Depuis quelques temps on assiste à un regain d’intérêt pour l’énergie nucléaire. Ce qui entraine aussi le retour dans l’actualité un ensemble de questions fondamentales liées au recours à l’énergie nucléaire. Donc le débat entre les pro- et antinucléaire vient occuper le devant de la scène. Un débat ayant pour toile de fond des questionnements autour des problèmes relatifs à la prolifération nucléaire (terrorisme nucléaire), la question des déchets, le financement des investissements et les ressources en combustible entre autres.
1- La prolifération
Ce problème réside dans la perméabilité des frontières entre les applications civiles et les applications militaires du nucléaire. Il y a aussi le risque de terrorisme nucléaire par le détournement des matières radioactives pour les utiliser comme arme toxique ou pour fabriquer des «bombes radiologiques», ou par le sabotage direct au niveau d’un réacteur. Une telle situation a conduit très tôt la plupart des pays à se doter, soit au niveau local, soit au niveau international, des outils légaux pour en limiter les conséquences. Citons entre autres la création de l’AIEA en 1957, le Traité de non-prolifération en 1969, le Traité d’interdiction complète des essais nucléaires en 1996. Ce dernier n’étant pas toujours pas entré en vigueur du fait que 10 Etats sur 44 ne l’ont pas encore ratifié. Ces 10 pays sont : la Chine, l’Inde, la Corée du Sud, l’Iran, la Colombie, l’Egypte, l’Indonésie, l’Israël, le Pakistan et les Etats-Unis d’Amérique. La crise actuelle entre l’Iran et les puissances occidentales montre comment il est difficile d’empêcher un pays de développer un armement nucléaire s’il en a la volonté.
2- Les déchets
L’un des plus grands défis du nucléaire reste la problématique de la gestion des déchets. Du fait de leur radioactivité, ces déchets (surtout ceux qui sont les produits de la fission, c’est-à-dire le résultat de la cassure en deux des noyaux d’uranium) doivent être soigneusement confinés.
Ludovic Mons[1] distingue trois types de déchets nucléaires :
a) Les déchets de très faible activité qui proviennent notamment des résidus du traitement des minerais, de ferrailles et de gravats d’atelier et représentent de gros volumes.
b) Les déchets de faible et moyenne activité à vie courte (quelques dizaines d’années) sont générés par l’exploitation et la maintenance des centrales nucléaires. Ils sont compactés et mis en fûts métalliques quand leur radioactivité est faible. Lorsque celle-ci est plus importance, les déchets sont enrobés dans du béton ou des résines et confinés dans les conteneurs en béton.
c) Enfin, les déchets à vie longue (de quelques centaines d’années à plusieurs millions d’années) et/ou hautement radioactifs sont constitués des gaines entourant le combustible, des combustibles usés quand ils ne sont pas retraités et des produits de fission. Ils sont conditionnés dans du béton et/ou vitrifiés. Dans de nombreux pays, ils sont stockés sur le lieu même de leur traitement avant de trouver une solution de stockage definitif.
Face à ce problème de déchets nucleaires des solutions techniques existent, la plus prometteuse (avec des implications encore problématiques) étant le stockage géologique profond. Mais la complexité et les enjeux sont tels qu’il faudrait développer des collaborations au niveau mondial pour arriver au concept de stockages internationaux (tous les pays nucleaires n’ayant pas les structures géologiques adéquates garantissant un stockage sur leur territoire).
3. Le financement des investissements
Généralement les investissements nucleaires nécessitent des capitaux important et compte tenu de la durée de l’aboutissement du processus. En effet, il faut 2 à 5 ans d’études préliminaires, 5 à 8 ans de réalisation et le temps de retour sur investissement est particulièrement long (environ 10 à 15 après le début de mise en œuvre). Les incertitudes sont telles qu’en pratique, peu d’investisseurs accepteront de prendre le risque d’investir dans un réacteur nucléaire à moins que les pouvoirs publics définissent un cadre adapté prenant en charge une partie du risque. C’est pour cela que les recherches et les applications sont surtout réalisées par le secteur public.
4- Les ressources en uranium
Enfin, se pose la question des ressources en uranium qui est le principal combustible utilisé. Ces ressources sont disponibles dans des ordres de grandeurs comparables aux ressources pétrolières et gazières : soit environ 60 ans à consommation constante et dans les conditions actuelles. Face à cela, on envisage le recours aux réacteurs à neutrons rapides qui permettra à long terme de s’affranchir de toute contrainte. En effet l’utilisation de ces réacteurs diviserait le besoin en matière première par un ordre de grandeur compris entre 50 et 100. La durée des ressources en matières premières (ressources en uranium) est alors multipliée par le même facteur. Mais depuis près de 50 ans de recherches et d’investissements les résultats sont peu probants.
Après tout, le nucléaire reste sans doute une énergie d’avenir, à condition de ne pas évacuer les questions sensibles que l’on vient d’évoquer. Des questions fondamentales auxquelles l’on doit répondre avec des solutions techniquement adéquates et écologiquement bénéfiques.
Entre temps, tout le monde doit s’engager à une meilleure utilisation de l’énergie qui soit respectueuse de l’environnement et du devenir des générations futures.
Gérald CASSIS
Membre du Comité Jeunes Reporter Médiaterre
Port-au-Prince, Haïti.
[1] Ludovic Mons,, Les Enjeux de l’énergie. Pétrole, nucléaire et après ? Petite Encyclopédie Larousse, 2006.
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