La Compensation territoriale©, est une notion qui fut déposée à l'INPI en 2010 par Messieurs Alain Laurent (TER_RES), Pascal LLuch (aujourd'hui décédé), et Jean-Pierre Lamic, Président fondateur de l’Association des Voyageurs et Voyagistes Éco-responsables, et auteur de plusieurs ouvrages consacrés au tourisme durable.
Elle est née des constatations suivantes : la compensation carbone propose de compenser là-bas ce qui a été consommé ici, elle n’évite pas les émissions de CO2, elle sert souvent d’argument marketing, tandis que les actions mises en œuvre sont assez souvent discutables, notamment celles liées aux projets de reforestation.
C’est pourquoi nous avons instauré cette notion, plus proche d’un tourisme se voulant solidaire, beaucoup plus en rapport avec les territoires et leurs réels besoins, parmi lesquels, en priorité, ceux des populations locales.
Cependant, ce qui la différencie du tourisme solidaire, c’est qu’elle est encadrée et organisée par des experts reconnus et indépendants, regroupés au sein d’un Comité scientifique.
Cela permet d’éviter la juxtaposition d’actions pouvant être non coordonnées, et de créer des disparités entre des communautés que l’on aide, voisines d’autres qui ne reçoivent aucun soutien ; cas que l’on rencontre assez fréquemment en Afrique ou en Haïti par exemple.
Le rôle du Comité d’experts
Le Comité d’experts travaille en partenariat avec les institutionnels au niveau des régions, des provinces, d’un pays (si ce mot recouvre une réalité territoriale), voire des communes, et peut être amené à gérer des budgets conséquents, puisque ses principales ressources proviennent du prélèvement imposé auprès des gros opérateurs touristiques, ou d’une contribution volontaire de la part des plus « responsables » d’entre eux.
Les actions à mettre en œuvre sont décidées en fonction de divers critères :
Les besoins, l’urgence, l’ampleur des retombées microéconomiques connexes, la diversification, la création d’emplois pérennes, la nécessaire réparation de dégâts, la mise en place de solutions pour éviter des dégradations occasionnées par des opérateurs touristiques, la création d’une activité utile pour éviter la déshérence d’un territoire, la réponse à une crise, etc.
Voici des exemples concrets :
1er exemple :
La vallée de la Tarentaise accueille depuis des années près de 8 millions de touristes par an, avec plus de 30 millions de nuitées.
Là où jadis les versants Nord étaient dévolus à l’établissement de vergers, souvent disposés en terrasses, il n’existe plus de production de fruits, ni d’ailleurs de légumes…
Les terres portant ces anciens vergers sont en friche. Les biefs qui apportaient l’eau depuis la montagne se trouvent à l’état d’abandon, ou servent dorénavant à alimenter les enneigeurs artificiels.
Le stère de bois coûte plus de 80 euros non livré, bois qui provient pour la plupart du Jura…
Par conséquent, les fonds collectés auprès des gros opérateurs - souvent étrangers – pourraient servir à l’achat ou la location de ces terres en friche.
Après rénovation des terrasses, des sentiers et des biefs, un magnifique patrimoine actuellement à l’abandon, les experts de la Compensation territoriale© auraient les moyens d’octroyer une aide pour que de jeunes producteurs s’installent et cultivent localement ce dont la population, comme les visiteurs ont besoin… ; tout en créant une filière de bois de chauffage local, obtenu à partir du déboisement nécessaire à la remise en état des terres cultivables.
Ainsi, seraient créés des emplois pérennes, tout en économisant de nombreuses émissions de gaz à effet de serre sur l’acheminement des fruits et légumes, qui aujourd’hui proviennent de lointaines contrées : Sud de l’Espagne, Équateur, Chili, ou ailleurs…, et du bois !
Une telle action permettrait, en outre, de préparer l'après "âge de l’or blanc" sur lequel la vallée a misé, de manière quasi exclusive, depuis une cinquantaine d'années.
Pourtant les effets du réchauffement climatique nous rappellent chaque jour un peu plus, l’urgence de changer de paradigmes économiques…, et de préparer une indispensable diversification des activités...
2ème exemple :
Afin de créer une offre de séjours écoresponsables sur un territoire en déshérence, un opérateur de voyages, un guide, un office de tourisme, une mairie, etc., constate qu’il manque un ou des éléments constituant la chaîne de prestataires indispensables à ce projet, comme par exemple :
Un hébergement adapté - pas nécessairement en dur, pouvant être éco construit, - un prestataire de location d’ânes, des producteurs locaux…
En faisant appel aux experts de la Compensation territoriale©, cette entité pourrait être aidée à résoudre ce ou ces problèmes, pour favoriser la création du ou des élément(s) manquant(s).
Nous voyons bien partout que le privé auquel tout a été sous-traité ne s’établit que sur des activités rentables…, et que dès lors que l’une d’elles ne l’est pas dès l’origine, et qu’il manque un maillon de la chaîne, c’est tout le potentiel créatif des petits opérateurs de voyages ou des communes qui se trouve bloqué…
3ème exemple :
Une communauté locale dont le modèle économique, basé sur l’agriculture ou l’élevage, est devenu aléatoire en raison du réchauffement climatique, souhaiterait pouvoir développer une activité touristique complémentaire afin de se diversifier.
