Par Andréa Tremblay, étudiante au baccalauréat en histoire à l’Université de Sherbrooke
Le 23 septembre 2017, la carcasse d’un béluga retrouvé à Baie-des-Sables a été transportée à Saint-Hyacinthe afin qu’une nécropsie soit réalisée par des chercheurs de la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal. Sur un total de 560 carcasses, cette nécropsie est la 271e à avoir été effectuée sur un béluga depuis le début de la recherche en 1982. Le but de cette opération consiste à mieux connaître les causes de mortalité et les maux dont est victime la population de bélugas vivant dans l’estuaire du fleuve Saint-Laurent.
L’espèce est sous haute surveillance depuis plusieurs décennies au Canada, notamment les populations de l’espèce provenant du fleuve Saint-Laurent et de plusieurs régions de l’Arctique canadien (Pêches et Océans Canada, 2017). Depuis 2004, elle est classée comme une espèce menacée, son statut ayant été réévalué alors qu’elle faisait partie du registre des espèces en voie de disparition depuis 1983 (Pêches et océans Canada, 2009).
En analysant des échantillons de tissus et d’organes prélevés sur les carcasses, les chercheurs et les étudiants de l’Université de Montréal peuvent déceler la concentration de divers polluants ainsi que certaines maladies infectieuses causant la mort des individus. Selon le biologiste Pierre Béland, un des scientifiques à l’origine du projet de recherche, « c’est le plus long programme du genre dans le monde, pour l’étude des pathologies et de la toxicologie » (Le Devoir, 2017).
Les résultats des chercheurs ne sont cependant pas toujours concluants, les carcasses n’étant parfois plus dans un état de conservation suffisamment bon pour permettre une nécropsie. Dans d’autres cas, les analyses ne permettent pas de révéler la cause du décès de l’individu.
Selon les statistiques provenant d’un programme de rétablissement de Pêches et Océans Canada (2012, 14), 20% des individus analysés entre 1983 et 2006 sont morts d’infection parasitique, 17,7% d’infection bactérienne et 16% de tumeurs cancéreuses. C’est grâce à l’analyse des carcasses qu’une corrélation avait été établie entre les activités de la compagnie Alcan et les cas de cancers présents chez les travailleurs durant la même période au Saguenay-Lac-Saint-Jean (Le Devoir, 2017). Les cas de cancers chez les bélugas ont grandement diminué après qu’un programme d’assainissement des eaux ait été établi dans les années 1980 (Le Devoir, 2017).
Ce que les nécropsies permettent de constater aujourd’hui est l’impact de certains agents polluants sur les bélugas du Saint-Laurent. Ces substances comme les BPC, les organoétains, les PBDE, les pesticides et les métaux lourds s’accumulent dans leur système et nuisent au rétablissement de la population (Pêches et Océans Canada 2012, 57-65). Les chercheurs s’inquiètent des impacts de la pollution, des changements climatiques et de la croissance des activités humaines sur la survie de l’espèce.
Measures, Lena, Jean-François Gosselin et Michel Lebeuf, 2009, Suivi de l'état du Saint Laurent: la population de bélugas de l'estuaire, Pêches et Océans Canada.
Pêches et Océans Canada 2017, Rechercher les espèces aquatiques en péril, URL http://dfo-mpo.gc.ca/
species-especes/sara-lep/identify-fra.html
Pêches et Océans Canada, 2012, Programme de rétablissement du béluga (Delphinapterus leucas), population de l’estuaire du Saint-Laurent au Canada, Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril, Ottawa, 95 p.
Shields, Alexandre, 2017, Nécropsie d’un béluga, Le Devoir, URL http://www.ledevoir.com/
environnement/actualites-sur-l-environnement/508736/autopsie-d-un-beluga
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