Par Catherine Gauthier, directrice générale d’ENvironnement JEUnesse
Selon un bilan annuel des émissions de gaz à effet de serre (GES) publié le 5 décembre dernier, les émissions des GES mondiales n’ont cessé de croître, encore en 2018. Les émissions attribuables aux énergies fossiles ont d’ailleurs connu une hausse inédite depuis sept ans. Au niveau canadien, selon le plus récent inventaire des émissions de GES, les émissions atteignaient 704 Mt CO2 équivalent en 2016, soit une augmentation de près de 17 % par rapport aux niveaux de 1990 (603 Mt CO2 équivalent en 1990).
Réunies du 3 au 14 décembre à Katowice, les pays du monde entier prennent part à la 24e conférence des parties (CdP-24) à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). L’objectif de cette CdP-24 est de préciser les règles d’opérationnalisation de l’Accord de Paris. La réussite de cet accord historique pourrait d’ailleurs résider dans la pression par les pairs, alors que le momentum ne doit pas s’essouffler.
Parmi ces règles, on doit pouvoir suivre les engagements climatiques des pays pour s’assurer de combler l’écart énorme entre les engagements actuels et ceux recommandés par les scientifiques du climat. Les engagements pris par les pays doivent également comprendre des informations quant aux mesures déployées et aux outils de mise en œuvre, de même que sur la participation de la société civile. En toile de fond, les enjeux de financement et de transparence demeurent bien présents.
La première semaine des négociations s’est conclue samedi soir, avec des résultats mitigés. Les organes subsidiaires – organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI) et organe subsidiaire de conseil scientifique et technologique (SBSTA) – ont clôturé leurs sessions et rapporté leurs travaux à la conférence des parties. Plusieurs décisions ont été finalisées, dont une concernant la plate-forme pour les communautés locales et les peuples autochtones, qui vient concrétiser la mise en place d’un groupe de travail avec une participation égale des parties et des peuples autochtones.
Suite à la publication du rapport spécial du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) sur un réchauffement de 1,5 °C, la plupart des pays ont reconnu l’importance et la qualité de ce rapport qui sera sans doute le plus influent pour les prochaines années. Toutefois, les délégués ne se sont pas entendus pour déterminer s’ils « accueillent » ou « prennent note » du rapport. Les pays producteurs de pétrole et de gaz ont bloqué les négociations, principalement l’Arabie Saoudite, les États-Unis, le Koweït et la Russie.
Faute de compromis, aucune décision n’a pu être prise sur le rapport du GIEC sous les négociations du SBSTA. Dans un tel contexte, la présidence du SBSTA fait état de la situation à la présidence de la CdP-24, mais il est encore difficile de savoir quelles seront les suites. Dans de telles négociations, on dit que « nothing is agreed until everything is agreed », soit que rien n'est décidé tant que tout n'est pas décidé…
La décision finale de la CdP-24 est donc essentielle pour clarifier les mécanismes de révision des cibles climatiques des parties qui devront être soumises en 2020. Au cours de la deuxième semaine, on s’attend à ce que l’arrivée des ministres et délégués officiels permettent de dénouer les impasses.
Alors que les engagements actuels nous mènent vers un réchauffement de 3 à 4°C, le niveau d’ambition requis est d’une ampleur sans précédent. Il reste encore quelques jours aux parties pour s’entendre sur les moyens de rehausser le niveau d’ambition et, ainsi, limiter le réchauffement planétaire sous le seuil critique de 1,5 °C.
On sait d’ores et déjà que les pays pétroliers et gaziers tenteront de bloquer les négociations. Le manque de leadership des États-Unis se fait également sentir, malgré qu’une coalition d’États, de gouvernements locaux et de villes se soient engagée à respecter l’Accord de Paris.
Le Canada qui a annoncé son intention d’être plus « ambitieux » devra d’ailleurs préciser ses engagements en tenant compte de la science du climat, de la nécessité de mettre en œuvre une transition juste et d’investir massivement dans les énergies renouvelables.
Réagissant pour la première fois à la demande d'action collective contre Ottawa déposée la semaine dernière en Cour supérieure du Québec par ENvironnement JEUnesse, la ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, déclarait qu’« on a besoin d'entendre ces voix, parce qu'on entend aussi des voix qui disent qu'on ne devrait rien faire, qu'on devrait reculer. » Au même moment, on apprenait que le premier ministre canadien, Justin Trudeau, est prêt à financer jusqu'à 7000 wagons pour l’exportation de pétrole albertain vers les marchés étrangers.
Si les déclarations du Canada sont teintées d’ambition, il n’en demeure pas moins que l’écart entre les paroles et les actions est colossal. Les gouvernements, dont celui du Canada, doivent être imputables de leurs engagements internationaux vis-à-vis leurs citoyens. C’est entre autres pour cette raison qu’ENvironnement JEUnesse a initié une action collective pour dénoncer l’inaction climatique du gouvernement canadien.
L'initiative jeunesse de lutte contre les changements climatiques a pour objectif de sensibiliser les jeunes francophones aux changements climatiques. Elle permet également de faire connaître les actions et l’engagement de la jeunesse francophone pour lutter contre les changements climatiques sous la forme d’une série d’articles.
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