Par Jean-Louis Guelson, agent de vente de la Route du café, et étudiant en Droit à l'école de droit et des sciences économiques des Gonaïves / Université d'État d'Haïti
La route du café est un projet écotouristique novateur, initié par M. Rudolph Dérose en 2014 dans la région du Sud-Est d'Haïti. Le projet est mené en étroite collaboration avec l'association des planteurs de café de fonds Jean-Noël (APKF), et il est axé sur le développement socio-économique en milieu rural. Le café est le produit par excellence pour asseoir l'idée et la faire fructifier. Non seulement il peut être générateur de revenus substantiels, mais il motive également les acteurs du milieu rural à protéger l'environnement en réduisant la coupe des arbres de par la nature même du caféier qui réclame une importante couverture végétale.
La filière du café, en Haïti, affiche une baisse continue de sa production. Cette longue chute a débuté il y a une cinquantaine d'années. Selon les estimations de l'Organisation internationale du café (OIC), pour l'année 2010 la production d'Haïti était de 351 000 sacs de 60 kilos contre 345 000 sacs en 2016. La production haïtienne représentait alors environ 0,2 % de la production mondiale évaluée à 153 869 000 sacs.
À l'heure de la réforme économique, Haïti a signé des accords avec la Communauté de la caraïbe (CARICOM), la zone de libre-échange des Amériques (ZLÉA), l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui n'ont pas encore su profiter à l'économie nationale. En conséquence, et la production du café a connu des retombées négatives telles qu'une chute des prix et une baisse de la production surtout après le séisme du 12 janvier 2010.
Cela dit, de par son importance pour l'environnement, ses exportations qui génèrent des revenus et la création d'emplois, le caféier demeure une culture stratégique pour le pays.
C'est dans l'objectif de ramener le café à sa dimension culturelle, économique et écologique que la Route du café est née.
Après l'établissement d'un protocole d'accord avec les différents associations, plateforme et regroupement, un budget a été établi pour lancer un projet. D'une part, ce projet de tourisme durable, la Route du café, devait établir des conditions favorables à la relance de la filière du café dans le bas Sud-Est d'Haïti. D'autre part, il souhaitait instaurer un circuit touristique dans le département, d'où le nom de Route du café. Le café allie ainsi le tourisme durable et un développement communautaire plus durable.
Le tourisme alternatif renforcé la motivation des acteurs de par son potentiel à générer des revenus additionnels, à créer des emplois et à rehausser les valeurs du terroir.
Cette forme de tourisme, dite communautaire, a également l'avantage de garder un maximum de revenus dans le pays. En général, et selon des statistiques publiées en 2016, on constate que 55% des revenus retournent vers le pays d'origine des investissements. Dans certains cas, cette proportion monte jusqu'à 80%, quand on considère les marchés du tourisme de masse.
Les communautés hôtes bénéficient d'ailleurs de la création d'emplois, de la vente de produits d'artisanats, du transport à interne et des produits agricoles.
Enfin, le tourisme qui invite dans la communauté favorise une interaction avec les acteurs locaux, de laquelle découle des échanges de différents ordres : acheteurs-vendeurs, investisseurs-entrepreneurs, etc.
Dans des domaines comme l'artisanat, l'agriculture, la santé ou l'éducation, ces échanges ont un effet positif dans la mesure où les habitants de la route du café sont à la fois acteurs et bénéficiaires.
À court terme, la Route du café a provoqué une prise de conscience des acteurs locaux - planteurs, boutiques de produits agricoles, etc., des autorités locales et centrales sur l'importance du tourisme solidaire et un impact positif pour le développement durable des communautés.
À moyen terme, on a vu des projets de partenariats développés suivant l'approche « business to business » (ou B2B) avec les propriétaires terriens dans une forme de « joint venture » pour assurer la capacité de production et l'écoulement sur des marchés porteurs.
On observe également qu'un certain nombre d'investisseurs-acheteurs se sont montrés intéressés à investir pour replanter les quelques 2 100 hectares de terre disponibles dans le bas Sud-Est pour le café de qualité au cours des 5 prochaines années.
Finalement, le projet contribue au renforcement des organisations paysannes de la communauté par le crédit agricole, la réglementation du système foncier et l'établissement des normes commerciales qui régissent les échanges. Le renforcement des capacités est également accru par un encadrement et une assistance technique auprès des planteurs.
International Coffee Organization, Historical Data.
Réseau national des promoteurs du tourisme solidaire (RENAPORTS).
L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles publiés et relayés sur le portail Médiaterre de même que dans les réseaux sociaux.
Ce projet est mené par ENvironnement JEUnesse en collaboration avec l’Institut de la Francophonie pour le développement durable (IFDD), organe subsidiaire de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Pour en savoir plus, veuillez consulter la page dédiée au projet sur le site web d'ENvironnement JEUnesse.
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