Le secrétaire général du ministère camerounais de l’Environnement, de la Protection de la Nature et du Développement durable (MINEPDED), Pr. Paul Tchawa, a procédé le 29 juillet 2024 à Douala, au lancement officiel de la deuxième phase de l’initiative pour la biodiversité et le développement durable (BIODEV), définie pour la décade 2020-2030 au bénéfice du Cameroun, afin d’enrayer le déclin de la biodiversité d’ici 2023 et restaurer la biodiversité d’ici 2025. Le projet lancé en 2020 dans 16 pays pilotes, dont le Cameroun, a pour mission de promouvoir un dialogue multi-acteurs basé sur la science, mobilisant tous les acteurs (Etats, secteur privé, organisations de la société civile, peuples autochtones et communautés locales) autour de la gestion durable de la biodiversité. La première phase du projet (2019-2023) a permis d’instaurer une vision nationale commune et d’identifier les deux secteurs les plus impactant sur la biodiversité au Cameroun, soit l’agriculture et les infrastructures et des pistes d’engagements concrets pour transformer les pratiques productives dans ces deux secteurs.
« Les résultats probants de la première phase ont conduit à une seconde phase de cette initiative dont l’objectif est d’une part, d’accompagner les pays bénéficiaires dans la révision des instruments de politiques publiques sectorielles pour favoriser le changement. D’autre part, d’aider les acteurs à définir les changements de pratiques nécessaires à travers les projets de territoires pilotes, en vue de la mise en œuvre efficace du Cadre Mondial de la Biodiversité Kunming-Montréal adopté en décembre 2022 à Montréal au Canada », a souligné le Pr. Tchawa. Après cet engagement mondial, le Cameroun a défini une batterie de mesures pour la mise en œuvre de cet accord, à travers le processus de révision de la deuxième version de la Stratégie et Plan d’action national de la biodiversité (NBSAP II). Ce processus, martèle le secrétaire général du MINEPDED, « permet à notre pays non seulement de s’arrimer au Cadre Mondial Kunming-Montréal mais aussi à la Stratégie Nationale de Développement à l’horizon 2030 (SND-30) ».
La mise en œuvre du Cadre de Kunming-Montréal (Canada) comme feuille de route
L’objectif de la deuxième phase du projet BIODEV 2030 (2024-2026) est de consolider les acquis de la première phase et de contribuer à la mise en œuvre du Cadre de Kunming-Montréal (Canada), grâce à l’adoption de pratiques productives respectueuses de la biodiversité, à travers l’atteinte des trois sous-objectifs. Au niveau national, il est question d’accompagner la révision des instruments de politiques publiques sectorielles pour favoriser le changement. Au niveau de territoires pilotes, l’enjeu est d’aider les acteurs à définir les changements de pratiques nécessaires et les projets associés. Au niveau international enfin, l’accent sera mis sur le développement des capacités des acteurs en matière d’intégration et de financement des projets biodiversité.
Il est davantage question d’informer les acteurs clés quant aux objectifs et résultats attendus dudit projet, grâce à une approche de dialogue destinée à en faciliter l’appropriation et la mise en œuvre rappelant les résultats de la première phase et assurant une compréhension commune des étapes clés de la phase II. Le but étant de favoriser l'engagement continu des parties prenantes et le développement de partenariats, de mobiliser les acteurs du secteur privé pour partager des expériences et des bonnes pratiques, tout en facilitant le partage des connaissances en mettant en valeur les succès et les meilleures pratiques en matière d’intégration de la biodiversité dans les pratiques productives.
« Notre objectif est de favoriser l'engagement continu des parties prenantes et le développement de partenariats, de mobiliser les acteurs du secteur privé pour partager des expériences et des bonnes pratiques, tout en facilitant le partage des connaissances et en mettant en valeur les succès et les meilleures pratiques en matière d’intégration de la biodiversité dans les pratiques productives et de développement », a déclaré le directeur pays de WWF-Cameroun, Alain Bernard Ononino. Il abonde dans le même sens que le SG du MINEPDED pour qui la lutte contre la tendance à la perte de la biodiversité nécessite des actions locales fortes et concertées. A travers le lancement de la phase 2 de BIODEV 2030, WWF-Cameroun réaffirme son engagement envers un avenir où la biodiversité prospère, où les écosystèmes sont résilients et où les communautés sont autonomisées. L’idée étant de créer un héritage durable pour les générations futures, soutient Alain Bernard Ononino. Faut-il préciser que l’atelier a été organisé par le MINEPDED, avec l’appui financier de l’Agence Française de Développement (AFD), sous l’assistance technique d’Expertise France et du Fonds Mondial pour la Nature (WWF) Cameroun.
La biodiversité du Cameroun, un miracle écologique
Le projet BIODEV 2030 a la particularité d’adresser des problématiques qui menacent la biodiversité camerounaise reconnue comme l’une des plus fascinantes dans le monde. Pour preuve, l’évaluation nationale de la biodiversité et services écosystémiques validée en janvier 2022 indique que le Cameroun dispose de 92% de types d’écosystèmes d’Afrique. Il accueille de nombreuses espèces emblématiques et endémiques parfois menacées, comme les gorilles de plaine, les éléphants de forêt. Le Cameroun est également le refuge de plus de 9000 espèces végétales identifiées et de plus de 271 espèces animales endémiques. Le pays abrite en outre le plus grand nombre (61%) des espèces fauniques et floristiques menacées d’extinction et en situation critique des forêts guinéennes de l’Afrique de l’Ouest. L’on y retrouve 894 espèces végétales menacées et 166 espèces en danger critique. Au même moment, fait observer le Pr. Tchawa, 80% de la population rurale dépend de la biodiversité et des services écosystémiques pour son alimentation et sa santé.
La réunion technique des experts tenue le 30 juillet 2024 a permis de définir des axes stratégiques pour mieux adresser le déclin de la biodiversité. Les travaux étaient co-présidés par l’inspecteur général du MINEPDED, Pr. Barthélémy Ndongo et le point focal national de la Convention sur la Diversité biologique (CDB) par ailleurs conseiller technique numéro un du MINEPDED, Joséphine Thérèse Beyala Epse Eloundou. Les participants ont recommandé l’intégration systématique d’un « plan biodiversité » dans les documents de mise en œuvre des projets de développement. Des réflexions seront ainsi menées pour l’élaboration d’un référentiel du plan biodiversité et une meilleure prise en compte de la biodiversité dans les IPPS. Dans la même veine, le paysage TRIDOM où WWF-Cameroun mène déjà des activités de conservation et de mitigation des activités ayant une forte empreinte sur la biodiversité a été proposé et retenu comme territoire pilote, avec pour alternative celui de Campo Ma’an.
09/12/24 à 13h08 GMT