La science, la technologie et l’innovation au service de la réalisation des objectifs de développement durable, c’est ce qu’examinait aujourd’hui le troisième Forum de collaboration multipartite sur ce thème, réuni pendant deux jours pour partager des expériences et envisager des solutions. L’idée est de relier les progrès dans ces domaines à l’objectif de « ne laisser personne de côté », le leitmotiv du Programme de développement durable à l’horizon 2030, comme l’a expliqué la Présidente du Conseil économique et social (ECOSOC), Mme Marie Chatardova.
Cette session se déroule au lendemain du lancement, hier à Gebze (Turquie), de la Banque de technologies pour les pays les moins avancés, un processus qui concrétise la cible 17.8 des objectifs de développement durable.
À cette occasion, la Chef de Cabinet du Secrétaire général, Mme Maria Luiza Ribeiro Viotti, a assuré les États Membres et toutes les parties prenantes que le système des Nations Unies est déterminé à favoriser leur accès à la connaissance et aux nouvelles technologies.
Le Forum, qui va se tenir jusqu’en 2030, s’inscrit dans le cadre du Mécanisme de facilitation des technologies, un processus découlant du Programme d’action d’Addis-Abeba et du Programme 2030. Le Mécanisme démontre que les États Membres ont reconnu l’importance fondamentale du secteur « science, technologie et innovation » pour la réalisation du développement durable, a remarqué le Secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, M. Liu Zhenmin.
L’économiste en chef du Département des affaires économiques et sociales, M. Elliott Harris, a d’ailleurs présenté les 200 pages de conclusions initiales du Mécanisme, avant que les nouveaux membres du Groupe d’experts chargé d’appuyer le travail du Mécanisme se présentent au Forum en détaillant chacun leurs spécialités et priorités.
L’objectif du Forum est d’identifier les besoins technologiques, notamment en termes de coopération scientifique, d’innovation et de renforcement de capacités, a expliqué la Présidente de l’ECOSOC. M. Zhenmin a précisé que le Forum se veut un espace de collaboration, de promotion des réseaux, de discussions et de partenariats. Car la science a toujours transcendé les frontières, a commenté la Ministre d’État pour les sciences avancées des Émirats arabes unis.
Le Groupe des 77 et la Chine a vu le Forum comme une plateforme d’échanges entre les pays développés et les pays en développement. Il a mis l’accent sur l’utilisation de la science, la technologie et l’innovation dans cinq domaines d’action: le renforcement des services sociaux de base, le comblement du fossé numérique et technologique, le renforcement des capacités des pays en développement, les remèdes aux problèmes de structures technologiques de ces pays, et le développement, la diffusion et le transfert de technologies à leur égard à des conditions favorables.
Pour les pays les moins avancés (PMA), qui n’ont pas les capacités pour acquérir des technologies de pointe, il faut veiller à ce que la quatrième révolution numérique n’aboutisse pas à creuser le fossé technologique ni à des pertes massives d’emploi, ce que la robotisation et l’intelligence artificielle pourraient causer. C’est justement une des conclusions du rapport du Mécanisme: avec les changements technologiques, de nouveaux emplois sont créés tandis que d’autres sont abolis.
Mais même si elles posent des risques d’effets négatifs à long terme, les nouvelles technologies représentent un grand potentiel pour la réalisation des objectifs de développement durable dans tous les pays. Cela ressort aussi des conclusions du Mécanisme qui sont le fruit de travaux de plusieurs experts et entités du système de l’ONU. Car dans tout changement technologique, il y a des gagnants et des perdants, comme le confirment les écarts entre pays, entre hommes et femmes, entre groupes sociaux.
Parmi les autres conclusions du rapport du Mécanisme, il y a la nécessité de gérer les avantages et les inconvénients des nouveaux matériaux, des technologies numériques, bio, des nanotechnologies ou encore de l’intelligence artificielle, des outils qui offrent des promesses énormes pour l’eau à haute efficacité et les systèmes d’énergie renouvelable, mais qui consomment beaucoup d’énergie. De même pour la cryptomonnaie qui consomme une grande quantité d’électricité. Le Bitcoin, par exemple, a utilisé 68 kilowatts/heure d’électricité sur un an, ce qui représente la consommation de la République tchèque.
Cette première journée de travaux du Forum a été rythmée par trois tables rondes qui ont examiné la science, la technologie et l’innovation en tant qu’outils au service des objectifs de développement durable relatif à l’eau et l’assainissement; aux modes de consommation et de productions durables; et à la protection de l’écosystème terrestre.
Plusieurs experts ont présenté des projets novateurs, comme FoPo Food Power, une farine faite à partir de fruits et légumes en principe perdus car inaptes à la vente, et « SweetSense Remote Water Monitoring Plateform », un système de contrôle à distance de la qualité de l’eau. On a aussi parlé de l’initiative « City tree » qui installe des panneaux de mousse dans les villes pour capturer les émissions de carbone, de la plateforme de covoiturage « blablacar.fr » ou encore du réseau « la ruche qui dit oui » qui relie producteurs durables et consommateurs.
Un avertissement a toutefois été lancé par une experte norvégienne: « notre fascination pour l’innovation nous a conduit à ignorer de plus en plus les connaissances des peuples autochtones en matière de gestion des écosystèmes ». Raison pour laquelle l’UNESCO a lancé un programme qui cherche à pallier les pertes en biodiversité en s’appuyant sur les savoirs autochtones.
[ODD2030], [MFT-ODD]
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