Lentement mais sûrement, la planète se convertit aux énergies renouvelables. Une transition énergétique favorisée par les avancées technologiques, mais aussi par le développement des compteurs connectés, comme Linky. L'objectif du 100% renouvelable apparaît plus réaliste que jamais.
Historique. Selon l'Agence internationale de l'énergie renouvelable (Irena), l'année 2016 a battu tous les records en termes de production d'électricité par les énergies renouvelables (EnR) au niveau mondial. Une production qui a augmenté de 161 GW ( 8,7%) l'année dernière.
L'énergie solaire photovoltaïque et l'éolien ont affiché les plus fortes progressions. Le solaire est ainsi devenu la première source d'énergie renouvelable ( 71 GW de capacités supplémentaires), suivi par l'éolien ( 51 GW) – entre 2011 et 2015, leurs capacités de production installées ont augmenté respectivement de 42% et 17%. L’hydroélectricité ( 30 GW) et les bioénergies ( 9 GW) tirent aussi leur épingle du jeu.
C'est dans la production électrique mondiale que la part des EnR a le plus progressé : elle atteignait déjà 23% en 2014, dont 17% juste pour l'hydraulique. Mais les efforts sont encore inégalement répartis entre pays.
La France rattrape son retard
C'est en Asie que les EnR se développent le plus spectaculairement, le continent concentrant 58% des puissances raccordées en 2016. L'Asie dispose ainsi d'un parc de plus de 800 GW, soit 41% du total mondial des EnR. L'année 2016 y a consacré l'engouement pour l'énergie solaire : 34 GW en Chine, 8 GW au Japon et 4 GW en Inde. L'éolien s'est aussi envolé : 19 GW en Chine et 4 GW en Inde.
En comparaison, l'Europe fait pâle figure. La puissance installée dans toute l'Europe en solaire n'a augmenté que de 5 GW au cours de l'année 2016. Longtemps pointée du doigt pour son retard, la France semble enfin croire au pari du renouvelable. La part des EnR dans la consommation énergétique finale est ainsi passée de 10,3% en 2005 à 14,9% en 2015 et de 11% à 17% dans la consommation intérieure brute d'électricité. Et l'objectif européen, auquel la France a souscrit, est d'atteindre 23% d'EnR dans sa consommation énergétique finale d'ici à 2020.
Mais la France n'est pas la Chine, et le développement des EnR se heurte encore à la prééminence du nucléaire, mais aussi, par exemple, aux nombreux recours de riverains qui entravent le déploiement des éoliennes sur le territoire. Malgré ces retards, certains pensent que la France est en mesure de produire 100% d'énergie renouvelable d'ici 2050.
C'est le cas de l'association négaWatt, pilotée par une vingtaine d'experts indépendants, qui ont fait sensation en présentant, le 25 janvier dernier, leur « scénario 2017-2050 ». Selon ce document, la combinaison de la sobriété énergétique (lutte contre les gaspillages, adoption de modes de vie plus économes), de l'efficacité énergétique (amélioration des performances des logements, transports ou équipements) et de ressources intégralement renouvelables permettrait de changer radicalement de modèle.
« Nous persistons et nous signons, affirme Thierry Salomon, vice-président de l'association. Nos choix, dont certains pouvaient paraître osés il y a quelques années, sont aujourd'hui étayés par les progrès réalisés dans les solutions alternatives ». Et de proposer de tirer un trait définitif sur les combustibles fossiles et les carburants dérivés du pétrole, en ayant recours à l’électricité et au biogaz d'origine renouvelable. « Le défi le plus difficile à surmonter est la réduction de la consommation, qui suppose des réorganisations industrielles et des évolutions sociétales drastiques », évalue Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER).
En matière « d'évolution sociétale drastique », l'arrivée des compteurs communicants, à l'instar de Linky pour les abonnés français d'EDF, pourrait bien accélérer cette transition énergétique. La transformation digitale permet en effet de mieux gérer la demande en énergie : les compteurs intelligents mesurent la demande énergétique en temps réel, et les foyers peuvent également régler leur consommation d'électricité selon les prix en vigueur. Une gestion tarifaire dynamique, en d'autres termes, qui pourra aussi tirer le meilleur parti des EnR. Certains imaginent même des échanges d'énergie entre particuliers ou communautés, à un niveau local.
Le 100% renouvelable est « réaliste », selon les experts
S'il convient encore de régler le problème du stockage, les EnR étant souvent, par définition, intermittentes, ce mouvement vers plus de renouvelable a toutes les raisons de continuer. D'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la baisse du coût et les retours d'expérience dans le photovoltaïque et l'éolien devraient permettre de baisser les coûts de production électrique respectivement de 25% et 15% d'ici 2021.
Une étude menée par l'UTS Institute for Sustainable Futures de Sydney (Australie) vient de révéler que la majorité des 114 experts de l'énergie interrogés dans le monde s'accordent à dire que la transition vers 100% de renouvelable est non seulement « faisable », mais « réaliste ». « Il y a consensus parmi les experts interrogés sur le fait que les EnR domineront le futur », s'enthousiasme le docteur Sven Teske, qui a mené l'étude. Pour lui, « La question n'est plus de savoir si nous pouvons réussir la transition vers les EnR, mais quand ».