Si la vie des femmes et des filles à travers le monde s'est améliorée dans plusieurs domaines au cours des vingt dernières années, beaucoup reste encore à accomplir pour faire de l'égalité des sexes une réalité, indique un nouveau rapport du Département des affaires économiques et sociales de l'ONU (DAES), rendu public mardi.
« Nous ne pouvons pas réaliser le Programme de développement durable à l'horizon 2030 sans obtenir des droits égaux pour la moitié de la population mondiale, en droit comme en pratique », a récemment déclaré le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, lors d'un événement organisé fin septembre au siège de l'Organisation à New York, en marge de l'adoption du Programme et de ces 17 Objectif de développement durable (ODD).
Intitulé 'Les femmes dans le monde en 2015', le nouveau rapport du DAES met en perspective le chemin restant à parcourir dans la réalisation de l'ODD numéro 5 sur la mise en œuvre de l'égalité des sexes dans le monde.
Ce rapport liste tout d'abord un certain nombre d'améliorations concernant les femmes au cours des 20 dernières années, y compris l'allongement de la durée de leur vie, un meilleur accès à l'éducation et une plus grande indépendance.
Selon le rapport, l'espérance de vie mondiale a en effet atteint 72 ans pour les femmes, par rapport à 68 ans pour les hommes. Le nombre de décès maternels a quant à lui diminué de 45% entre 1990 et 2013.
« Bien qu'elles continuent de se marier quelques années plus tôt que les hommes, l'âge moyen de mariage chez les femmes a également augmenté, reflétant des niveaux d'enseignement plus élevés, une entrée plus tardive dans la vie active ainsi qu'une indépendance économique accrue », a salué le DAES dans un communiqué de presse annonçant la sortie du rapport.
Le rapport indique par ailleurs que la scolarisation des enfants dans l'enseignement primaire est désormais presque universelle.
« L'écart entre les sexes a rétréci et une fois qu'elles se sont inscrites à l'école, les filles réussissent mieux que les garçons à travers l'éducation primaire dans les deux tiers des pays », a précisé le DAES.
Toutefois, le rapport met en évidence des disparités de genre dans certains pays en développement.
« Aujourd'hui, 58 millions d'enfants en âge de se rendre à l'école primaire ne sont pas scolarisés dans le monde. Plus de la moitié d'entre eux sont des filles et près des trois quarts vivent en Afrique sub-saharienne et en Asie du Sud », précise le rapport, soulignant que près des deux tiers des adultes analphabètes dans le monde sont des femmes, une proportion inchangée au cours des 20 dernières années.
Le rapport note en outre que plus d'un tiers des femmes dans le monde ont été victimes de violence physique et / ou sexuelle au cours de leur vie, bien que 60% d'entre les victimes ne dénoncent pas officiellement ces violences.
Par ailleurs le rapport observe que le taux de mariage forcé des enfants reste un problème majeur, même s'il a diminué de 31% en 1995 à 26% en 2010 en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne.
Seulement 50% des femmes en âge de travailler sont actives, comparé à 77% des hommes, précise par ailleurs le rapport, ajoutant que les femmes ont tendance à se cantonner à des emplois faiblement rémunérés et gagnent en moyenne entre 70 et 90% de ce que gagnent les hommes.
En outre, les femmes passent en moyenne trois heures de plus par jour que les hommes à accomplir des tâches ménagères et à prendre soin des membres de leur famille dans les pays en développement (et deux heures de plus par jour que les hommes dans les pays développés).
« En raison de la division sexuelle du travail rémunéré et non rémunéré, dans de nombreux pays, les femmes continuent d'être économiquement dépendantes de leurs époux », déplore le rapport, ajoutant que les femmes continuent aussi de peser moins que les hommes dans la sphère publique.
Les femmes chefs d'État ou de gouvernement demeurent une exception, bien que le monde en compte actuellement 19, soit une légère amélioration par rapport au 12 constatés en 1995, indique le rapport.
De même, seulement 22% des parlementaires et 18% des ministres nommés sont des femmes, précise l'étude, ajoutant que la représentation des femmes parmi les dirigeants d'entreprise et les hauts fonctionnaires reste également faible.
« Aucun pays n'a pour l'instant atteint la parité et seulement environ la moitié d'entre eux ont atteint au moins de 30% de représentation des femmes dans ces domaines », souligne l'étude du DAES.
[ODD2030]
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