Dans le cadre de la mise en œuvre des potentielles options de gestion et de conservation durables des paysages des monts Bamboutos et Bana-Bangangté-Bangou dans les hautes terres de l’Ouest, les communes sont interpelées. En ce qui concerne notamment la protection des forêts, le maire de Bangou, Paul Sikapin, indique la nécessité de développer des solutions alternatives consistant à faciliter la création de richesses pour les personnes qui vont dans la forêt, à travers la formation en élevage et en apiculture par exemple. L’ingénieur agronome de formation estime que la mise à disposition des arbres fruitiers aux agriculteurs permettra de restaurer le couvert végétal à travers les arbres et de créer des sources de revenus additionnels pour ces derniers, à travers la récolte des avocats, des mangues, du citron et autres, etc.
Du côté des monts Bamboutos, le maire de la commune de Mbouda, M. Wadji, est favorable à la prévention d’éventuels conflits entre éleveurs et agriculteurs. « Une parfaite organisation doit être mise sur pied. Cela passe par la délimitation des espaces des uns et des autres. Il est important que les communes se joignent à Rainforest Alliance pour que des plaidoyers soient engagés par rapport aux éventuels aménagements à mettre sur pied, afin que nos objectifs communs soient atteints », plaide-t-il.
La réussite d’une telle démarche développée par l'Ong américaine Rainforest Alliance, grâce au co-financement du Fonds pour l’environnement mondial (GEF), du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et de l’Union européenne (UE), passe par le regroupement de plusieurs acteurs, pour recueillir les propositions allant dans le sens de la durabilité. A travers les structures de gouvernance que sont les comités de gestion du paysage (CGP) installés en août 2022 et à travers la convention de coopération décentralisée que les maires ont signé avec les CGP, ces préoccupations pourront être portées au plus haut niveau pour trouver une solution gagnant-gagnant, explique le coordonnateur des activités de Rainforest Alliance dans les hautes terres de l’Ouest, Jacques Waouo. Toujours est-il que les communes voient en ces massifs montagneux des opportunités pour promouvoir l’écotourisme et engranger des devises supplémentaires dans la perspective d’un développement local à la base, sans forcément attendre des ressources et/ou financements extérieurs.
Le concours des chefs traditionnels n’est pas en reste. « Nous essayons autant que possible d’appeler les populations à des pratiques culturales qui peuvent permettre à ce que le mont puisse continuer à nous apporter ce qu’il y a de bénéfique. Les populations qui vivent sur les flancs des collines doivent adapter leurs pratiques culturales pour en tirer les rendements conséquents. Notre travail consiste à les sensibiliser et à les interpeller pour que nous continuons à profiter de tout ce que nous y tirons comme ressources », confie le chef supérieur Balatchi, Sa Majesté Kenfack Tanga Fouotsop II.
Si l’autorité traditionnelle est favorable à la pratique des systèmes d’agroforesterie, il est néanmoins réfractaire à la mise en terre des espèces comme l’eucalyptus qui a des nuisances sur la ressource en eau. Pour ce qui est des forêts sacrés, des actions d’envergure sont à envisager, notamment la délimitation participative des espaces sacrés avec l’implication des communautés et des chefs traditionnels, l’encadrement des activités à mener dans ces espaces sacrés pour promouvoir le tourisme culturel.
04/09/24 à 08h48 GMT