Dans son étymologie, la politique est la gestion de la cité ; or gérer c’est prévoir, organiser, c’est agir avec justice et équité. Quels rapports la jeunesse camerounaise a-t-elle avec la politique ? Pour être plus explicite, pourquoi les jeunes ont-ils tant de mal dans leur engagement politique ?
Les causes justifiant la difficulté des jeunes dans leur engagement politique semblent être de deux ordres : les causes lointaines, exogènes et les causes immédiates, endogènes.
Les causes lointaines qui sont aussi exogènes prennent leur source dans le colonialisme en ceci que la culture politique était proscrite dans les colonies. En effet le colon ayant compris qu’un peuple politiquement formé est plus qu’une force, une menace sérieuse pour les gouvernants, a vite fait d’interdire toute velléité d’intérêts, donc de formation politique pour les masses colonisées. Cet héritage, la jeunesse le vit sous forme d’atavisme d’où leur peu d’engouement pour la chose politique.
Le temps aidant avec l’émancipation des peuples colonisés et principalement l’avènement du « vent de l’Est » ont permis de surmonter ce déni d’intérêt politique de sorte que de plus en plus de jeunes veulent politiquement s’engager. Pourquoi peinent-t-ils donc à se faire une place sur l’échiquier politique national ?
Il serait difficile de répondre à cette question si l’on se limite aux discours politiques de la classe gouvernante qui enfume la masse avec des slogans creux et pleins de démagogie tels « la jeunesse est le fer de lance de notre pays ». En réalité, « le faux pompier » et le pyromane sont la seule et même personne ; ceux-là qui appellent la jeunesse à « oser » sont les mêmes qui érigent des barrières de tous genres pour les empêcher d’avoir des ambitions politiques.
La politique dans sa pratique au quotidien requiert beaucoup de moyens et principalement financiers dans un environnement comme le nôtre, où on a fait pourrir les mentalités et imposer pour seule finalité aux consciences « l’argent », oui « l’argent ». N’est respecté que celui qui en a et cela même au sein de nos familles.
Ne pouvant être écoutés que ceux qui ont de l’argent, comment les jeunes peuvent-ils s’imposer en politique alors que les « ainés » se sont bien organisés pour les mettre hors de tous les circuits de production. Toutes les institutions étatiques sont pilotées par des personnes de plus de soixante-dix ans, alors que les jeunes dans leur majorité sont condamnés au chômage et à la quête de la survie ; La politique dès lors apparaît comme un luxe que ne peut s’offrir cette jeunesse qui a du mal à trouver son « gari » au quotidien.
Bien plus, pour pérenniser cet état de fait, les gouvernants ont donné une formation au rabais à la jeunesse, afin de réussir leur plan machiavélique de division de la jeunesse : on voit ainsi naître des fans clubs partout où des jeunes prétendument formés sont réduits au rang des laudateurs de ceux qui pillent le pays. On chante la louange de celui ou de ceux qui ont empêché une formation acceptable de la jeunesse, de ceux qui privent la jeunesse de l’emploi, de ceux qui vont jusqu’à dénier à la jeunesse la capacité de raisonner et de choisir.
Dans ce décor on ne peut plus sombre, il existe des lueurs d’espoir. Même s’ils sont minoritaires, certains jeunes commencent à comprendre et deviennent au jour le jour, des relais de la conscientisation pour toutes les masses populaires. Il n’est plus loin, le temps où la jeunesse va se décider à prendre son destin
19/11/24 à 15h53 GMT