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Genre et marché du travail : le parcours des jeunes femmes de la capitale malgache



  • De manière générale et par traversée des époques, la femme a longtemps été sujette à des stéréotypes à la limite de l’absurde, surtout dans le domaine du marketing et du commercial. Ainsi, on peut voir sur des affiches ou des spots, des publicités de vaisselle, de lessive, d’alimentaire, de produits cosmétiques etc. représentés par de femmes. Certes, la tendance actuelle accueille plus d’hommes cependant cela reste encore limité. Mais ça, tout le monde le sait : en effet, cela reste valable tant dans les pays développés que les moins avancés, Madagascar en faisant partie. Ce qu’on sait moins par contre, c’est le fait que ces domaines stéréotypés au féminin ont évolués avec le temps, les villes et surtout les tendances économiques.

    A Antananarivo, par exemple, chaque année de nouveaux diplômés universitaires sortent par milliers. Ces jeunes doivent donc impérativement participer à la vie active, entrer sur le marché professionnel. Le problème récurrent qu’on rencontre à chaque fois pourtant c’est le taux faible des offres d’emplois pour cette catégorie de personnes.

    La grande majorité des jeunes Malagasy ont suivis des études « parachute » - comme on se plaisait à qualifier cela à l’université – dont les métiers s’y afférents saturent complètement dans la capitale. Ce sont ces études issues des filières générales de droit, d’économie ou de gestion. A moins d’avoir des expériences professionnelles concluantes ou des attributs exceptionnels dans le domaine, le nouveau diplômé ne peut espérer prétendre à un poste encourageant répondant à sa filière de départ. Aussi, la plupart de ces jeunes gens doivent se « recycler » dans une autre voie pour prétendre à un emploi correct. C’est pourquoi dans la capitale, on rencontre des chauffeurs de taxis diplômé d’un master en macroéconomie, des vendeuses de magasins ayant un DEA en droit privé, des agents de nettoyage des rues de la ville qui ont une maîtrise en relation internationale etc. Autant de personnes ayant des métiers peu considérés par la société malgache, qui ont en fait plus d’années sur les bancs que 60% des Malagasy.

    Toujours dans le même axe, on s’est aperçu que les jeunes hommes accédaient plus facilement à des postes de haut niveau dans une entreprises privées[1] que les jeunes femmes. Néanmoins, les jeunes filles avaient plus de capacités d’adaptation[2] : c’est-à-dire que si les marchés s’attachant à leurs études étaient saturés, elles se résignaient vite et trouvaient un emploi qui n’aurait peut-être rien à voir avec leur cursus estudiantin mais où elles pourraient aisément gagner autant.

    Les jeunes diplômés doivent donc, dans la majorité des cas, s’employer dans un métier qui n’a rien à voir avec leurs études, mais qui peut en faire gagner tout autant. Ceci s’est intensifié depuis les crises politico-économiques successives que connait le pays depuis 2002. L’instabilité et l’insécurité ont poussé les gens – en particulier les jeunes femmes – à chercher tout ce qui peut les faire sortir la tête de l’eau : tout travail bien rémunéré, était bon à prendre car il y avait – et « a » encore - beaucoup de concurrences pour plusieurs demandes et pourtant très peu d’offres de travail.

    Finalement, en matière de genre, ces conditions du marché du travail favorise l’insertion professionnelle des femmes dans des domaines auparavant strictement réservés aux hommes.

     

    [1] Données officieuses des datas de l’EDBM en 2014, acquises par un stagiaire rattaché aux ressources humaines de l’agence

    [2] Rappelons cependant que cette aptitude est assez récente. En effet, si on se base sur les études de certains thésards malgaches de l’époque (comme A. RANDRIANTSITOHAINA 1999 ; et M. AKO TOHIZY 2000) il s’avère qu’auparavant, les filles malgaches (16 à 24 ans) avaient du mal à se mouvoir dans le domaine professionnels, chose que les garçons Malagasy faisaient aisément car sur eux reposaient les espoirs et la subsistance de leur famille. Cette considération du garçon face à la fille s’est peu à peu dissipée avec le temps, surtout chez les familles plus modernes, moins ancrées dans la tradition.

    [MOGED]

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