Selon un nouveau rapport du WWF , l'agriculture assèche la Méditerranée
Le WWF, l'organisation mondiale pour la protection de l'environnement, rappelle que sans un changement majeur dans les politiques nationales et européennes sur l'utilisation de l'eau, les pays du Bassin méditerranéen souffriront bien plus qu'avant.
Dans son rapport « Sécheresse en Méditerranée - Les propositions d'orientations du WWF », le WWF montre que les surfaces irriguées dans la région ont doublé depuis les années 60. L'agriculture irriguée représente à elle seule 65 % de la consommation totale d'eau ; c'est le plus gros consommateur d'eau en Méditerranée.
Les subventions de l'Europe et des gouvernements nationaux ont encouragé l'abandon de plantations traditionnelles comme les oliviers et les citronniers, pour lesquelles l'eau de pluie seule suffisait, au profit de cultures très consommatrices en eau, comme le maïs et la canne à sucre. L'irrigation permet à ces cultures de pousser plus vite et entraîne de plus gros rendements, même dans les zones arides et pendant les périodes les plus chaudes de l'année. Dans les pays ne faisant pas partie de l'Union européenne, ce phénomène est aggravé par des méthodes d'irrigation inefficaces.
« Les gouvernements doivent maintenant cesser de subventionner l'irrigation dans les zones où l'eau est rare » précise Philippe Weiler, responsable du Programme Eau Douce au WWF-Belgique. « Si l'on ne gère pas l'eau avec plus de prudence, la sécheresse deviendra chronique et les hommes en souffriront d'autant plus que l'eau nécessaire à d'autres besoins, comme boire, se laver et cuisiner, viendra à manquer ».
Les pays européens de la Méditerranée ont déjà connu une baisse des précipitations d'au moins 20%, alors que la demande en eau a doublé dans les 50 dernières années. Les pays qui connaissent la plus forte augmentation de la demande en eau sont la France, la Turquie et la Syrie. De plus, les prévisions annoncent pour l'avenir une diminution des précipitations, ainsi qu'une augmentation de 25% de la consommation d'ici 2025 sur les côtes Est et Sud de la Méditerranée, et particulièrement en Egypte, en Turquie et en Syrie.
Pour Philippe Weiler, « la crise de l'eau en Méditerranée est le reflet de la situation de l'eau dans le monde ; la quantité d'eau disponible est limitée, les gouvernements doivent donc gérer de façon durable la consommation d'eau, en préservant les zones humides qui assurent naturellement le stockage de l'eau ».
La sécheresse a déjà fait des ravages. En 2003, elle a coûté près de 11 milliards d'euros en Europe et fait près de 40.000 morts. En Espagne, l'été dernier, conséquence de la sécheresse, le secteur agricole a perdu plus de 2 milliards d'euros.
Le WWF demande aux gouvernements de faire face à cette crise de la sécheresse dans sa globalité pour préserver les écosystèmes d'eau douce. Ils doivent contrôler la demande en eau, permettre une distribution plus équitable entre tous les usagers, tout en améliorant les méthodes d'irrigation et en sélectionnant mieux les zones géographiques des cultures.
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