Par Camille Mercier, étudiante à l’Université de Sherbrooke
Gaston Beaulieu, un ancien pilote d’avion et ingénieur, s’était donné le défi de créer une serre qui n’utiliserait ni combustibles fossiles ni électricité et qui permettrait de pratiquer l’agriculture n’importe où dans le monde. Il y est parvenu. Son invention se nomme l’Écodôme GED, le premier de la sorte.
Au cours des six dernières décennies, la croissance dans le secteur de la production alimentaire à l’échelle mondiale a été phénoménale. La technologie, la production de fertilisants et de pesticides synthétiques ainsi que la mécanisation du travail dans les champs sont parmi les facteurs ayant permis la croissance de l’agriculture. De plus, 40% de la surface non glacée de notre planète est occupée par les différentes cultures. 23% de l’eau consommée à l’échelle mondiale est dédiée à la production alimentaire.
Les changements climatiques sont liés aux hausses de températures et aux pluies extrêmes. Plusieurs phénomènes en sont les conséquences directes, dont le déclin d’insectes pollinisateurs et l’augmentation de la rareté de l’eau. Il faut donc anticiper plusieurs défis dans nos modes de production alimentaire pour les décennies à venir [1].
Pour fonctionner, cette serre n’a besoin que des rayons du soleil et d’une petite quantité d’eau. Elle fonctionne autant en été qu’en hiver. En effet, sa structure de polymère extrêmement solide et isolante permet de garder l’intérieur du dôme à des températures idéales pour l’agriculture, et ce, malgré des chaleurs et des froids extrêmes à l’extérieur. Dans le cas de températures très élevées, par un phénomène de convection thermique, la chaleur est évacuée par une cheminée et stockée dans un réservoir d’eau pour ensuite être réutilisée. Au contraire, lorsque les températures sont très basses, la paroi de l’Écodôme retient les rayons du soleil à l’intérieur de la serre réduisant la dépense en énergie. Ce dôme a également l’avantage de récupérer l’eau évaporée des plantes. Ainsi, ce dôme ne nécessite que l’installation d’un puit artésien pour fournir l’eau requise. Le milieu est encore plus favorable à la croissance des fruits et légumes grâce à une augmentation de la concentration de gaz carbonique.
L’idée de Gaston Beaulieu de créer cette serre écoénergétique lui est venue à la suite de son observation des populations en Afrique, qui malgré les avancées technologiques d’aujourd’hui, continuent de souffrir de la famine. En effet, cette problématique touche près de 850 millions de personnes, non seulement en Afrique, mais partout dans le monde. L’agriculture se voit ainsi attribuer un rôle clé pour tenter de relever ce défi. L’Écodôme GED, qui peut être utilisé même dans des conditions extrêmes comme celles de l’Afrique, serait grandement utile pour permettre aux populations de pratiquer l’agriculture et, de ce fait, venir à bout de la famine. Cette serre favoriserait aussi la création d’emplois ainsi que la diminution des dépenses énergétiques des pays, multipliant ainsi les effets bénéfiques. Non seulement cette invention québécoise serait une solution pour les États plus pauvres, mais également pour les États riches qui font maintenant face à des problèmes tels que l’accès à l’eau.
L’Écodôme GED s’avère sans surprise plus dispendieux qu’une serre ordinaire, mais sa rentabilité atteinte entre cinq et dix ans et sa durée de vie de 90 ans en valent la peine. Monsieur Beaulieu est présentement en discussion avec des investisseurs en vue de financer la construction de son premier Écodôme au Québec qui devrait débuter en 2019. Vu l’importance des coûts associés aux infrastructures agricoles dans le monde, son projet pourrait effectivement représenter une avancée importante en ce qui atrait à l’économie d’énergie, en plus d’être une solution miraculeuse pour tous les pays du monde. Cette innovation québécoise représente-t-elle l’agriculture de demain ?
Gaia Presse, «L’écodôme GED, une serre éco-énergétique 100% québécoise», Gaia Presse, 10 novembre 2017, URL http://www.gaiapresse.ca/2017/11/lecodome-ged-une-serre-eco-energetique-100-quebecoise/.
GEITMANN, Anja, «Les enjeux de l’agriculture», La Presse, 12 septembre 2015, URL http://plus.lapresse.ca/screens/8db3d638-9ad3-42c6-b6c8-9472c25b4589%7C_0.html.
PARMENTIER, Bruno, Agrobiosciences, 2017, URL http://www.agrobiosciences.org/archives-114/agriculture-monde-rural-et-societe/nos-selections/lu-vu-entendu/article/nourrir-l-humanite-les-grands-problemes-de-l-agriculture-mondiale-au-xxie-siecle-selection-d-ouvrage.
[1] MYERS, S. S., Smith, M. R., Guth, S., Golden, C. D., Vaitla, B., Mueller, N. D., & Huybers, P. (2017). Climate change and global food systems: potential impacts on food security and undernutrition. Annual Review of Public Health, 38, 259-277.
L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles.
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