La capacité à enrichir un savoir au fil des générations, appelée culture cumulative et qui nous vaut le langage et les technologies, était jusqu'ici tenue pour strictement humaine. Mais des chercheurs du Laboratoire de psychologie cognitive (CNRS/AMU), en collaboration avec des collègues de l'Université d'Edimbourg, ont trouvé que les babouins en sont aussi capables.
Envoyer des sondes dans l'espace, éradiquer certaines maladies... Ces réalisations de l'humanité sont possibles parce que les humains apprennent de leurs aînés et enrichissent ce savoir au fil des générations. Cette propriété cumulative de la culture, qui consiste à accumuler progressivement de petites modifications qui sont ensuite transmises, utilisées et enrichies par d'autres, était jusqu'ici considérée comme l'apanage de l'Homme mais vient d'être observée chez d'autres primates, des babouins.
Certes, des singes comme les chimpanzés apprennent de nombreux comportements de leurs congénères. Cependant, tout se passe comme si chaque individu recommençait à zéro. Au contraire, nos techniques évoluent et s'améliorent d'une génération à l'autre, et elles sont aussi différentes d'une population à l'autre. L'origine de la culture cumulative chez l'homme restait donc un mystère pour les scientifiques, qui cherchent les conditions nécessaires à cette accumulation culturelle.
Pour cette étude, Nicolas Claidière et Joël Fagot, du laboratoire de psychologie cognitive, ont travaillé à la station de primatologie de Rousset (CNRS). Les babouins y vivent en groupe et peuvent à tout moment, de manière volontaire, se présenter devant des écrans tactiles pour jouer à une sorte de « memory ». Pendant une fraction de seconde, l'écran affiche une grille de 16 carrés, tous blancs sauf quatre rouges. Puis, l'image est remplacée par une grille identique mais composée uniquement de carrés blancs, et les babouins doivent toucher les quatre carrés qui étaient précédemment rouges. Dans l'expérience mise au point par les chercheurs, après une période d'apprentissage de la tâche dans laquelle la position des quatre carrés rouges était aléatoire, le memory s'est doublé d'une sorte de « jeu du téléphone arabe » visuel, où une information est transmise d'un individu à l'autre. Dans cette deuxième phase, la réponse d'un babouin (les carrés touchés à l'écran) était utilisée pour générer la grille que le babouin suivant devait mémoriser et reproduire, et ainsi de suite pendant 12 « générations ».
Communiqué du CNRS
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19/11/24 à 15h53 GMT