En juillet 2003 à Maputo,
les chefs d'Etat africains avaient pris des engagements destinés à booster à
moyen terme l'évolution du secteur. Dix ans après les résultats sont loin
d'être reluisants. A ce jour, moins de 10% des 54 Etats que compte l'Afrique
peuvent se targuer d'avoir alloué 10% de leur budget au secteur agricole.
Dans la plupart des régions du
continent, l'on n'est encore loin du compte. Pourtant les chefs d'Etats avaient
été suffisamment clairs dans leur déclaration de Maputo : " Nous,
Chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine réunis en la deuxième session
ordinaire de notre Conférence du 10 au 12 juillet 2003 à Maputo (...) déclarons
notre engagement à redynamiser le secteur agricole, y compris l'élevage, les
ressources forestières et les pêcheries par l'introduction de politiques et
stratégies spécifiques au profit des petites exploitations traditionnelles des
zones rurales (...) ; mettre d'urgence en oeuvre le Programme détaillé pour
le développement de l'agriculture en Afrique (PDDAA) et les projets pilotes
prévus et les Plans d'action évolutifs pour le développement agricole aux
niveaux national, régional et continental. A cette fin, nous convenons
d'adopter des politiques saines de développement agricole et rural et d'allouer
chaque année au moins 10% de nos budgets nationaux à leur mise en oeuvre, dans un
délai de cinq ans (...). "
Le Burkina,
%u2018'bon élève''
Néanmoins, sur cette question de la mise en oeuvre des engagements
de Maputo, quelques progrès sont enregistrés dans l'espace CEDEAO, notamment
avec des pays comme le Burkina, le Niger, la Guinée, le Sénégal ou le Mali.
Dans ces pays que l'on pourrait qualifier de %u2018'bons élèves'', les
budgets alloués au secteur agricole ont avoisiné ou dépassé la barre symbolique
des 10%.
Mieux, des Etats comme le Burkina Faso, considéré comme le
" champion de Maputo ", n'ont pas attendu 2003 pour commencer à
allouer des ressources importantes au secteur agricole. En effet, dans les
années 1990, l'agriculture recevait en moyenne 15% des budgets des Etats en
Afrique subsaharienne. Ainsi, en 1996, le Faso a consacré jusqu'à 30% de ses
ressources à l'agriculture.
Mais, cet attachement des pouvoirs publics au secteur agricole a
fait long feu au point que Maputo s'est révélé salutaire pour la relance des
investissements dans l'agriculture.
" En 2003, les Chefs d'Etat Africains ont suscité de nombreux
espoirs en remettant l'agriculture au coeur de l'agenda politique
continental ", note à juste titre Aliou Ibrahima, secrétaire général de
l'Association pour la Promotion de l'Elevage au Sahel et en Savane (APESS).
Mais, ces espoirs suscités par Maputo ont été de courte durée.
Même en Afrique de l'Ouest. Si les Etats sahéliens peuvent être considérés
comme %u2018'bons élèves'', il n'en est pas de même pour des pays côtiers comme le
Nigéria. Ce pays figure parmi les Etats les moins avancés dans le classement
selon la norme de Maputo, avec à peine 2% de son budget national dédié au
secteur agricole, cela en dépit de l'importance de sa population estimée à 150
millions d'habitants.
" Aller au-delà des 10% de budget "
Respecter les 10% dans l'allocation des ressources budgétaires
n'est pas la panacée pour assurer le développement du secteur agricole sur le
continent. En tout cas, c'est le constat qu'ont fait des organisations non
gouvernementales du secteur en Afrique de l'Ouest que sont OXFAM, Billital
Marobe, Poscao, IPAR, RACAO, APESS, WILDAFF.
Leur constat : " Une analyse des investissements
effectués ces dernières années au Niger et au Burkina Faso informe sur la
qualité de la dépense publique et la capacité de ces pays à utiliser pleinement
les rares ressources disponibles.
Au Niger, " le fait le plus marquant sur toute la période
2003-2007 reste le faible niveau d'exécution du budget du Ministère de
l'Agriculture, avec des réalisations évaluées à 107 milliards de francs CFA sur
des prévisions de 154 milliards de francs CFA... La tendance est à la baisse
depuis 2004 où le taux d'exécution a atteint les 99% ". (...)
Grégoire B. BAZIE, Lefaso.net, publication initiale le11 juillet
2013
Source : de la campagne CULTIVONS en Afrique de l'Ouest
lancée par Billital Marobe, Poscao, IPAR, RACAO, APESS, WILDAFF et OXFAM