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Intervention du Secrétaire Exécutif de la Convention sur la biodiversité lors du Conseil des Ministres Arabes de l'Environnement



  • Intervention de M. Ahmed Djoghlaf, Secrétaire Exécutif de la Convention sur la
    Diversité Biologique à la 18ème session du Conseil des Ministres Arabes de
    l'Environnement
    19-20 décembre 2006
    Algérie
    Mesdames et Messieurs les Ministres,
    C’est pour moi un immense honneur que de participer à cette 18e Session du Conseil des
    Ministres Arabes de l’Environnement qui traitera de l’état de l’environnement dans les pays
    arabes et des perspectives de développement durable. J’estime que la participation active des
    gouvernements est d’une importance capitale pour le développement durable et l’atteinte des
    objectifs de la Convention sur la diversité biologique.
    En 2002, lors du Sommet Mondial sur le Développement Durable, tenu à Johannesburg,
    les Chefs d’État et de Gouvernement ont approuvé l’objectif de 2010 visant une réduction
    significative du rythme de perte de la biodiversité à l’échelle mondiale, régionale et nationale, en
    tant que contribution à la réduction de la pauvreté et pour le bénéfice de toutes les formes de vie
    sur Terre. En 2006, une nouvelle ère, caractérisée par une réorientation des activités de la CBD,
    pour passer de l’élaboration des politiques à la mise en oeuvre de la Convention et à la réalisation
    de ses objectifs aux niveaux national et international, est née lors de la huitième Conférence des
    Parties à la CDB qui s’est déroulée à Curitiba au Brésil. Cette nouvelle phase de mise en oeuvre
    accrue requiert l’engagement de toutes les parties prenantes, incluant les gouvernements et la
    société civile.
    Les activités humaines qui ont un impact sur le fonctionnement naturel de notre planète
    menacent sérieusement, et dans certains cas de manière irréversible, les facultés des écosystèmes
    à répondre aux besoins des générations futures. Le rapport « Millennium Ecosystem
    Assessment » souligne que 15 des 24 services fournis par les écosystèmes de la Planète et qui
    contribuent au bien-être de l’Humanité, sont en péril. La seconde édition du « Global Biodiversity
    Outlook », publiée en début d’année, montre que la dégradation des habitats, causée
    majoritairement par l’expansion de l’agriculture et des zones urbaines, constitue l’une des causes
    les plus dévastatrices de la perte de biodiversité depuis le siècle dernier. En outre, la pollution et
    les changements climatiques représentent les causes dont les impacts augmentent les plus
    rapidement.

    Malgré le climat désertique qui caractérise la plupart des pays arabes, la biodiversité y est
    riche. Ainsi, l’Afrique du Nord regroupe 1 129 espèces endémiques de fleurs, 22 de mammifères
    et 20 de reptiles. Les plantes médicinales, aromatiques et toxiques jouent un rôle très important
    dans la vie des populations et sont présentes sous d’innombrables formes. Le Nil constitue un
    corridor de vie exceptionnel traversant le Sahara, le plus grand désert du monde avec ses 8 400
    000 km2. La région arabe du Moyen Orient, berceau de l’agriculture, a donné naissance à 8
    importantes plantes utilisées dans l’agriculture moderne et 4 des 5 plus importantes espèces
    d’animaux domestiques. La biodiversité sous toutes ses formes est donc vitale pour les
    populations arabes. Cependant, elle est menacée par les nombreux facteurs mentionnés
    auparavant, ainsi que par la désertification qui met en péril des écosystèmes déjà fragiles.
    Á Curitiba, pour la première fois, un dialogue ministériel avec les chefs exécutifs de
    compagnies privées a été établi, et la Conférence des Parties a adopté sa toute première décision
    concernant le développement du secteur privé. Cette décision répond au besoin urgent d’intégrer
    la biodiversité aux secteurs économiques et réitère l’appel, fait à Kuala Lumpur en février 2004,
    pour l’inclusion de l’objectif de 2010 au sein des objectifs du Millénaire pour le développement.
    À cet égard, le Secrétaire Général des Nations Unies, M. Kofi Annan, a recommandé dans son
    rapport à la 61eme session de l’Assemblée générale des Nations Unies que l’objectif de 2010 pour
    la biodiversité soient incorporés au 7eme objectif du Millénaire pour le développement. En effet, la
    biodiversité est au coeur du développement économique durable. En Afrique par exemple, les
    matières premières fournies par la Nature sont à l’origine de 92% des revenus totaux provenant
    des exportations. La perte de biodiversité aura donc des répercussions importantes pour le
    développement.
    Durant les dernières décennies, nous avons été témoins d’un phénomène global et
    inquiétant, les changements climatiques. Comme partout ailleurs, la biodiversité des régions
    arabes est menacée par ce phénomène. Le continent africain, qui contribue le moins aux
    changements climatiques, sera le premier à en souffrir : entre 25 et 40 pour cent des habitats des
    espèces endémiques à l’Afrique pourraient disparaître d’ici 2085. Les changements climatiques
    ont été identifiés comme l’un des plus importants phénomènes liés au rythme sans précédent de
    perte de biodiversité sur notre planète. Alors que les diverses ressources biologiques sont
    menacées par les changements climatiques, ces mêmes ressources peuvent contribuer à réduire
    les impacts des changements climatiques sur les populations et les économies nationales. C’est
    dans cet esprit, et pour engendrer une prise de conscience et un passage à l’action à l’échelle
    mondiale, que la CDB propose aux nations du monde de célébrer, le 22 mai 2007, la Journée
    Internationale de la Biodiversité. De plus, l’année 2010, représentant la date butoir pour l’atteinte
    de l’objectif de 2010, constituera l’Année Internationale de la Biodiversité.
    La perte de biodiversité représente une préoccupation commune à tous les peuples de la
    Terre et la réalisation de l’objectif de 2010 requiert des efforts concertés. Voilà pourquoi, en tant
    que Secrétaire Exécutif de la Convention sur la diversité biologique, je souhaite plein succès à
    cette 18eme Session des Ministres Arabes de l’Environnement et j’espère que la biodiversité sera
    au coeur de vos préoccupations et recommandations.
    Je vous remercie de votre aimable attention.
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