La conférence de Vienne sur le climat, qui a réuni un millier d'experts publics et privés, s'est penchée sur les futurs engagements des Etats pour l'après 2012, date d'expiration du protocole de Kyoto. Selon un rapport publié à cette occasion par l'ONU, 150 milliards d'euros d'investissements serontnécessaires, d'ici à 2030, pour maintenir, à leur niveau actuel, les émissions de gaz à effet de serre."La réponse au changement climatique passera en grande partie par l'économie", a annoncé le secrétaire exécutif de l'UNFCCC, Yvo De Boer, en soulignant le rôle que devront jouer les"investissements privés". Le simple maintien au niveau actuel desémissions de gaz à effet de serre, d'ici 2030, nécessitera en effet 150 milliards d'euros. Ce montant considérable représente entre 0,3 et 0,5% du Produit Intérieur Brut (PIB) mondial et entre 1,1 et 1,7% des investissements mondiaux. Le rapport préconise d'accélérer les investissements dans la recherche technologique, les énergies renouvelables, l'efficacité énergétique de la construction, les transports et l'industrie.
Cependant, cet investissement semble presque dérisoire comparé à la potentielle crise financière engendrée par les changements climatiques, qui pourrait coûter jusqu'à 6,8 trillions de dollars selon le rapport de Nicholas Stern, publié en 2006. L'ancien économiste de la Banque mondiale prévoit en effet que les changements climatiques pourraient provoquer une récession mondiale sans précédent si les émissions de gaz à effet de serre continuaient de croître à leur rythme actuel. De son côté, le GIEC a confirmé cette année que si les combustibles fossiles maintenaient leur position dominante jusqu'en 2030 et au delà, leurs émissions de CO2 pourraient croître jusqu'à 110%...Par ailleurs, si des financements nouveaux seront nécessaires,"une part importante des investissements supplémentaires pourrait être assurée avec les moyens actuels"s'ils sont correctement"redirigés", estime le rapport. En mai 2007, la réunion du GIEC avait également démontré que « des leviers significatifs de réduction des émissions GES au cours des prochaines décennies existent"et qu'ils"pourraientêtre suffisants pour décaler la croissance des émissions globales ou pour les réduire en dessous des niveaux actuels".
L'appel des Nations Unies aux investisseurs sera-t-il entendu ? Pour l'heure, les montants investis dans le Mécanisme de Développement Propre (outil du protocole de Kyoto permettant aux pays industrialisés d'investir dans des projets de technologies propres situés dans les pays du Sud) sont loin d'atteindre les sommes souhaitées par l'ONU. En 2006, le marché total des transactions des projets de MDPont en effet représenté 5, 257 milliards de dollars. Les projets de Mises en Oeuvre Conjointe (MOC) -qui concernent les projets propres mis en?uvre dans d'autres pays industrialisés- ont représenté quand à eux 220 millions de dollars...Enfin, le marché carbone pourrait constituer, s'il était mondialisé, un outil économique déterminant de réduction des émissions mondiales. Mais à l'heure actuelle, il est essentiellement constitué par les pays européens ayant signé le Protocole de Kyoto et s'élève à 19 milliards d'euros, pour 1,1 milliard de tonnes de CO2. En outre, si d'ici 2030, le prix de la tonne de CO2 reste inférieur à 20 dollars, (scénario réaliste compte tenu du faible cours actuel de la tonne de CO2), les réductions d'émissions seraient comprises entre 15 et 30 %, soit un niveau insuffisant pour stabiliser le réchauffement climatique. En revanche, si ce prix augmentait jusqu'à 100 dollars, la réduction atteindrait alors entre 30 et 50 %.Le représentant de la délégation américaine à Vienne a d'ailleurs fait savoir à ce sujetqu'il « croyait peu à la mise en?uvre d'un marché carbone mondial », tout en assurant que les Etats-Unis souhaitent « accélérer le processus de négociation » et « veulent coopérer avec les principales économies"pour« parvenir à un accord entre elles"d'icià 2009 ».
Maintenir l'augmentation globale des températures en dessous de 2° C
Alors que les trois réunions du GIEC qui se sont succédées depuis le début de l'année n'ont cessé de rappeler l'urgence des mesures à prendre, les engagements des Etats se font attendre sur l'après-Kyoto. Les Etats-Unis, bien sûr, mais également l'Australie ont été pressés, sans succès jusqu'ici- par l'Union européenne d'agir. Mais l'UE elle-même est dans une position délicate, dans la mesure où les objectifs qu'elle s'est fixée semblent d'ores et déjà hors d'atteinte. Enfin, l'attitude des nouveaux pays industrialisés et des pays émergents sera également décisive. « Il est impératif qued'autres nations entrent dans le processus, comme l'Australie ou les États-Unis, mais aussi les nouveaux pays industrialisés tels que le Mexique, la Corée du Sud et l'Arabie saoudite », explique Karine Gavand de Greenpeace. « Quant aux pays en développement en phase d'industrialisation rapide, comme la Chine, le Brésil, la Malaisie ou l'Afrique du sud, il va falloir développer des outils incitatifs pour les impliquer dans le protocole de Kyoto. » Comme le rappelle l'ONG, le maintien de l'augmentation globale des températures en dessous de 2° C implique que les émissions de gaz àeffet de serre soient réduites d'au moins 50 % d'ici à 2050, par rapport aux niveaux de 1990, et ce à l'échelle mondiale.
Prochainesétapes des négociations après la conférence de Vienne : l'assemblée générale des Nations unies, le 24 septembre à New York, puis une réunion le 28 à Washington, à l'initiative du président Bush qui a convié les seize principaux pays pollueurs à y assister, et enfin la conférence des Nations Unies sur le climat, qui se tiendra à Bali, en Indonésie, du 3 au 14 décembre 2007.
Source :http://www.novethic.fr
Véronique Smée
Mis en ligne le : 30/08/2007
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