Tant attendue, la feuille de route pour une économie circulaire vient d’être présentée ce lundi 23 avril par le Premier Ministre. Faisant suite à plusieurs mois de préparation, de groupes de travail d’experts, de consultation internet, la feuille de route présente 50 mesures pour une économie 100% circulaire. Il était temps que la France se dote d’une stratégie claire pour transformer son économie et prendre le virage des grands enjeux du XXIème siècle et s’orienter vers le développement durable.
L’état des lieux et les ambitions sont à la hauteur des enjeux : « réduction de la dépendance de l’économie française aux importations de matières », « consommation sobre », « durée de vie plus longue », « inventer de nouveaux modèles basés sur l’usage », « bousculer les habitudes », « répondre aux besoins en formations pour les nouveaux métiers »… Ces enjeux et objectifs, d’ailleurs mis en perspective avec les Objectifs de Développement Durable adoptés par les Nations-Unies et à mettre en œuvre avant 2030, consacrent une des 17 priorités mondiales à la « production et consommation responsable ». La feuille de route a aussi pour but de contribuer au Plan Climat national en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et de développer des emplois locaux non délocalisables.
Si le diagnostic est bien posé et la volonté semble là, la transcription en mesures concrètes est assez variable selon les enjeux. Même s’il est utopique de viser une économie « 100% » circulaire, du fait d’usage dispersif de certaines ressources et de la difficulté de récupérer certains déchets. On peut saluer l’ensemble des mesures qui vont favoriser le tri et le recyclage – comme l’harmonisation des couleurs des poubelles (il était temps !) ou l’évolution des filières REP et de la fiscalité pour valoriser au lieu d’éliminer les déchets.
La feuille de route contient ainsi beaucoup de mesures curatives sur le traitement des déchets et le recyclage mais, contrairement aux ambitions inscrites, assez peu de mesures préventives au final. L’évolution proposée du Conseil national des déchets en Conseil national de l’économie circulaire laisse craindre que l’économie circulaire ne sorte pas des boucles de recyclage… Beaucoup de mesures précises et intéressantes, mais très ciblées sur le plastique ou certaines filières, alors qu’elles pourraient facilement être généralisées ou adaptées à d’autres filières à forts enjeux, traduisant peut-être un manque de hiérarchisation ou des choix symboliques.
Il faut d’urgence travailler aux changements des business models. L’économie de fonctionnalité est un levier majeur (tout comme l’écoconception) mais est simplement citée en préambule et dans un titre et n’est pas déclinée en réelle mesure. Quel dommage ! quand on voit sur le terrain des PME notamment qui innovent, développent ces nouveaux modèles mais qui butent sur des outils financiers ou réglementaires mal adaptés… Le gisement de renouveau de notre industrie et d’emplois qualifiés et non délocalisables se trouvait entre autres là !
Enfin, la mobilisation de tous les acteurs tient heureusement une place importante dans la feuille de route. La prise en compte de l’économie circulaire dans les marchés publics, l’engagement des collectivités pour favoriser les démarches territoriales et la gestion locale des flux de matières ou encore une meilleure information et protection des consommateurs sont des avancées nécessaires. La formation vers les nouveaux métiers, ne fait l’objet que d’une mesure assez floue alors que c’est également structurant pour l’avenir. Toutefois, pour beaucoup de mesures il faudra compter sur la bonne volonté des entreprises. Je suis certain que nos chefs d’entreprises suivront les pionniers qui ont commencé depuis plusieurs années à développer les produits, services et modèles de demain !
04/09/24 à 08h48 GMT