Dans un article publié dans un quotidien du Burkina Faso et intitulé " Pauvreté au Burkina... ", on peut lire cette phrase à propos de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) :
" Ce document projette une croissance économique...sans entamer le patrimoine national qui doit être préservé pour les générations futures. "
La partie soulignée révèle comme de l'ambiguité dans certaines cette SCADD telle que présentée dans cet article. S'il s'agit de raccourci de communication, OK ! Mais si c'est réellement présenté ainsi dans le document, c'est une erreur conceptuelle.
Cette façon de présenter la prise en compte des générations futures et la préservation de l'environnement est facile mais désespérante.
La question du développement est fondamentale pour un pays comme le Burkina Faso. Son déficit ou son incapacité à emmener la grande masse vers un mieux être, pousse la plupart des citoyens à tenter de s'en sortir par des chemins divers et individualistes. Ces chemins passent presque tous par l'utilisation des ressources environnementales, qu'elles soient infinies ou finies, abondantes ou rares, renouvelables ou non. C'est dire qu'en réalité, on ne peut rien faire " sans entamer le patrimoine national ".
En matière de préservation, dans le contexte de notre pays, et dans beaucoup d'autres, ce dont il s'agit c'est comment organiser et maîtriser les mouvements de ressources environnementales (y compris leurs prélèvements) pour les rendre durablement disponibles, et rendre possible la durabilité du développement.
Par ailleurs, ces durabilités recherchées le sont dans un contexte d'émergence de préoccupations universelles, globales, de prise de conscience du nécessaire tutellage. C'est une question d'équité entre les générations : nous sommes comme des tuteurs pour les générations futures et, pour cela, nous devons garder et protéger leur part. Et comment faire accepter et partager une telle exigence par des présents qui, eux-mêmes, n'ont pas le minimum pour vivre dignement ?
Cette part à garder et protéger est virtuelle et non réelle, sur l'instant identifiable et affectable. Si les générations actuelles veulent constituer matériellement l'assurance d'un développement des générations futures, on ne peut éviter le travers de l'inéquité sociale, c'est-à-dire casser précocement un pied au développement durable. En effet, les possibilités actuelles sont différentes d'un pays à un autre, d'un individu à un autre, et réalisées selon les paradigmes actuels, basés sur une pression compétitive sur les ressources environnementales, globalement court-termiste et inéquitables.
Ce qu'il faut, c'est investir en quelque sorte ce qu'on a, c'est-à-dire, redonner systématiquement à la nature les possibilités de reconstituer ce qui lui est pris au jour le jour, de protéger et de cultiver ce qui lui sera pris plus tard.
En conclusion, les formulations synthétiques de certaines approches relatives à l'environnement peuvent les présenter comme irréalistes, brouiller ainsi le message et le dissocier au lieu de le reconcilier avec l'ethos collectif. On s'en blase à force de ne savoir que faire !
En matière de préservation et de tutellage, il s'agit :
· d'optimiser la valorisation des prélèvements effectués, ce qui les réduirait pour le même résultat escompté,
· d'améliorer la productivié du patrimoine environnemental, et
· de cultiver ce qui n'est pas prélevé aujourd'hui, et qui le sera forcement demain.
19/11/24 à 15h53 GMT