Climat et lutte contre la pauvreté
Changement Climatique et Développement,
Consultation sur les priorités de recherches.
Les 22 et 23 Avril 2005, Hôtel AL AFIFA, Dakar, Sénégal.
Co-organisé par Enda « Energie, Environnement, Développement » et Enda LEAD, cet Atelier fera l’état des lieux sur les recherches et les réflexions critiques liées aux interrelations entre changements climatiques et développement. Les discussions devront permettre d’identifier les priorités de recherche et dégager quelques orientations politiques pour les décideurs, dans le souci d’améliorer la capacité des groupes vulnérables à s’adapter et/ou à résister aux effets induits par les changements climatiques.
Les institutions publiques du Sénégal, du Burkina Faso, du Bénin, de la Côte d’Ivoire, du Niger, de même que des ONG, des organismes de recherches et de formation, participeront à cette rencontre.
Face aux changements qui affectent l’environnement planétaire, la communauté internationale a adopté en 1992 un instrument juridique dénommé Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC). En ratifiant cette convention, les parties contractantes s’engagent à mettre en œuvre des mesures visant à réduire les effets néfastes que l’évolution du climat pourrait entraîner sur le fonctionnement des systèmes économiques, la santé et le bien-être des populations et, la composition et la productivité des écosystèmes naturels et aménagés.
La plupart des pays africains ont ratifié la CCNUCC, bien que leur contribution dans le réchauffement de la planète soit très faible. En effet, les taux d’émissions de gaz à effet de serre relevés en Afrique restent négligeables à cause du faible niveau d’industrialisation des pays. Le continent africain dans son ensemble produit moins de 7% des émissions globales et seulement 4% des émissions de CO². Si sa responsabilité dans les émissions de gaz à effet de serre reste limitée, en revanche l’Afrique constitue l’une des régions du monde les plus vulnérables au changement climatique en raison de plusieurs facteurs : sécheresses récurrentes, capacité limitée d’adaptation, forte dépendance de l’agriculture vis-à-vis de ressources en eau limitées et/ou surexploitées, dégradation des ressources des zones côtières, etc. Cette vulnérabilité tous azimuts des pays africains pourrait se traduire par des mouvements de populations sur une large échelle, une instabilité politique liée à l’exacerbation des conflits autour de l’accès aux ressources naturelles, une réduction considérable de la diversité biologique, ainsi qu’une détérioration des zones côtières, suite à l’élévation du niveau des eaux, avec des risques de submersion de terres et un accroissement de la salinité des nappes phréatiques.
Le continent africain ne pourra pas faire face tout seul aux impacts des changements climatiques, alors que les pays développés disposent des ressources humaines et financières, ainsi que des moyens économiques et technologiques leur permettant de s’adapter aux impacts des changements climatiques. Ce décalage entre l’Afrique et les pays développés est d’autant plus préoccupant que ces derniers ne semblent pas disposés à consentir des efforts significatifs pour aider les pays en développement à prendre en charge la question des changements climatiques. Une telle attitude est contraire aux dispositions de la Convention aux termes desquelles les pays africains ne sont censés s’acquitter de leurs obligations (inventaire des gaz à effets de serre, mise en œuvre de programmes portant sur les mesures d’adaptation et d’atténuation des effets des changements climatiques) que s’ils obtiennent un soutien financier et technologique des pays industrialisés. Dans les faits, le compromis sur les mécanismes de flexibilité et le retrait des USA des négociations relatives au Protocole de Kyoto vont entraîner une réduction du potentiel de marché que recèle le mécanisme de développement propre et, par conséquent, une baisse du coût des réductions d’émissions certifiées.
Dans le même temps, on constate que les systèmes de planification en vigueur dans la plupart des pays africains ne permettent pas de prendre en considération les préoccupations liées aux changements climatiques dans les politiques macro-économiques. Il faut rappeler qu’à la suite de l’adoption des programmes d’ajustement structurel, les systèmes de planification ont connu des réformes qui se traduisent essentiellement par la priorité accordée à la restauration des équilibres financiers au détriment de la planification du développement. Parce qu’elle est centrée sur les préoccupations de court terme, la planification exclut le risque climatique son champ d’action. En effet, le risque climatique ne peut être appréhendé qu’à un horizon temporel relativement éloigné par rapport à celui de décisions répondant à une logique d’ajustement financier à court terme.
La dérive du système de planification ne constitue pas le seul facteur à l’origine de cette absence d’articulation de la variable climatique aux autres paramètres de développement économique et social. Ainsi que le constate une note d’information sur la mise en œuvre de la CNUCC en Afrique, «de nombreux responsable africains pensent et affirment qu’ils ne sont pas concernés par les préoccupations liées aux émissions de gaz à effet de serre. Cette attitude trouve son origine également dans le fait que la plupart des problèmes environnementaux qui affectent actuellement le continent africain ont des effets directs et locaux sur les populations» (Enda-tm, 1997) .
Aux yeux des décideurs politiques, le principal défi de l’heure consiste à freiner le processus de dégradation des écosystèmes qui constituent le substrat majeur des potentialités de développement. Les ressources naturelles dont les populations tirent leur subsistance et leurs revenus sont, dans beaucoup de domaines, quantitativement limitées et qualitativement fragiles en raison de la sévérité des conditions climatiques. Pour ces raisons, la priorité est accordée à la restauration des sols, à la reforestation, à la lutte contre les feux de brousse et au développement d’actions et de conditions visant à préserver le patrimoine et à lutter contre sa dégradation. La question essentielle est de savoir comment concilier ces objectifs avec l’exigence de la préservation de l’environnement pour le long terme. Tout en ayant conscience des problèmes que pose la détérioration des écosystèmes, les responsables africains considèrent que la protection de l’environnement ne doit pas constituer une conditionnalité imposée par les institutions de financement et les bailleurs de fonds pour le développement économique de l’Afrique.
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