L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) a lancé aujourd'hui les premières Directives volontaires pour les concessions forestières dans les pays tropicaux afin de rendre ces concessions plus transparentes, responsables et inclusives. Il s'agit également de faire en sorte que les communautés les plus pauvres et isolées du monde puissent en bénéficier.
Plus de 70 pour cent des forêts dans les pays tropicaux sont utilisées pour récolter du bois. Alors que certains produits forestiers appartiennent à l'Etat et d'autres à la sphère publique, la plupart des forêts publiques sont gérées à travers des concessions, elles-mêmes administrées par des organismes privés ou des communautés locales selon les choix du gouvernement.
Selon l'ouvrage, Exploiter le potentiel des concessions forestières dans les pays tropicaux afin de réaliser le Programme de développement durable à l'horizon 2030 : les Directives volontaires, les concessions forestières existent depuis des décennies dans de nombreux pays, notamment dans certains faisant partie des plus pauvres au monde mais leur contribution n'a pas toujours été positive. Alors qu'elles ont contribué à créer plus d'emplois et de meilleurs revenus pour les populations vivant dans des zones isolées, dans certains cas, elles ont également laissé derrière elles un état avancé de dégradation et alimenté les conflits liés aux droits fonciers.
Les concessions forestières peuvent être mal gérées en raison du manque de connaissances de ses détenteurs, et ce, notamment au niveau de la gestion des forêts tropicales. Cela pourrait également être lié à un manque de gouvernance, à des règles extrêmement compliquées, à des attentes trop ambitieuses, à une stratégie de bénéfices à court terme qui va entraîner un phénomène de surexploitation, à un partage inadéquat des bénéfices, à une violation des droits, à un manque de reconnaissance des droits des populations locales ou encore à un manque de retombées économiques.
Ces deux dernières décennies, la plupart des pertes forestières ont été signalées dans les pays en développement, en Afrique subsaharienne, en Asie du Sud-Est et en Amérique latine, soulignant ainsi la nécessité de mettre en place une meilleure gestion des forêts de production publiques dans les pays tropicaux.
Les nouvelles Directives volontaires s'appuient sur les leçons apprises afin d'offrir des conseils pratiques et parvenir à une meilleure gestion des forêts de production publiques, par le biais des concessions, dans les pays tropicaux.
«Les directives rappellent à toutes les parties qu'avec les droits, viennent les responsabilités. Elles soulignent la nécessité de renforcer l'engagement public au niveau national et sous-national et d'avoir des cadres de travail juridiques et institutionnels clairs et transparents», a déclaré Mme Eva Mueller, Directrice de la Division de la FAO chargée des politiques et des ressources forestières, à l'occasion du lancement des Directives lors du Forum des Nations Unies sur les forêts, à New York.
«Si elles sont gérées correctement, les concessions forestières peuvent avoir de multiples bienfaits sur le plan socio-économique et environnemental et contribuer à faire accroître la valeur des forêts pour les générations actuelles et futures. En somme, elles peuvent améliorer les vies des communautés rurales dans certaines des régions les plus pauvres et isolées du monde», a ajouté Mme Mueller.
Comment rendre les concessions forestières utiles?
Les concessions forestières sont des instruments juridiques utilisés entre l'Etat et un organisme privé ou une communauté locale qui confère des droits à ce dernier pour récolter du bois ou d'autres produits forestiers à court terme, ou gérer les ressources forestières sur le long terme en échange de paiements ou de la fourniture de services.
Lorsque bien gérées, les concessions forestières peuvent:
Des directives pratiques pour tous
«Comprenant nombre de de recommandations pratiques, les Directives volontaires proposent un cadre pour la planification, la mise en œuvre et la surveillance des concessions forestières afin de parvenir à une gestion durable des forêts», a indiqué Mme Thais Linhares Juvenal, Spécialiste en foresterie à la FAO et Coordinatrice des directives.
