Après deux semaines de négociations, les 194 États présents à Cancun sont finalement parvenus à un accord, en dépit de l'opposition de la Bolivie, seul État à s'être prononcé contre le texte final jugé par sa délégation comme trop peu contraignant.
Les accords de Cancun sont composés de deux volets. L'un est relatif à la prolongation du Protocole de Kyoto au-delà de 2012 et l'autre est composé d'un ensemble de résolutions et de mécanismes dont le but est la continuité de l'architecture et de la méthodologie de la Convention sur le climat. Parmi ceux-ci, on retiendra trois points fondamentaux directement inspirés par les propositions des pays du Sud comme: l'adoption d'un fonds vert pour le climat, un mécanisme de lutte contre la déforestation tropicale, et un cadre international inédit sur l'adaptation au changement climatique.
Enrayer le changement climatique maintenant et sur le long terme
Le texte adopté a fixé l'objectif de réduire de manière importante les émissions de GES afin de limiter la hausse de la température globale à 2°. Pour parvenir à cela, il est prévu que la réduction des émissions des pays industrialisés augmente de 25 à 40% d'ici à 2020, par rapport à 1990.
La lutte pour enrayer le changement climatique passe aussi par la révision périodique des objectifs à long terme en fonction de l'observation des impacts du changement climatique et des connaissances scientifiques qui seront acquises d'ici cette période. Le texte indique la possibilité de renforcer cet objectif à 1,5°C suivant les rapports que fournira le Groupe intergouvernemental d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (GIEC). La première révision doit démarrer en 2013 pour s'achever en 2015.
L'avenir du protocole de Kyoto reste incertain. Les travaux doivent se poursuivre pour s'assurer qu'entre la période d'engagement qui s'achève à la fin de l'année 2012 et la deuxième, aucun délai ne survienne. Toutefois, le texte ne dit pas clairement qu'il y aura une prolongation après 2012, et ne demande pas non plus aux pays industrialisés d'inscrire leurs objectifs chiffrés de réduction d'émissions de GES pour une seconde période.
La forêt étant au coeur du processus de lutte contre le réchauffement climatique, le texte pose comme objectif de " ralentir, arrêter et inverser la perte du couvert forestier ", à l'origine d'environ 15% à 20% des émissions globales de GES. La conservation de la biodiversité des forêts anciennes est reconnue, ainsi que la participation des parties impliquées dans la gestion de la forêt, comme les communautés locales ou les populations autochtones. Ces mesures seront financées par des " fonds prévisibles et stables ", ce qui élimine en principe le risque de spéculation sur des fonds forestiers et lève par conséquent les ambiguïtés sur le mécanisme REDD (Réduction des émissions liées au déboisement et à la déforestation). Néanmoins, les mécanismes de contrôle restent faibles.
Universalisation de la lutte contre le changement climatique : les pays en développement et la réduction des GES
Les pays en développement, et plus particulièrement les grands émergents comme la Chine et l'Inde, seront tenus de soumettre des rapports tous les deux ans composés des inventaires de GES émis et des informations à propos des actions entreprises pour les réduire. Ces rapports seront soumis à des consultations et analyse internationales (ICA en anglais). Les analyses effectuées seront " non intrusives ", " non punitives ", et " dans le respect de la souveraineté nationale ". Sans ces conditions, les pays du sud n'auraient certainement pas accepté un tel contrôle, qui dépend uniquement de leur bonne coopération. Néanmoins, les avancées obtenues en ce qui concerne les aides au développement devraient les orienter vers une telle démarche.
Les accords prévoient la création d'un Fonds vert climat pour " soutenir des projets, programmes, politiques des pays en développement ". Ce fonds sera transitoirement géré par la Banque mondiale durant trois ans et sera administré par un Conseil composé de 24 membres, avec une représentation paritaire des pays développés et en développement. Afin de promouvoir les nouvelles technologies vertes dans les pays du Sud, l'accord prévoit la création d'un Centre de technologie pour le climat (composé d'experts chargés de faire des propositions) et d'un réseau afin de faciliter la constitution de projets à réaliser sur le terrain.
Le fast start, ou financements précoces, doit rassembler 30 milliards de dollars additionnels d'ici à 2012 pour financer des mesures de réduction des émissions de GES dans les pays en développement et des mesures d'adaptation aux impacts du réchauffement. Au-delà de cette date assez proche, il est prévu que le Fonds vert pour le climat prenne la suite en finançant les actions précitées avec une dotation annuelle qui devrait atteindre 100 milliards de dollars à partir de 2020.
[COP16-CLIMAT]
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