Fin mars dernier, le Salvador a écrit une page d’histoire en devenant le premier pays au monde à interdire les mines métallifères. Le succès de cette lutte de plusieurs décennies est la preuve que des citoyens peuvent gagner face aux intérêts des multinationales. Voici comment le peuple du Salvador s’est attaqué aux géants de l’industrie minière.
Au Salvador, l’industrie minière a une histoire bien sombre. Des années de politiques de dérégulation en faveur des investisseurs, couplées à une rapide industrialisation, ont entraîné une contamination généralisée des rivières et des eaux de surface, empoisonnant les populations et détruisant les terres agricoles. Il n’est pas toujours possible de rendre l’eau potable, même en la faisant bouillir ou en la filtrant. Une étude environnementale démontrait que le projet de mine de Pacific Rim utiliserait 10,4 litres par seconde, un volume d’eau suffisant pour approvisionner des milliers de personnes.
L’industrie minière a été vendue comme un rêve à la population salvadorienne : une industrie idéale qui allait favoriser le développement, créer des emplois et générer des revenus fiscaux pour financer les écoles et les hôpitaux dont le pays a tant besoin. Le gouvernement a élaboré toute une série de politiques favorables à l’industrie minière, dans le contexte des négociations du Traité de libre-échange entre les États-Unis et les pays d’Amérique centrale (CAFTA). En 2004, le Salvador a signé ce traité, permettant ainsi à des multinationales comme Holcim, Monsanto et Pacific Rim d’intensifier leurs opérations dans le pays. Ces entreprises, soutenues par les élites dirigeantes locales, ont commencé à extraire les ressources naturelles du Salvador pour les exporter. Entre 1992 et 2008, les investissements directs étrangers sont passés de 30 millions à 5,9 milliards de dollars. La majeure partie de cet argent a été investie dans des opérations minières, malgré l’opposition farouche des populations locales.
Le Salvador est un pays petit mais densément peuplé. Pourtant en 2012, le gouvernement avait 22 demandes d’exploration aurifère qui permettraient aux mines d’or de monopoliser 4,23 % du territoire. L’appropriation des terres pour les mines prend souvent la forme d’un accaparement des terres, sans consultation ni compensation véritables.
19/11/24 à 15h53 GMT