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Quatre organisations poursuivent Ottawa pour demander le retrait immédiat des pesticides néonicotinoïdes



  • Par Catherine Paquette, avec les informations d’Équiterre et de Ecojustice

    Les pesticides néonicotinoïdes menacent les populations d’abeilles pollinisatrices en Ontario.

    La Fondation David Suzuki, Les Amis de la Terre Canada, Ontario Nature et le Wilderness Committee ont intenté une poursuite pour faire annuler l’autorisation donné au pesticide appelé thiaméthoxame par Santé Canada. Le procès, que Santé Canada et des fabricants de produits chimiques ont tenté d’éviter, débute aujourd’hui et se poursuivra jusqu’au 23 novembre à la Cour fédérale, à Toronto.

    Le thiaméthoxame fait partie de la classes des pesticides néonicotinoïdes, qui sont largement utilisés dans le domaine de l’agriculture pour éloigner les insectes indésirables des récoltes. Le hic, c’est que ce pesticide fait aussi des dommages à d’autres espèces, dont les insectes pollinisateurs.

    Bien que l’Agence de règlementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) projette d’éliminer progressivement la clothianidine et lethiaméthoxame, deux néonicotinoïdes, d’ici 2023, ces organisations sont d’avis qu’Ottawa devrait agir immédiatement.

    Les avocats d’Ecojustice, qui représentent les quatre organisations demanderesses, soutiendront lors du procès que ces pesticides sont homologués illégalement au Canada depuis plus de dix ans, alors que l’ARLA aurait ignoré les conclusions de ses propres scientifiques quant aux risques que courent les pollinisateurs, et qu’elle a omis de consulter la population comme l’exige la loi.

    « Nous sommes en Cour aujourd’hui parce que l’ARLA a failli à ses responsabilités en tant que législateur. Pour plus d’une décennie, le ministère de la santé a approuvé l’utilisation de ce pesticide sans écouter ses propres scientifiques, qui disaient ne pas avoir suffisamment d’information pour évaluer les risques de ces pesticides pour les pollinisateurs et l’environnement. Cette approche consistant à agir d’abord et poser les questions ensuite est innacceptable », a déclaré l’un des avocats d’Ecojustice en charge de la poursuite, Charles Hatt.

    Dans un communiqué publié par Équiterre le 16 novembre, on apprend que quatorze organisations interpellent également Ottawa pour les mêmes raisons : « Bien qu’en accord avec la proposition du gouvernement fédéral de bannir les néonicotinoïdes, les organisations exhortent celui-ci à devancer le calendrier qu’il s’est fixé afin de protéger les pollinisateurs, les insectes aquatiques et les autres espèces bénéfiques. Une interdiction immédiate est nécessaire afin d’éviter de mettre en danger l’environnement », affirment les porte-paroles d’Équiterre.

    « L’Union européenne a mis en place son interdiction cette année, après seulement sept mois, alors que la proposition faite par l’ARLA permet de poursuivre l’utilisation des néonicotinoïdes au Canada jusqu’en 2023 ou plus. Si le Canada n’est pas capable de réagir plus rapidement face à des risques écologiques établis, il y a quelque chose qui ne fonctionne pas dans notre manière de règlementer les pesticides », affirme Lisa Gue, de la Fondation David Suzuki.

    Les néonicotinoïdes représenteraient non seulement une menace pour la santé de plusieurs espèces et écosystèmes dont les colonies d’abeilles domestiques canadiennes. « Au cours des dix dernières années, les apiculteurs ont pu observer les effets négatifs de la sur-utilisation des pesticides néonicotinoïdes sur la santé des abeilles domestiques. Le déclin des colonies, la mort des reines et les pertes anormalement élevées durant l’hiver menacent la pérennité de l’apiculture en Ontario », affirme le président de l’Association des apiculteurs de l’Ontario, Jim Coneybeare.

    Écojustice fait savoir qu’une victoire légale lors de ce procès obligerait Ottawa à procéder à de meilleures analyses lors de la révision de l’autorisation donnée à certains pesticides.

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