Une trentaine de chefs traditionnels (dont deux femmes) se sont réunis le 28 juillet dernier à Yaoundé, pour formuler à l’endroit des pouvoirs publics, une série de recommandations pour la réforme foncière au Cameroun et, au-delà, pour les réformes sectorielles en cours. Les autorités traditionnelles, par ailleurs membres du Réseau des chefs traditionnels d’Afrique pour la gestion durable de la biodiversité et des écosystèmes des forêts (RECTRAD), branche du Cameroun, plaident pour la prise en compte de quatre éléments. Le premier porte sur le statut des villages. Ici, les détenteurs du pouvoir traditionnel estiment que le développement se sera à partir des villages. A ce titre, la relation entre les porteurs de projets d’investissement et les communautés doit évoluer, de façon à ce que les communautés participent comme actionnaires des activités économiques conduites sur leurs terroirs respectifs.
Le deuxième élément est relatif à la reconnaissance et à la clarification du rôle de l’autorité traditionnelle. En matière de gestion des terres par exemple, l’autorité traditionnelle doit être associée aux travaux de la commission consultative, plaide Sa Majesté Jean Rigobert Evouna, chef traditionnel d’Oyom-Abang 4 (région du Centre-Cameroun), pour qui les chefferies doivent être au cœur des mouvements fonciers. En ce qui concerne la question des expropriations et des indemnisations, les communautés rurales estiment que les indemnisations payées à l’occasion des expropriations pour cause d’utilité publique ne reflètent pas la valeur des pertes subies. Enfin, face à la montée en puissance du phénomène d’accaparement des terres , les chefs traditionnels insistent sur la nécessité d’accélérer le processus de la réforme foncière, annoncé en 2011 par le président de la République Paul Biya, lors du Comice agropastoral d’Ebolowa. La dernière réforme en la matière date de 1974.
D’après le Dr. Samuel Nguiffo, secrétaire général du Centre pour l’environnement et le développement (CED) et coordonnateur national du projet LandCam, la démarche ainsi engagée pourrait, en outre, contribuer à limiter les conflits fonciers enregistrés auprès des juridictions au Cameroun. Selon les statistiques du Ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières (MINDCAF), le contentieux foncier et domanial représente 65% du rôle des juridictions judiciaires et environ 85% de celui des juridictions administratives.
04/09/24 à 08h48 GMT