Le théâtre pourrait être un outil insoupçonné de sensibilisation environnementale auprès des plus jeunes, des jeunes et des adultes. Faire parvenir le savoir sur le changement climatique à différents groupes sociaux grâce à des ateliers de théâtre peut s’avérer une initiative innovante comme attirante. Ce théâtre pédagogique existe déjà sous le nom de théâtre populaire et a été développé pour la première fois en Amérique Latine par le brésilien Augusto Boal. Le dramaturge a inventé toute une série d’exercices théâtraux pour les non-acteurs désirant s’initier dans cet art du spectacle. En effet, son public concerné était les classes ouvrières, les paysans ou autres communautés dites opprimées, son but étant de transformer ces spectateurs en acteurs de leur propre vie pour changer leur situation d’oppression. Suivons ce modèle, on pourrait imaginer une nouvelle forme de théâtre de l’Opprimé en théâtre de « Révolution climatique ». Par exemple, l’une des techniques du théâtre de Boal appelée théâtre-image, consiste à initier un dialogue corporel autour d’une réalité difficile qui concerne l’ensemble du groupe. Les participants sont amenés à représenter cette situation avec leur corps, en prenant des postures figées telles des statues. Supposons que le thème choisi est la déforestation, les participants devraient se positionner et former collectivement avec leurs corps, tous les acteurs engagés dans l’abattage des arbres (grues, hommes avec des scies, arbres, lobbies, etc). L’objectif est de trouver une solution au problème et si certains participants sont en désaccord avec le résultat obtenu, ils interviennent sur scène et corrigent la position de leurs camarades autant de fois nécessaires jusqu’à trouver LA solution à la déforestation. Seuls les participants peuvent intervenir, le directeur ou directrice du groupe ne peut pas participer en leur donnant sa solution à lui ou elle.
L’efficacité de ce type de sensibilisation par le théâtre est l’implication des acteurs qui passent directement à l’action sur scène. Ils prennent conscience du problème, ici les enjeux climatiques, en agissant sur un scénario improvisé. Ainsi, la théorie est simultanément appliquée et des solutions réelles sont trouvées. Le théâtre de l’Opprimé est né dans un contexte de dictature où il fallait donner aux hommes les moyens de se libérer. Dans le contexte actuel, cette forme théâtrale donnerait aux participants les moyens de produire des actions écologiques dans leur propre communauté, c’est-à-dire initier des projets de protection de l’environnement à l’échelle locale. C’est une idée de pédagogie participative ludique qui prépare le citoyen à l’engagement climatique dès l’enfance. Pourquoi pas l’appliquer dans les écoles, les communautés rurales et urbaines marginalisées, les universités, etc. ?