Les agriculteurs savent
depuis longtemps composer avec le climat. Toutefois, la spécificité des
changements actuellement observés pourrait avoir de fortes répercussions
sur le secteur qui les obligent à revoir plus sérieusement
l'affectation des sols et les méthodes de production.
Il importe donc de comprendre comment les facteurs culturels et sociaux
(éducation, information, pratiques locales traditionnelles) se
conjuguent avec les dispositifs incitatifs pour faciliter ou freiner la
mise en oeuvre de mesures d'adaptation et d'atténuation.
À partir de l'expérience acquise dans les pays de l'OCDE, le présent
rapport met en évidence des formes d'intervention propices à une
agriculture durable et résiliente dans l'optique du changement
climatique. Aussi faut-il prendre en compte le comportement des
agriculteurs pour que les politiques soient à la fois plus efficaces
pour l'environnement et plus rentables.
En général, les instruments employés sont loin d'avoir les retombées
environnementales escomptées, pour des raisons institutionnelles,
culturelles, sociales et politiques. Les mesures incitatives,
l'éducation et l'information, ainsi que la cohérence et la compatibilité
avec les pratiques locales traditionnelles, entrent toutes en jeu dans
les résultats enregistrés.
Quatre grandes conséquences s'ensuivent pour l'action des pouvoirs publics:
- Une démarche holistique est nécessaire. Pour que le
secteur agricole puisse contribuer à l'atténuation des émissions de GES
et à l'adaptation au changement climatique, il faut sans doute associer
des instruments d'intervention et d'autres mécanismes, faisant appel
aux habitudes, aux
connaissances et aux normes, susceptibles d'influencer le comportement des agriculteurs.
- Le changement de comportement doit être envisagé au niveau local.
Face à l'hétérogénéité spatiale, l'action publique doit tenir compte du
fait que les instruments fonctionnent différemment selon les sites et
selon les agriculteurs.
- Une démarche fondée sur des méthodes douces pour inspirer
les bonnes décisions - " nudging " - pourrait être utilement envisagée.
Cette démarche passe par un léger changement du contexte social qui
modifie les comportements sans recourir à la contrainte. Les mesures
jouant sur la " visibilité ", telles que l'étiquetage (empreinte
carbone), en offrent une illustration. Elles encouragent les
agriculteurs à déterminer les efforts qui s'imposent, tandis que les
consommateurs sont informés de ces efforts par l'étiquetage.
- La formation de réseaux d'agriculteurs et l'action collective peuvent jouer un rôle important.
Les normes sociales - ou capital social - pourraient bien exercer une
influence sur l'action collective des agriculteurs (c'est-à-dire sur les
formes diverses d'activité de groupe). Il faudrait envisager
sérieusement des solutions collectives susceptibles de se substituer au
marché ou à la réglementation face à beaucoup de problèmes liés à
l'agriculture et aux ressources naturelles. Étant donné que l'adaptation
et l'atténuation relèvent de l'intérêt public (valeur partagée), les
stratégies mettant en avant la coopération entre agriculteurs ont leur
place dans l'action gouvernementale.