Le Conseil économique et social (ECOSOC) de l'ONU a organisé, une réunion spéciale sur les innovations pour le développement des infrastructures et la promotion d’une industrialisation durable, au cours de laquelle les appels se sont multipliés pour combler les lacunes dans l’infrastructure, l’industrialisation et l’innovation des pays en développement.
À cette occasion, le Président de l’ECOSOC, M. Frederick Musiiwa Makamure, a souligné que les infrastructures, l’industrialisation et l’innovation sont des facilitateurs de la croissance et du développement durable, à commencer par la réalisation de l’objectif 9 qui invite la communauté internationale à « bâtir une infrastructure résiliente, à promouvoir une industrialisation durable qui profite à tous et à encourager l’innovation ».
Le Secrétaire général adjoint des Nations Unies aux affaires économiques et sociales, M. Wu Hongbo, a d’ailleurs rappelé la portée « catalytique et transversale » que revêt cet objectif.
Il a également a appelé à développer des technologies capables de renforcer l’accès aux infrastructures et à une industrialisation durable dans les zones rurales qui concentrent 75% des personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde.
« Au cours des 20 dernières années, les pays qui ont réussi à faire décoller leur secteur manufacturier ont également pu faire baisser leur taux de pauvreté, a justement fait observer le Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), M. Li Yong, pour qui le développement des infrastructures serait le chaînon manquant pour le développement durable des pays en développement. D’où des projets tels que le Programme de partenariat entre pays (PCP) et l’Initiative pour le développement de l’agribusiness et des agro-industries en Afrique (ID3A), que l’ONUDI promeut en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
C’est dans cette mouvance de partenariat que le représentant de l’Équateur, s’exprimant au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a appelé à établir un mécanisme de transfert des technologies et à rendre opérationnelle la Banque de technologies pour les pays les moins avancés (PMA), invitant les pays industrialisés « à ne pas faire tomber l’échelle » qu’ils ont eux-mêmes utilisée pour atteindre leur niveau de développement industriel actuel.
Le Directeur général du Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), M. Ibrahim Mayaki, a toutefois estimé que ce continent est « parfaitement capable » de financer sa propre industrialisation, arguant que des fonds peuvent être mobilisés en venant à bout des flux financiers illicites.
Outre les déclarations liminaires, cette journée de travaux a également été ponctuée par la tenue de trois sessions interactives portant sur le lien industrialisation-infrastructure dans les pays en développement, le potentiel des systèmes agro-industriels et agricoles aux fins du développement durable et, enfin, le renforcement des capacités et mobilisation des ressources pour l’infrastructure, l’industrialisation et l’innovation
La Haute-Représentante pour les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID), Mme Fekitamoeloa Katoa Utookamanu, a notamment indiqué que l’innovation dans l’énergie durable permettrait d’améliorer la situation des pays en développement sans littoral et les PEID qui font face à un « désavantage géographique » qui les contraint à dépenser davantage pour assurer le transport de leurs produits, ce qui augmente le prix des importations et des exportations.
La nécessité de moderniser les systèmes agricoles, en Afrique notamment a été soulignée par M. Anrez Bvumbe, du Groupe de la Banque mondiale, qui a relevé que le secteur agricole représente le quart du produit intérieur brut (PIB) du continent, alors que celui-ci importe plus de 2 milliards de dollars de vivres par an. Malgré la place de l’agriculture dans l’économie des pays africains, a-t-il déploré, seulement 5% des prêts bancaires sont dirigés vers ce secteur.
On ne peut parler d’agro-industrie dans ce contexte d’agriculture de subsistance, a par ailleurs souligné M. Bvumbe, déplorant notamment l’utilisation de technologies agricoles désuètes, les problèmes de stockage des récoltes ou encore la question de la propriété foncière, « véritable catalyseur des prêts bancaires mais qui souffre de législations peu claires ».
De nombreuses préoccupations ont également été soulevées au sujet du manque d’investissements dans les infrastructures qui, selon le Représentant spécial de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) auprès de l’ONU, M. Marcos Bonturi, ont atteint un niveau historiquement faible à l’échelle mondiale.
Ce dernier a signalé que l’aide publique au développement (APD) est actuellement la principale source de soutien aux infrastructures des pays en développement, et a argué que le meilleur moyen d’attirer davantage d’investissements privés serait de mettre fin aux restrictions réglementaires et au manque de transparence qui pèsent sur les marchés publics. Les technologies vertes, a-t-il précisé, sont particulièrement affectées par ces obstacles réglementaires.
Les résultats de la Réunion spéciale serviront de contribution à la session de fond de l’ECOSOC de 2017 et au Forum politique de haut niveau de 2017, organisé sous les auspices de l’ECOSOC. Cette Réunion spéciale avait été précédée de deux sessions préparatoires à Dakar, au Sénégal, en mars dernier, et à Victoria Falls, au Zimbabwe en avril de cette année.
[ODD2030-09] [MFT-ODD]
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