Mais elle ne dispose pas des ressources suffisantes pour investir dans les infrastructures nécessaires, ni des savoir-faire requis.
S’ils jugent la démarche justifiée, les experts de la Compensation territoriale© pourront aider aux aménagements et / ou formations nécessaires.
4ème exemple :
Un Tour-opérateur international et exogène génère d’importants désagréments ou de notoires dégradations sur un territoire donné (ils sont nombreux en Tarentaise, mais également partout où le tourisme balnéaire est fortement implanté dans le monde).
Les bénéfices de leur activité repartent souvent loin de là où ils opèrent, et ne profitent en rien aux territoires qu’ils exploitent, à l’exception des revenus immobiliers (allant donc à ceux qui possèdent…), et aux acteurs du secteur de la construction (quelques grosses sociétés)…
Les experts de la Compensation territoriale© interviendront afin de chercher les solutions au(x) problème (s) généré (s) par ce tourisme exogène, pour permettre aux populations locales de vivre dignement sur leur territoire, et aux saisonniers de disposer de revenus, conditions de travail et de logements, convenables.
Ils travailleront notamment sur l’ancrage territorial du Tour-opérateur, son acceptation par les habitants, ce qui implique généralement une totale réorientation de son modèle économique productiviste.
Il sera alors nécessaire d’impliquer entièrement les institutionnels locaux, mais également de lutter contre les très fréquents conflits d’intérêts à ce niveau…
Par conséquent, la Compensation territoriale© constitue un levier important dans le tourisme responsable, durable ou soutenable, puisqu’elle permet d'aider les acteurs et habitants des territoires, ou les institutionnels, à mettre en place une activité microéconomique basée sur le tourisme, et / ou à la réparation éventuelle de dégâts occasionnés par l’exploitation touristique non contrôlée et le surtourisme.
Ainsi, les acteurs des territoires concernés (du Sud, comme du Nord) en sont les principaux bénéficiaires.
Les actions engagées dans le cadre de la Compensation territoriale© leur permettent de vivre dignement d’une activité touristique, organisée, contrôlée, et soutenable, générant de nombreux emplois connexes sur le territoire concerné.
En France, la Compensation territoriale© permettrait de reprendre la main, sur un aménagement du territoire irrationnel, abandonné depuis les lois de décentralisation, souvent sous traité au privé, notamment via les délégations de "service public"...
Pourquoi la Compensation territoriale© constitue-t-elle le meilleur outil de lutte contre le greenwashing ?
Reprenons l'exemple de la Tarentaise :
Aujourd’hui, le Club Med y possède 9 centres ou Resorts selon le terme utilisé dorénavant...
Val Thorens, La Plagne 2100, Aime la Plagne, Peisey-Vallandry, Les Arcs Panorama, Les Arcs Extrême, La Rosière, Tignes, Val d'Isère.
Combien de fruits et légumes doit-il importer pour nourrir en hiver et souvent en été, les milliers de Gentils Membres qu'il accueille chaque semaine ? Le chiffre correspondant, reporté sur une année a tout lieu d’être exorbitant !
Or le Club Med a entrepris de nombreuses démarches pour faire valoir sa responsabilité…, sans que sur le terrain, l’on puisse observer d’améliorations notoires !
De plus, ces certifications opaques ou labels sans critères contraignants n’atteignent absolument pas les villégiateurs… ; de plus ils coûtent cher !
Par conséquent, le Club Med aurait tout intérêt à participer à la Compensation territoriale©. Ainsi, pourrait- il profiter à terme, et directement, de sa contribution à la mise en place d'une production locale de fruits et légumes, de saison, et de qualité !
Plutôt que de manger des ananas provenant de l’autre côté de la planète, ou des bananes aspergées de pesticides par avion, le GM pourrait savourer les fruits du territoire : Framboises, myrtilles, cassis, groseilles, pommes, poires, cerises, produites localement sur des terres très propices à ces plantations !
Ceci constitue d’ailleurs déjà une demande, et deviendra peut-être une exigence dans un avenir proche, voire dès la reprise d'après Covid19 !
En outre, aider les territoires de cette manière permettrait aux opérateurs de tourisme d’être mieux acceptés par les populations locales et d’éviter les rejets tels que ceux qui se sont exprimés à propos de l’implantation des nouveaux « resorts » du Club Med à La Rosière, Tignes, ou Valloire !
Ceux-ci pourraient, de manière crédible, s'enorgueillir et communiquer à propos de cette participation à la microéconomie locale !
Elle représente également la meilleure des solutions en matière de tourisme durable ou soutenable
La Compensation territoriale© permet des relations de type gagnant-gagnant, mais également de valoriser le bon sens, que l'on semble avoir perdu..., il s’agit donc de l’une des toutes meilleures réponses à apporter dans le tourisme au sortir de cette crise.
De plus, contrairement aux propositions entendues ici ou là, elle possède l’immense avantage de ne pas coûter un sou au contribuable…
Alors, on se lance ?
Mais attention ! La Compensation territoriale© n'est pas une notion récupérable à des fins de greenwashing !
Nous avons vécu cela en 2012, avec celui que nous avions sollicité pour tester sa possible mise en œuvre !
Aujourd’hui, nous y veillerons de manière très attentive !
Un comité scientifique est d’ores et déjà en cours de constitution…, et une action de grande ampleur est sur le point de voir le jour !
19/11/24 à 15h53 GMT