée dans le texte, ce n’est pas le principe du pollueur-payeur, mais plutôt du « pollueur-payé » qui s’applique. Dès lors, les incitations à moins polluer sont inopérantes et l’on constate l’institutionnalisation d’un système de subventionnement des secteurs fortement émetteurs de GES, occasionnant un manque à gagner important pour les finances publiques.Au vu de ce constat, Attac fait une proposition : « Remplacer le marché carbone européen, si dysfonctionnel, instable et spéculatif qu’il ne peut être rendu efficace, par une fiscalité carbone réellement dissuasive sur les sites industriels polluants et par des régulations publiques qui conduisent les entreprises du CAC40 à désinvestir massivement des énergies fossiles et les banques et assurances à ne plus investir dans le secteur. »[MOGED]
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