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Déclaration Politique du Forum de la Société civile Euro-Africaine à Lisbonne.



  • Nous, les participants Africains et Européens du Forum de la Société Civile qui s'est déroulé à
    Lisbonne du 15 au 17 novembre 2007, nous étant réunis afin de partager nos expériences et
    discuter de nos préoccupations, reconnaissons que les modifications du contexte national,
    régional et international ont créé un nouveau cadrepour les relations Euro-africaines,
    obligeant à modifier substantiellement.


    Les relations telles qu'elles étaient configurées
    jusqu'au présent, afin de créer, ensemble, une vision nouvelle du futur des relations entre
    l'Europe et l'Afrique.Les partenariats sont au coeur du concept de développement et, comme tels, plus les liens de
    solidarité entre l'Afrique et l'Union européenne (UE) seront forts, plus grand sera leur impact
    sur le développement.

    Néanmoins, la construction de tels liens prend du temps.
    Ainsi, tout partenariat stratégique entre l'Afrique et l'Europe doit respecter le rythme et les
    agendas de chacun des acteurs engagés dans le processus, permettant que les inégalités
    soient atténuées et que la maturité des institutionspuisse être suffisamment avancée afin
    qu'un équilibre de pouvoirs soit vraiment possible.

    La relation future entre l'Afrique et l'Europe doit doncêtre enracinée dans une véritable
    compréhension mutuelle et le respect de chacun. Les grands principes engagés sur le plan
    politique doivent être clairement reflétés dans la pratique.

    Ces principes incluent :

    Une Responsabilité Partagée :Tout partenariat futur entre l'UE et l'Afrique doitêtre fondé sur
    un apprentissage mutuel et le respect de chacun, sur un dialogue politique honnête et la
    reconnaissance de l'universalité des Droits Humains. Les deux Continents doivent apprendre
    l'un avec l'autre ; l'UE devra être disposée à débattre et questionner ses propres politiques etsa gouvernance.

    La gouvernance ne peut pasêtre présentée uniquement comme étant une question politique
    pour l'Afrique et une question technique pour l'Europe. Il doit exister, dans et pour les deux
    continents, une exigence politique de construction de la démocratie, dans le respect droits et
    devoirs affirmés dans les Traités Internationaux et Continentaux.

    Il faut aussi avoir pour butunéquilibre de pouvoir entre l'UE et l'Afrique,tant dans les
    relations financières et économiques que dans le dialogue politique. Des ressources doivent
    êtres mises à disposition afin d'atteindre cet objectif. Tant qu'un déséquilibre persistera, ce
    facteur devra être pris en compte dans toute négociation internationale. Par ailleurs,
    atteindre un équilibre de pouvoirdans ces domaines implique que les Femmes - pièces
    centrales du développement- puissent accéder aux ressources et mécanismes légaux qui leur
    permettront d'accroitre leur pouvoir économique et culturel.

    Confiance :La confiance se construit sur la base du respect et de la compréhension entre les
    parties, à différents niveaux. C'est un processus en construction, qui se développe et est
    renforcé par la mise en place de politiques cohérentes, d'actions concrètes et conjointes, et
    l'obtention de résultats tangibles.

    Pourtant, le manque de cohérence politique de l'UE et
    l'adoption d'une pratique de « deux poids, deux mesures » dans la relation avec les pays
    partenaires, amène les sociétés civile Européenne et Africaine à un certain degré de
    scepticisme quant à l'idée qu'il s'agit bien d'une relation de partenariat. Ainsi, lesaccords
    bilatéraux de libre-échange tels qu'ils sont définis à l'heure actuelle, en particulier les Accords
    de Partenariat Économique (APE), sont clairement un contre-exemple de ce processus de
    construction d'une relation fondée sur la confiance, étant donné leur incompatibilité totale
    avecles objectifs de développement définis par l'UE ainsi qu'avec les principes clés du
    Nouveau Partenariat Stratégique, dans la mesure où ils rendent impraticables ce même
    processus d'intégration continental qu'ils sont censés soutenir.

    En outre, pour qu'il réussisse, ce nouveau partenariat stratégique implique qu'il y ait une
    réelle volonté politique et la mise en place de nouvelles ressources, ce qui, à l'heure actuelle,
    est loin d'être évident. Ces ressources doivent aussi servir au renforcement des mécanismes
    et des instruments Africains déjà existants et servir à réellement atteindre les résultats
    énoncés et attendus.

    Pour que les Sociétés civiles des deux Continents s'approprient véritablement cette vision
    commune des relations Europe- Afrique, ce n'est pas seulement sur le papier que le processus
    stratégique doit être centré sur les populations, mais surtout dans la mise en place d' actions
    concrètes.

    Une véritable participation de la Société civile dans l'élaboration des politiques doit être
    assurée aux niveaux local, national et régional, par la mise en place de cadres précis de
    dialogue, fondés sur des institutions solides et efficaces, afin de garantir l'intégration des
    perspectives d'unvaste éventail d'acteurs (en particulier des groupes plus marginalisés) dans
    des processus qui les concerne directement.
    Cependant, institutionnaliser le dialogue ne signifie pas institutionnaliser la Société Civile. Un
    partenariat centré sur les populations veut aussi dire qu'il faudra créerdes espaces de lieu et
    de temps appropriés à cette participation. Ceux-ci permettront à la diversité d'Organisations
    de la Société civile de contribuer aux aspects tant stratégiques qu'opérationnels de cette
    relation. Cette participation sera possible si elle est encouragée par un dialogueformalisé et la
    mise en place de mécanismes financiers ambitieux établis à cet effet.

    Finalement, nous insistons sur le fait que ce processus de dialogue doit inclure des
    mécanismes et des instruments permettant un apprentissage mutuel, un accompagnement et
    un contrôle régulier ainsi qu'une évaluation et responsabilisation des deux parties, de manière
    à ce que ce Partenariat Stratégique soit véritablement dynamique, reflétant et répondant aux
    évolutions rapides du contexte dans lequel il a été forgé.

    C'est dans ces conditions que les Organisations de la Société civile Africaine et Européenne,
    représentées à ce Forum, seront prêtes à relever le défi et agir en tant que partenaires dans la
    construction de cette nouvelle relation.


    [SAE2007]
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