Depuis le 28 août dernier ce jusqu’au 2 septembre, 450 jeunes leaders des régions du monde les plus affectées par le climat sont en conclave à Beyrouth au Liban, dans le cadre d'un camp pour la justice climatique. Originaires de près de 100 pays du Sud, ils élaborent des stratégies et des revendications, appelant les décideurs de la COP28 (qui se tient du 30 novembre au 12 décembre 2023 à Dubaï aux Emirats arabes unis; ndlr) et au-delà, à mettre en œuvre un cadre d'actions climatique équitable. Face à la crise climatique qui sévit à l’échelle mondiale, les participants échangent sur les connaissances, développent des demandes et mènent des conversations avec les décideurs dans des contextes à la fois locaux et globaux.
Plus de 100 ateliers animés par des leaders locaux, des organisateurs et de jeunes acteurs du changement couvrent des sujets tels que le financement, les pertes et dommages, l'adaptation climatique et l'élimination progressive des combustibles fossiles. L’objectif est de construire des réseaux climatiques à travers le Sud global qui peuvent travailler en synergie, pour faire pression pour un changement politique sur le long terme.
Le Camp pour la justice climatique qui se tient au Liban est rendu à la deuxième édition. La première a eu lieu du 26 au 30 septembre 2022 à Nabeul (Tunisie). Plus de 40 organisations locales et mondiales ont travaillé en collaboration cette année pour rassembler les acteurs de la lutte contre le changement climatique. « Nous sommes maintenant dans l'œil du cyclone. Les crises que nous craignions autrefois s'accumulent et se nourrissent les unes des autres, tandis que les paysans, les pauvres et les peuples autochtones paient de leur vie le fait que les riches et les privilégiés ignorent le problème en question. Il arrive un moment où l'on répète les erreurs de l'histoire si souvent et à une telle échelle que l'on ouvre un nouveau portail de graves erreurs », a indiqué Ayisha Siddiqa, défenseure pakistanaise des droits de l'Homme et des droits fonciers, conseillère en matière de climat auprès du Secrétaire général des Nations unies.
La faute aux combustibles fossiles
Les régions du Moyen-Orient, qui retiennent le moins l'attention selon cette dernière, figurent parmi les régions les plus pillées et les plus touchées de la planète, dans la mesure où elles ont d'abord payé les combustibles fossiles de leur vie et le paient aujourd'hui par la sécheresse, les inondations et la faim. Fatima-Zahrae Tarib, du Maroc, jeune défenseure du climat et étudiante en sciences politiques, fait observer ce qui suit : « Au cours de mes années de travail pour la justice climatique, je me suis souvent retrouvée seule ou parmi très peu de personnes de la région du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord, principalement en raison de l'absence d'un réseau régional de jeunes établi pour nous unir. Lors du premier Camp pour la justice climatique, j'ai eu l'occasion de rencontrer d'autres personnes actives dans le domaine du climat et de tisser des liens solides avec elles. Un an plus tard, nos relations se sont développées, nos réseaux se sont étendus, et nous travaillons ensemble et inspirons plus de jeunes de notre région à exiger une action climatique ».
L’égyptienne Kenzie Azmi, par ailleurs chargée de campagne à Greenpeace Moyen-Orient et Afrique du Nord, enfonce le clou. « Les communautés du Sud mondial sont confrontées à des défis sociaux, sanitaires et économiques sans précédent, alors que les facteurs du changement climatique ne font qu'aggraver les injustices historiques. Ceux qui vivent dans les régions de première ligne sont ceux qui souffrent le plus d'une crise à laquelle ils ont le moins contribué ». A son avis, le problème se trouve au niveau des combustibles fossiles. « L'industrie des combustibles fossiles est à l'origine de l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes, ce qui a un impact disproportionné sur les communautés, en particulier dans les pays du Sud, qui ne sont pas en mesure de les atténuer ».
Le salut de l’environnement passe par une solidarité agissante et une action mondiale
Face à ce tableau peu reluisant, Kenzie Azmi est d’avis qu’il faut une solidarité agissante et une action mondiale pour le rétablissement et la survie, qui inclut le financement des pertes et des dommages, ainsi qu’un changement de système qui accélère une transition équitable et juste des combustibles fossiles vers les énergies renouvelables. A cet effet, le solaire et l'éolien constituent des pistes à explorer comme opportunités durables.
19/11/24 à 15h53 GMT