Lac de barrage situé dans la région du nord-Cameroun, sur le fleuve Benoué, Lagdo est en mode repos biologique (arrêt de la pêche pendant la période de reproduction des poissons), depuis le 1er juillet 2020.
Durant cette période décidée par les autorités administratives, qui va jusqu’au 30 septembre 2020, toute activité de pêche est strictement interdite sur cette retenue d'eau qui génère, pour l’essentiel, le poisson (carpe, capitaine, silure, congre et poisson ‘’longue bouche’’) destiné aux consommateurs du Nord.
Selon les responsables du ministère de l’Élevage, de la Pêche et des Industries animales (MINEPIA) du Cameroun, cet arrêt de la pêche est à l’origine de la pénurie de poisson décriée par les populations de la ville de Garoua et environs.
D’après les estimations du premier semestre de l’année en cours obtenues auprès des responsables de la délégation régionale du MINEPIA pour le Nord, la production de poisson à Lagdo tourne autour de 9700 tonnes.
Un curieux tour au marché du poisson de la ville chef-lieu de la région du Nord permet de se rendre compte que les étals, bien fournis avant juillet, sont quasi vides. Et selon les quelques vendeurs trouvés sur place, leurs collègues ont tôt fait de changer l’activité, le temps de laisser passer cette période d’hibernation en phase avec les exigences liées à la sauvegarde de la biodiversité.
C’est à peine si on aperçoit des commerçants qui proposent des silures ou encore des carpes d'eau douce de la Benoué aux acheteurs, qui pour la plupart repartent bredouilles, car les prix sont exorbitants.
«3000-3500 pour un tas de silures qui habituellement coûte 2000 Fcfa voire moins. Mieux je cherche autre chose à aller préparer pour ma petite famille…», lâche Aïssatou Awa du quartier Foulbéré.
Selon les experts, le repos biologique instauré chaque année du 1er juillet au 30 septembre à Lagdo depuis 2013 a pour objectif de protéger les ressources halieutiques de la zone du barrage, de permettre une bonne reproduction des poissons et la croissance des alevins.
Il est toutefois à regretter que pendant cette période de 3 mois, selon les autorités de la ville, la pêche frauduleuse et la contrebande de cette denrée alimentaire très prisée par les populations monte, du fait des pêcheurs sans foi ni loi, en puissance.
«À la délégation régionale du MINEPIA pour le Nord, un dispositif de riposte a été mis sur pied pour freiner les ardeurs des contrevenants et amener les populations à respecter le repos biologique qui est indispensable pour assurer la survie et la pérennité des ressources halieutiques», rassure heureusement Félix Moukam Djamassom, chef de service régional des pêches, de l’aquaculture de la région du Nord, pour tranquilliser les consommateurs qui ne savent plus à quel saint se vouer.
En attendant la relance des activités de pêche à Lagdo (début octobre), les ménagères de Garoua sont appelées à se rabattre sur consommation de la viande (poulet, mouton, chèvre, bœuf…) et les légumes.
28/02/24 à 08h28 GMT