L'inégalité compromet les chances d'éducation
de millions d'enfants
Paris, 25 novembre - Des millions d'enfants dans le monde sont condamnés à la pauvreté et à des horizons limités du fait de l'incapacité des gouvernements à réduire les inégalités profondes et persistantes dans l'éducation, indique un Rapport de l'UNESCO rendu public aujourd'hui.
Sous le titre
Vaincre l'inégalité : l'importance de la gouvernance, le Rapport mondial de suivi sur l'Éducation pour tous 2009 dénonce l'effet conjugué de l'indifférence politique, de politiques nationales inefficaces et de promesses internationales non tenues. Selon le Rapport, les disparités " inacceptables " observées dans l'éducation au niveau national et mondial sont en train de saper les efforts de réalisation des objectifs internationaux de développement."Les gouvernements agissent ", constate le Directeur général de l'UNESCO, Koïchiro Matsuura. "Lorsque les systèmes éducatifs échouent, les conséquences sont moins visibles, mais tout aussi réelles. L'inégalité des chances en éducation alimente la pauvreté, la faim et la mortalité infantile et réduit les perspectives de croissance économique. C'est pourquoi les gouvernements doivent agir avec un plus grand sentiment d'urgence ".
Le Rapport de l'UNESCO évoque le
Lorsque les systèmes financiers s'effondrent, les conséquences sont patentes et les" large fossé " qui sépare les pays riches des pays pauvres pour ce qui est des chances de s'instruire. Les chiffres parlent d'eux-mêmes :* Dans les pays en développement, un enfant sur trois en âge d'intégrer l'école primaire (soit 193 millions d'enfants) souffre de lésions cérébrales et de perspectives d'éducation réduites pour cause de malnutrition. Ce chiffre dépasse parfois 40 % en Asie du Sud. La forte croissance économique de certains pays n'a guère contribué à réduire la malnutrition infantile, ce qui fait douter de l'efficacité des politiques actuelles.
* 75 millions d'enfants en âge de fréquenter l'école primaire ne sont pas scolarisés. Près du tiers d'entre eux vit en Afrique subsaharienne.
* Les disparités nationales sont le reflet des inégalités mondiales. Dans des pays comme l'Éthiopie, le Mali ou le Niger, les enfants appartenant aux 20 % les plus pauvres ont trois fois moins de chances de fréquenter l'école primaire que les enfants appartenant aux 20 % les plus riches. Au Pérou et aux Philippines, les enfants appartenant aux 20 % les plus pauvres bénéficient de 5 années d'éducation en moins que les enfants des familles les plus fortunées.
Pourtant, comme le rappellent les auteurs du Rapport, " les conditions dans lesquelles les enfants naissent, leur sexe, la richesse de leurs parents, leur langue et la couleur de leur peau ne devraient avoir aucune incidence sur leurs chances en matière d'éducation ".
Le rapport annuel de l'UNESCO dresse un bilan détaillé des progrès accomplis dans la réalisation d'objectifs clés de l'éducation, comme la protection et l'éducation de la petite enfance, l'universalisation de l'enseignement primaire, l'égalité entre les sexes,l'alphabétisation ou la qualité de l'éducation. Il relève des avancées encourageantes dans certains pays parmi les plus pauvres. Pourtant, en l'absence de mesures radicales, de nombreux objectifs seront manqués, et parfois dans des proportions spectaculaires.
Un exemple : celui de l'éducation primaire universelle (EPU). Dans certains pays ou régions, les progrès sont prodigieux. L'Afrique subsaharienne et l'Asie du Sud et de l'Ouest ont vu bondir leurs taux nets de scolarisation depuis 1999. La Tanzanie et l'Éthiopie ont chacune réduit le nombre des non scolarisés de plus de 3 millions. Confronté à une guerre civile, le Népal a néanmoins fait d'importants progrès. Au Bangladesh, dans une région marquée par de profondes inégalités entre les sexes, filles et garçons parviennent désormais à égalité au niveau secondaire.
Mais il faut se rendre à l'évidence : le monde est mal parti pour atteindre l'enseignement primaire universel d'ici 2015, l'un des objectifs internationaux du développement. Les projections partielles indiquent qu'il restera 29 millions d'enfants non scolarisés en 2015.
Un chiffre sous-évalué, puisqu'il exclut des pays en proie aux conflits comme le Soudan ou la République démocratique du Congo.
En outre :
*Pakistan 3,7 millions.
niveaux élevés d'inéquité dans le financement et la fourniture des services ",
précise le Rapport.
Au Pakistan, l'école n'accueille que 80 filles pour 100 garçons.
le Nigéria devrait compter 7,6 millions d'enfants non scolarisés en 2015 et le" Ces deux pays combinent une gouvernance faible avec des* en Éthiopie et au Burkina Faso, plus d'un million d'enfants ne seront pas scolarisés en 2015 ;*Le Rapport de l'UNESCO rappelle que ces chiffres n'offrent qu'un baromètre partiel de l'étendue du problème. Des millions d'enfants entament une scolarité, mais l'abandonnent avant d'avoir achevé le cycle primaire. L'évaluation des acquis scolaires met aussi clairement en
évidence la mauvaise qualité de l'enseignement : beaucoup d'élèves quittent l'école sans avoir acquis un minimum de compétences en lecture et en calcul.
au total, 12 pays abriteront plus d'un demi million de non scolarisés en 2015.*Au Brésil, en Indonésie et en Tunisie, 60 % au moins des élèves du secondaire se situent au niveau le plus bas des évaluations internationales sur les acquis en sciences.
* Pour rattraper ces retards, des réformes d'envergure et des investissements plus massifs sont nécessaires. Dans de nombreux pays, les systèmes scolaires souffrent d'un manque chronique de financement et de resources humaines. Rien qu'en Afrique subsaharienne, il faudra recruter 3,8 millions d'enseignants d'ici à 2015 pour parvenir à l'enseignement primaire universel.
Mais le Rapport évoque aussi d'autres déficits. On estime en effet à 776 millions le nombre d'adultes analphabètes dans le monde - 16% de la population mondiale. Les deux tiers sont des femmes. Au rythme actuel, ils seront encore plus de 700 millions en 2015.
En Inde, selon une évaluation, près de la moitié des élèves de 3e année du primaire ne sont pas capables de lire un texte destiné aux élèves de 1ère année.La richesse n'est pas le seul marqueur de désavantage. Les filles continuent d'être pénalisées. L'écart de scolarisation entre les sexes reste important dans une bonne part de l'Asie du Sud et de l'Afrique subsaharienne. Les handicaps liés à la langue, à la race, à l'appartenance ethnique et aux différences entre citadins et ruraux demeurent insurmontables. Au Sénégal, les enfants des zones urbaines ont deux fois plus de chances d'être scolarisés que les enfants des zones rurales.
Alors qu'un bon tiers des enfants des pays riches achève des études supérieures, dans la majeure partie de l'Afrique subsaharienne, ils sont moins nombreux à aller jusqu'au terme de l'enseignement primaire, et 5 % seulement à parvenir au niveau universitaire. Source de la dépêche (1449 hits)
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