Le docteur Nina Fedoroff,
s'est exprimé sur les OGM et le rôle qu'ils seront amenés à jouer pour
nourrir la planète. Le docteur Fedoroff, diplômé en biologie
moléculaire, est membre de l'U.S. National Academy of Sciences et
occupe actuellement le poste de conseiller pour la science et la
technologie auprès du secrétaire d'Etat et du directeur de l'U.S.
Agency for International Development.
La mise au point
d'aliments résistant aux virus, aux maladies, à la sécheresse, à la
salinité des sols est-il la solution pour nourrir l'ensembles des pays
en voie de développement? Pour le docteur Fedoroff, il ne fait aucun
doute que les OGM peuvent apporter des éléments de réponse face aux
problèmes de malnutrition et de famines présents dans de nombreux pays.
Par ailleurs, l'augmentation de la population mondiale et des cultures
destinées aux biocarburants nécessiteront des rendements toujours plus
importants de la part des exploitations agricoles . Les surfaces
agricoles destinées à l'alimentation ne pouvant être augmentées
continuellement sans de graves conséquences pour l'environnement
(déforestation, appauvrissement des sols, utilisation de
pesticides...), le rôle des OGM doit être reconsidéré pour une nouvelle
"révolution verte".
Un OGM, organisme génétiquement modifié,
caractérise tout animal ou plante dont le génome (séquence d'ADN) a été
modifié artificiellement afin d'acquérir des caractéristiques qu'il
n'avaient pas naturellement. Les avancées en matière de biotechnologies
ont permis de développer plusieurs OGM dont le mais BT modifié pour
résister à plusieurs insectes, ou encore le golden rice modifié pour
répondre aux besoins journaliers en vitamines C des populations du
tiers monde. Selon le docteur Fedoroff, ce procédé existe naturellement
depuis des années. Ainsi, la bacterie Agrobacterium Tumefacien,
responsable du développement de tumeurs végétales sur les arbres, agit
naturellement en transférant une partie de son ADN sur celui des
chromosomes de l'arbre.
Si l'utilisation des OGM fait
actuellement l'objet d'une controverse pour des raisons d'éthique
(droit de modifier génétiquement les aliments en terme de répercussions
sur la santé publique), il n'en reste pas moins pour le docteur
Fedoroff, que ces avancées technologiques permettent au contraire de
préserver l'environnement et la biodiversité tout en apportant une
sécurité alimentaire à l'échelle planétaire. Le développement d'OGM
adaptés à chaque environnement permettrait, pour chaque pays ne pouvant
recourir aux pesticides ou à d'importantes quantités d'eau, d'acquérir
l'indépendance alimentaire.
Si les Etats Unis semblent être
favorable à ce procédé, l'Europe oppose au projet le problème de
traçabilité de ces organismes dans le long terme. A cela, se rajoute le
problème de la commercialisation, les OGM étant actuellement le
monopole de quelques grands groupes américains. Interrogée sur le
problème de dépendance des OGM vis a vis de l'industrie agroalimentaire
des Etats-Unis, le docteur Fedoroff a insisté sur la nécessité de
mettre en place un certain quota de surfaces ne faisant pas l'objet
d'intérêts de la part des industries détentrices des brevets d'OGM et
ceci a l'échelle planétaire. De plus, afin de pouvoir s'assurer d'une
bonne utilisation des OGM en terme de santé publique et de préservation
de l'environnement, elle préconise d'uniformiser les normes
d'exploitation et de commercialisation des OGM sur l'ensemble du globe.
Source: Ambassade de France aux Etats-Unis
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19/11/24 à 15h53 GMT