Les directives fournissent un ensemble de principes à respecter pour tous les acteurs du domaine pendant tout le cycle des concessions et des recommandations personnalisées pour les acteurs spécifiques tels que les gouvernements, les détenteurs de concessions, les communautés locales, les donateurs ou encore les organisations non gouvernementales.
Les directives comprennent également un outil d'auto-évaluation, de manière à ce que les acteurs du domaine vérifient que les conditions propices à la mise en œuvre de concessions forestières durables sont en place.
De nouvelles perspectives
Les Directives volontaires offrent également des conseils pour pouvoir passer d'objectifs de récoltes à court terme - responsables de la dégradation des forêts ou même de leur déforestation - à une gestion des forêts sur le long terme, renforçant ainsi la nécessité d'une foresterie durable dans les pays tropicaux.
Pour une gestion sur le long terme et une utilisation plus complète des forêts, les recommandations incluent: de cultiver et récolter les produits agroforestiers (herbes, noix, arbres fruitiers et buissons), les cultures agricoles tout en récoltant le bois et les autres produits dérivés du bois, la reconstitution des arbres commercialement importants afin d'éviter leur extinction à l'avenir et plus d'investissement dans la sylviculture - soit une gestion active de la végétation forestière afin de rendre les forêts durables.
S'appuyer sur les meilleures pratiques adoptées autour du monde
Les directives s'appuient sur les meilleures pratiques en matière de concessions forestières à travers le monde et se basent sur une série de consultations, avec plus de 300 experts techniques issus du secteur privé et public, ainsi que des représentants de la société civile en Afrique, en Asie-Pacifique et en Amérique latine.
Les Directives ont été lancées en marge de la 13ème session du Forum de l'ONU sur les forêts, dans le cadre de l'initiative Bois durable pour un monde durable, un projet du Partenariat de collaboration sur les forêts mené par la FAO et développé en étroite collaboration avec le Centre de recherche forestière international (CIFOR), l'Organisation internationale pour les bois tropicaux(ITTO), la Banque mondiale (BM) et le Fonds mondial pour la nature (WWF).
Les retombées positives des concessions
Réduire la déforestation au Brésil
La Brésil a opté pour les concessions forestières en 2006 et a déjà pu constater des résultats importants, prouvant ainsi que les concessions basées sur la transparence et la surveillance peuvent protéger les forêts naturelles en développant des marchés pour les produits et services issus des forêts gérées durablement, ce qui a par ailleurs permis d'améliorer le bien-être social.
De meilleurs moyens d'existence pour les communautés rurales du Guatemala
La gestion des concessions des forêts publiques du Guatemala a été attribuée aux communautés et sociétés fabriquant des produits dérivés du bois et à celles n'en fabriquant pas.
Tous les 340 membres de la communauté d'une de ces concessions ont bénéficié directement des gains réalisés, qui s'élevaient à environ 410 000 dollars pour l'année - soit plus de 1200 dollars par famille. Les concessions ont également permis de générer 16000 emplois, apportant ainsi des avantages supplémentaires aux membres des communautés.
Augmentation de la zone forestière - L'Initiative Bornéo
L'Initiative Bornéo est une fondation établie en 2008 qui promeut une gestion durable des forêts en Indonésie.
L'initiative apporte une aide financière et technique aux détenteurs de concessions, en les reliant au réseau professionnel d'experts qui les guideront tout au long du processus. Elle a déjà permis d'accroître la zone forestière naturelle de plus de 2 millions d'hectares.
L'observateur indépendant - protéger les forêts du Cameroun
En 2001, le Gouvernement camerounais a nommé le premier observateur indépendant en vue de rendre compte des violations des droits dans le secteur forestier (telles que l'exploitation forestière illégale) et de veiller au respect des lois forestières.
Cela a notamment permis d'améliorer la gouvernance forestière, au niveau de la transparence et de la divulgation d'informations au public, mais aussi de rendre les autorités plus responsables.
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Communiqué de la FAO
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04/09/24 à 08h48 GMT