Selon l’Agence Européenne pour l’Environnement, « près de 40% de la population mondiale vie sur le littoral », soit à moins de 60 kilomètres des côtes. Avec cette répartition démographique, on comprend mieux le danger que peut représenter la montée des eaux, ainsi que l’urgence sociale et économique à intervenir. Ainsi, alors que l’homme d’affaires et mécène Christophe Mazurier s'engage dans la Caraibe de prendre à parti l’opinion publique, Enele Sopoaga, Premier Ministre de Tuvalu lançait un appel de détresse aux pays industrialisés lors du 45ème Forum des Îles du Pacifique…
Dans le dernier rapport du GIEC, les scientifiques se sont beaucoup intéressés à la question de la montée des eaux. Dans leurs travaux de prospectives, ils ont notamment élaboré différents scénarios qui envisagent « une montée des eaux comprise entre 26 cm et 82 cm pour les vingt dernières années du XXIe siècle ». Avec l’un des scénarios, ils vont « même jusqu’à évoquer une montée de 98 cm – dans le pire des cas – pour l’année 2100 ».
C’est justement pour lutter contre cette catastrophe qui se prépare que le Président directeur général du groupe CM-CIC Private Banking, Christophe Mazurier, s’est engagé aux côtés du gouvernement des Bahamas. Afin de mobiliser l’opinion publique occidentale, sa dernière tribune dans le Huffingtonpost évoque « les victimes oubliées du réchauffement climatique »… Entre la disparition des terres arables et l’accroissement de la salinité des eaux, c’est effectivement tout un écosystème insulaire qui pourrait rapidement disparaître.
D’autant que comme le rappelait le photographe Jashim Salam avec son reportage au Bangladesh, se sont souvent les pays les plus pauvres qui se retrouvent en première ligne. Si d’un point de vue social et moral, il est donc urgent de réagir, l’étude publiée par la revue Nature Climate Change montre qu’il existe également un intérêt économique à la réaction de la communauté internationale. En effet, d’après son analyse, l’impact de la montée des eaux pourrait causer plus de 1 000 milliards de dollars de dégâts dans les 136 plus grandes villes côtières du monde !
A la fin du mois de juillet, les participants au 45ème Forum des îles Pacifique se sont unis pour lancer un appel de détresse aux pays industrialisés. A la tribune, le discours d Enele Sopoaga, Premier Ministre de Tuvalu, relayé par l’AFP, se voulait délibérément alarmiste : « si on ne parvient pas à sauver les îles, on ne sauvera pas la planète, parce que sauver les îles est le premier pas ». Pendant que les digues sont renforcées, de probables déplacements de population sont envisagés avec inquiétude…
D’ailleurs, dans sa dernière publication, l’Organisation Mondiale de la Santé évoque plus de 250 000 décès par an liés au réchauffement climatique, engendrant notamment d’importantes vagues d’immigration. Une perspective qui ne peut satisfaire personne alors que la régulation des flux de population pose déjà d’énormes problèmes… François Gemenne, chercheur à l'Institut du développement durable et des relations internationales nous explique que ces réfugiés climatiques sont de plus en plus nombreux et s'interroge désormais « sur la responsabilité des pays développés pour trouver une solution à ce problème ».
04/09/24 à 08h48 GMT