Penser l’économie bleue à travers le vivant c’est ce que l’évènement « Pour l’amour de la baie » a tenté de réaliser le 14 octobre dernier. Près de 40 personnes ont réfléchi à la durabilité de la viabilité et de la Baie de Chaleurs dans une perspective d’échanges entre les provinces canadiennes du Québec et du Nouveau-Brunswick et de réconciliations avec les Premières Nations. Cet évènement est le fruit d’une collaboration entre le Conseil de conservation du Nouveau-Brunswick, le Réseau environnemental du Nouveau-Brunswick et la professeure Anne Fauré de l’Université du Québec à Rimouski.
Au-delà de la valeur marchande accordée aux ressources offertes par le milieu marin, c’est bien notre relation avec la Baie des Chaleurs que nous avons interrogée à l’aulne des crises du climat, de la biodiversité et sanitaires. La conférence, avec pour thématique l’économie bleue durable dans la Baie des Chaleurs, s’est déroulée en deux parties. La première partie a réuni des experts qui se sont attaqués aux thématiques suivantes :
- Importance de la collaboration transfrontalière et communautaire dans le cas de la Baie des Chaleurs.
- Vision autochtone des relations transfrontalières et de l’économie bleue durable de la baie.
- Intérêts et enjeux de la planification de l’espace maritime dans un contexte transfrontalier : le cas de la mer Baltique
- Redéfinir l’économie dans un cadre géopolitique régional.
Nous avons retenu que « La Baie des Chaleurs est un écosystème précieux dont la richesse et la vitalité sont indispensables pour le mieux-être des habitants du Gespe’gewa’gi (le septième district du Mi’gma’gi[1]). La baie fournit une source importante de nourriture, pour des pêches à des fins alimentaires, rituelles et sociales (homard, saumon, maquereau, bar rayé, coques, foin d’odeur, plantes médicinales, etc.) comme l’a expliqué Catherine Lambert-Koizumi, Directrice générale de l’Association de gestion halieutique autochtone Mi’gmaq et Malécite. La beauté des paysages et le bien être procuré par la baie sont des éléments qui fédèrent les communautés des deux côtés de la baie. Par la suite, en décentrant notre regard sur la mer Baltique, Rolland Cormier, Chercheur spécialisé en gouvernance des espaces maritimes à l’Institut des systèmes côtiers à Helmholtz-Zentrum Hereon (Allemagne), nous a expliqué les processus engagés par une dizaine de pays pour se coordonner et répondre à la Directive-cadre pour la planification de l’espace maritime, un processus complexe enclenché il y a déjà 7 ans. Finalement, le philosophe Alain Deneault, Professeur de Philosophie à l’Université de Moncton, a mis en tensions et souligné les paradoxes qui lient les concepts d’économie et de durabilité dans le contexte des défis existentiels liés à la crise climatique, de la pandémie et de la biodiversité que l’humanité affronte aveuglément aujourd’hui. Par ailleurs, il nous a invités à réfléchir à un changement de paradigme radical à la lumière des enquêtes menées par la Journaliste Marie-Monique Robin.
La deuxième partie dynamique a permis aux participants de discuter des enjeux relatifs à l’économie bleue de la Baie des Chaleurs. Plusieurs acteurs clés du milieu nous ont indiqué travailler sur des enjeux communs relatifs aux changements climatiques, la protection de la biodiversité et assurer des développements côtiers harmonieux. Par ailleurs, la question linguiste est régulièrement un obstacle à la collaboration en plus de l’éloignement des centres de prise de décision et des domaines de compétences non partagés qui peuvent rendre difficile la mise en place d’une vision commune pour la baie et partagée par les autorités publiques compétentes. La reconnaissance du rôle joué par les organismes communautaires et de leur soutien financier est donc cruciale pour maintenir les ponts entre les deux rives et faire vivre l’économie bleue dans une perspective écosystémique.
Pour terminer, les participants se sont dits à réitérer l’exercice annuellement ou périodiquement pour être en mesure d’observer et suivre les avancées en termes d’économie bleue durable dans la région.
Pour revisionner les conférences, consultez le lien suivant : https://youtu.be/lvR6zBZQcWI
Pour en savoir plus sur l’évènement et les conférenciers, consultez le site web www.pourlamourdelabaie.ca
Cet évènement virtuel est réalisé grâce à l’appui financier reçu du gouvernement du Québec, en vertu des programmes de soutien financier en matière de francophonie canadienne.
Cet article a été rédigé par Anne Fauré et Peter Schmidmayer ( Université du Québec à Rimouski)
[1]Comme l’explique le Sécriétariat Mi’gmawei « Le territoire du Mi’gma’gi recouvre à tout le moins ce qu’on désigne aujourd’hui la Nouvelle-Écosse, l’Île-du-Prince-Édouard et la Gaspésie, et des parties du Québec, du Nouveau-Brunswick (au nord du bassin versant de la rivière Saint-Jean), de Terre-Neuve-et-Labrador et du Maine, des îles dans la Baie des Chaleurs, ainsi que les zones côtières et maritimes environnantes de ces dernières. Le Mi’gma’gi englobe non seulement ces terres, mais aussi les eaux, les îles, l’air et les ressources qu’elles contiennent ou qui les entourent. »
04/09/24 à 08h48 GMT