Le Sommet des Nations Unies consacré aux objectifs du millénaire pour le développement n'a pu que constater l'échec patent dans la réalisation de l'objectif de réduction de la faim. Le Comité français pour la solidarité internationale (CFSI) s'alarme de voir que les engagements pris en ce mois de septembre ne paraissent pas à la mesure de cet enjeu majeur. Changer la donne d'ici 5 ans demande que la communauté internationale mobilise les ressources et la volonté politique nécessaires.
De 850 millions au début des années 2000, le nombre des sous-alimentés est passé en 2010 à 925 millions. C'est peu de dire que la mobilisation de la communauté internationale a gravement échoué sur cet objectif. Ce résultat est le produit d'une sombre arithmétique : aux familles urbaines ou rurales restées sous le seuil de pauvreté et incapables de se nourrir suffisamment chaque jour, se sont additionnées celles, un peu moins pauvres, qui ont subi la très forte augmentation des prix alimentaires à partir de 2008. Dans un laisser-faire généralisé, on a laissé au marché la tâche de nourrir le monde et réduit les aides au développement de l'agriculture locale.
Pour le CFSI, " On ne peut rester indifférent face à une telle atteinte à l'intégrité humaine. Il faut dès aujourd'hui que s'exprime une vraie volonté politique pour mettre fin à ce scandale. Ceci demande en priorité de donner enfin au droit à l'alimentation le pouvoir de sanctionner tous ceux qui le contournent. Et en même temps de prendre les mesures de régulation nécessaires pour éviter de nouvelles envolées des prix agricoles ".
L'Union européenne et la France se sont par ailleurs engagées à augmenter leur aide pour développer l'agriculture dans les pays les plus pauvres, particulièrement en Afrique. Pour le CFSI et ses organisations membres, très impliquées sur le terrain avec les organisations de producteurs, il ne faut pas se tromper de cible. " C'est en priorité l'agriculture familiale et les filières destinées aux marchés locaux qu'il faut soutenir ". Car c'est bien en augmentant le revenu des ruraux et en approvisionnant les villes sans dépendre totalement du marché international que la faim peut reculer en masse de façon durable.
Le CFSI, 50 ans d'action collective du CFSI pour un développement solidaire
Le CFSI, en s'appuyant sur les actions de ses partenaires dans les pays du Sud, a formulé tout au long de son histoire, des propositions pour une plus grande solidarité internationale. En 1963, il s'engage pleinement en relayant en France le Manifeste proclamant le Droit de manger à sa faim signé par des personnalités du monde entier. Le CFSI, membre de Coordination Sud, est une association reconnue d'utilité publique et rassemble 24 organisations de la société civile française qui luttent durablement contre la faim et la pauvreté. Il soutient depuis sa création une cinquantaine de projets de développement à long terme par an, dans le secteur de l'agriculture et l'économie sociale et solidaire en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie. En 2009, le CFSI a accompagné 85 nouveaux projets concrets de développement dans 18 pays : Algérie, Bénin, Burkina-Faso, Cameroun, Congo, Guinée, Guinée-Bissau, Haîti, Madagascar, Mali, Maroc, Mauritanie, Mozambique, Myanmar, Niger, Paraguay, Sénégal, Togo, Tunisie. Depuis 2007, le CFSI a engagé deux programmes pluriannuels d'appuis aux associations locales dans deux pays. En Algérie, le CFSI accompagne les efforts de près de 70 associations en direction de l'enfance et de la jeunesse. Au Congo, il agit avec 60 associations locales pour faire reculer la pauvreté et donner au plus grand nombre l'accès à des services de base, comme l'eau et la santé. Cette année, le CFSI a lancé un appel à projet conjoint avec la Fondation de France pour soutenir une trentaine de projets d'agriculture familiale en Afrique de l'Ouest.
Depuis 10 ans, le CFSI anime ALIMENTERRE, une campagne internationale d'éducation au développement qui vise à informer le grand public et le public scolaire sur les enjeux alimentaires à l'échelle mondiale. Une campagne pour comprendre et agir, expliquer les conditions d'une agriculture durable au Nord comme au Sud et encourager les changements de comportement individuels et collectifs. Organisée autour de deux temps forts, la journée mondiale de l'alimentation et le festival de films, elle rassemble en France chaque année plus de 30 pôles régionaux, 400 associations locales, 80 000 citoyens. La campagne ALIMENTERRE associe le réseau européen EUROSTEP ainsi que Germanwatch (Allemagne), Coste et Terra Nueva (Italie), SOS Faim (Belgique et Luxembourg), Evert Vermeer Schitching (Pays-Bas), PZS, PKE et PAH (Pologne). Dans le cadre de cette campagne, le CFSI et le réseau ALIMENTERRE se mobilise également pour des politiques européennes cohérentes avec le respect du droit à l'alimentation.
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