Après notre passage chez le coiffeur, nos cheveux sont généralement jetés, sans être valorisés, alors qu’ils sont dotés de propriétés remarquables. Soucieux de l’environnement, le coiffeur varois Thierry Gras décide d’agir sur cette matière organique qu’il travaille tous les jours et qui représente 50% des déchets d’un salon de coiffure. En 2015 il crée l’association Coiffeurs Justes afin de recycler cette matière aux multiples usages possibles.
Chaque salon de coiffure adhérant à Coiffeurs Justes récupère les cheveux coupés et les garde dans un sac biodégradable. À la fin de chaque mois, ce sac est envoyé à l’association, où les cheveux seront utilisés pour aider la planète et lutter contre la pollution. Pour faciliter la récolte, Coiffeurs Justes a également développé en collaboration avec des acteurs locaux l’idée de positionner des containers pour le ramassage des cheveux. Avec ces cheveux, Thierry Gras fabrique ensuite des boudins, notamment destinés à absorber les huiles de surface : les boudins sont placés soit dans les ports soit près des marées noires pour récolter les hydrocarbures de surface et les huiles solaires. Il s’agit d’un procédé très efficace, puisqu’1 kg de cheveux peut aider à filtrer 8 litres d'hydrocarbure.
L’association est également soutenue par des scientifiques, qui recherchent les différentes valorisations possibles des cheveux. Ceux-ci ne sont pas uniquement utiles pour filtrer les hydrocarbures mais peuvent avoir des applications très variées : isolants pour les bâtiments, agents dépolluants sur les bords de routes, engrais, fertilisants, renforçateurs de béton, filtres à eau et air… Cinq ans après sa création, près de 3300 salons de coiffure ont déjà rejoint l’association des Coiffeurs justes, et l’on compte près de 63000 établissements dans l’Hexagone.
L’idée de récupérer et de valoriser les cheveux ne date pas d’hier. Le peuple Mongol récupérait déjà les cheveux en 500 avant J-C pour isoler les yourtes, et les japonais utilisent cette technique depuis des millénaires. Aujourd’hui cependant, à l’heure où les marées noires sont récurrentes, la valorisation d’une telle matière et son utilisation dans la lutte contre la pollution est très intéressante. Récemment, face au désastre écologique occasionné par le naufrage du navire MV Wakashio près de l’Île Maurice, l’association va envoyer 20 tonnes de cheveux afin de lutter contre la fuite des hydrocarbures.
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