La crise du coronavirus s’est traduite par le confinement progressif d’une partie de la population mondiale. Cela a commencé en janvier en Asie, plus particulièrement en Chine, et en mars pour l’Europe. Assez rapidement, on a pu observer les effets de ce confinement sur l’environnement. L’activité économique mondiale étant ralentie, les flux routiers et aériens ont fortement baissé, influençant ainsi les émissions de CO2 mondiales.
L’un des premiers effets du confinement a été l’amélioration de la qualité de l’air. A l’échelle mondiale d’abord, une étude publiée dans Nature Climate Change avance que la pandémie aurait entraîné une baisse de 9% des émissions de CO2 (entre le 1er janvier et le 30 avril 2020). En Chine, les scientifiques de la Nasa ont observé une diminution de 10 à 30% des émissions de dioxyde d’azote dans la région de Wuhan, entre le 1er janvier et le 25 février 2020. Ainsi, selon le chercheur François Gemenne, membre du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) la diminution de la pollution atmosphérique aura épargné plus de vies que le virus n’en aura coûté.
En France, le confinement a entraîné une nette amélioration de la qualité de l’air, aussi bien en zone urbaine que rurale. En Ile-de-France par exemple, la circulation a baissé de 90% avec pour conséquence directe une amélioration de la qualité de l’air de l’ordre de 20 à 30%. Mais ce sont les régions Occitanie et Pays de Loire qui détiennent le record, avec une baisse de 70% des concentrations de NO2.
Le confinement a également eu pour conséquences la réduction de la pollution sonore. Ceci est majoritairement dû à la forte réduction des flux aériens et routiers. L’organisme Bruitparif, chargé de mesurer la pollution sonore en Ile-de-France, estime que le niveau de bruit près de certaines voies à Paris intra-muros a chuté jusqu’à 90%. En plus de signifier un confort pour les populations, cette baisse est également bénéfique pour la faune. En effet, la pollution sonore réduit la portée acoustique des animaux, pourtant nécessaire à la recherche de nourriture et de partenaire sexuel, indispensable à la survie des espèces.
Enfin, le confinement a également eu pour effet de permettre à de nombreuses espèces d’évoluer plus librement dans leur environnement. Dans le parc national des Calanques, dauphins, puffins, hérons et fous de bassan ont été observés à de nombreuses reprises. Des dauphins ont également été aperçus dans le port de Sardaigne et les Canaux de Venise. La Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) tient cependant à rappeler qu’il ne s’agit pas d’une dynamique de ré-ensauvagement des espaces. En effet, même si ces phénomènes se sont multipliés, la population était plus susceptible de les observer dans le cadre du confinement.
Cependant, le confinement a également entraîné certains aspects négatifs. Le premier et le plus évident est la hausse considérable de l’utilisation d’internet. En Italie par exemple, Telecom Italia a constaté une augmentation de 70% du trafic internet suite à la fermeture des écoles. En France, le trafic a augmenté de plus de 50% dès les premiers jours du confinement. Internet étant gourmand en énergie et serveurs, cette hausse a provoqué une augmentation des émissions de CO2 du secteur numérique.
Une autre conséquence de cette crise sanitaire réside dans l’accroissement des mauvaises pratiques autour de la fin de vie des masques jetables de protection. En effet, on observe de plus en plus de masques jetés sur les trottoirs, sur les plages, etc. L’association « Opération mer propre » a effectué en mai une sortie à Golfe-Juan, dans les Alpes-Maritimes, et a remonté de nombreux masques jetables et gants. Or, on estime que ces masques mettront près de 400 ans pour se décomposer entièrement.
Un autre aspect plus problématique réside dans l’occultation des sujets environnementaux de l’actualité. Celle-ci a en effet été entièrement dédiée à la pandémie. Les sujets de court terme ont ainsi pris le pas sur les sujets de plus long terme tel que le réchauffement climatique. C’est cette temporalité qui peut se révéler dangereuse pour l’écologie : les sujets urgents et de court-terme sont toujours traités en priorité. Si cela paraît logique, surtout dans le cas d’une pandémie, cela menace les sujets écologiques qui, malgré l’appellation « d’urgence climatique », sont relégués au second plan.
Les difficultés économiques qui feront suite à cette crise sanitaire ne devront pas éclipser les timides avancées qui ont émergé durant le confinement : promotion de l’agriculture locale, de la production Made in France, des commerces régionaux, etc. Cette crise pourrait constituer un déclic et participer à un changement de paradigme en France, plaçant alors la transition écologique au premier plan.
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