Du 7 au 18 décembre va se tenir à Copenhague la Conférence de l'ONU sur le changement climatique. Les décisions de cette conférence engageront l'avenir de notre planète. Demandons-nous : quelles voix se feront entendre à Copenhague ? Celles des puissances financières qui contrôlent la plupart des medias. Ces puissances de l'argent dont le souci pour le bien commun n'est pas manifeste. C'est le moins que l'on puisse dire. Allons-nous laisser ceux qui crient le plus fort décider seuls de notre avenir ?
Les paysans du Sahel, confrontés depuis de nombreuses années aux caprices du climat, ont quelques choses à apporter dans le débat actuel. Nous y reviendrons. Mais, pour mieux saisir cet apport des paysans du Sahel, nous vous proposons de commencer par une réflexion sur le sol.
“Nous en savons davantage sur le mouvement des corps célestes que sur le sol que nous foulons”
Léonard de Vinci
Certaines choses n’ont guère changé depuis l’époque de Léonard de Vinci il y a 500 ans. Pour beaucoup, le sol n’est qu’un mélange de terre et de poussière, mais en réalité, les sols sont l’un des écosystèmes terrestres les plus extraordinaires : Des millions de plantes, de bactéries, de champignons, d’insectes et autres organismes vivants, invisibles pour la plupart à l’œil nu, prennent part à un processus en évolution constante de fabrication et de décomposition de la matière organique vivante. Le sol est également le point de départ obligé pour quiconque veut produire de la nourriture.
Les sols contiennent aussi d’énormes quantités de carbone, principalement présent sous la forme de matière organique. A l’échelle planétaire, ils contiennent au moins deux fois plus de carbone que la végétation terrestre. Cependant, au cours du siècle passé, l’agriculture industrielle et les engrais chimiques dont elle dépend n’ont généralement pas tenu compte de l’importance de la fertilité du sol et ont provoqué des pertes massives de matière organique. Une grande partie de cette matière organique s’est retrouvée dans l’atmosphère sous forme de dioxyde de carbone (gaz carbonique ou CO2), le plus important des gaz à effet de serre.
La façon dont l’agriculture industrielle a traité les sols constitue un facteur clé de la crise climatique actuelle.
Toutefois, bien loin du rôle qu’on se contente généralement de leur attribuer, les sols peuvent véritablement apporter une partie de la solution. D’après nos calculs, si nous parvenions à réincorporer dans les sols agricoles la matière organique que nous perdons à cause de l’agriculture industrielle, nous pourrions capturer au moins un tiers du CO2 actuellement en excès dans l’atmosphère. Si, ensuite, nous décidions de reconstituer les sols, nous aurions, en cinquante ans, capturé environ les deux tiers de l’excès de CO2. Ce faisant, nous obtiendrions des sols plus sains et plus productifs et serions en mesure de nous passer des engrais chimiques, qui sont eux aussi l’une des causes majeures des gaz à la source du changement climatique.
Selon Via Campesina, une agriculture fondée sur une production à petite échelle, utilisant des méthodes agro-écologiques et tournée vers les marchés locaux peut à la fois refroidir la planète et nourrir le monde. C’est parfaitement exact et cela s’explique principalement par le rôle joué par le sol.
Ces quelques lignes ont été publiées par Grain.
En cliquant sur le logo de cette organisation internationale à but non lucratif, vous pourrez lire la suite de cet article très bien documenté.
(A noter que Grain propose également une version en anglais, et une en espagnol de ce document).
Koudougou, le 23 novembre 2009
Maurice Oude,
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