Maurice: Le Système Electoral dans un Pays Pluriel, Thèse de Doctorat de Hon. Rama Sithanen, l'actuel Ministre des Finances et du Développement Econom
La reforme du système électoral mauricien est de nouveau à l’agenda de la classe politique. Cette réforme aurait du être enclenchée depuis belle lurette mais faute de consensus politique, la classe politique s’en est accommodée. Malgré une Commission Spéciale sur la Réforme Electorale en l’an 2001 et un Comité Parlementaire sur le même sujet en 2004, aucune suite ne fut donnée à la reforme.
Le sujet est revenu dans l’actualité avec la décision du Premier Ministre Mauricien de convier pour bientôt les principaux partis politiques pour des consultations.
La récente thèse de doctorat en Sciences Politiques par l’ Hon. Rama Sithanen, ministre en exercice des Finances et du Développement Économique de l’actuel gouvernement, offre une option ferme sur le contour d’une éventuelle réforme du système électoral. Le ministre des Finances a le mérite de soumettre, dans le cadre d’une démarche universitaire, des propositions pour améliorer le système électoral mauricien. Au delà de son titre de docteur (PhD) en Sciences Politiques, le ministre a qualifié sa thèse comme une démarche citoyenne dans un entretien accordé au quotidien Le Mauricien en date du 8 mai 2008. Lors de cet entretien, il déclare entre autres que « La question pour moi a été de voir comment développer un système électoral qui permet aux électeurs de voter sur la base d’un principe politique, d’une adhésion aux partis et non sur une base raciale ou religieuse. En même temps, puisque nous sommes un pays pluriel, il importe que toutes les sections de la population aient une représentation parlementaire
adéquate ».
Si le système « First Pass the Post » basé sur le modèle Britannique, a permis durant ces quarante ans d’assurer la stabilité, la gouvernabilité et l’accountability au sein d’une société multi-ethnique (une population originaire d’Europe, d’Asie et de l’Afrique), son défaut majeur est la disparité trop élevée entre le pourcentage de vote recueilli par une alliance politique ou un parti politique et le nombre de sièges. Par exemple en 1982, malgré ses 30 pourcent de vote, le Parti Travailliste et ses alliés n’ont pas eu de représentants au Parlement. Par conséquent, l’opposition est pratiquement toujours inadéquatement représentée en termes de sièges parlementaires. Cette problématique interpelle aussi bien la classe politique mauricienne que l’opinion publique.
Selon Rama Sithanen, il n’y a pas de système parfait. Il propose un système mixte de « First Pass the Post » qui est en vigueur actuellement avec une dose du système proportionnel et par la même prend les avantages des deux systèmes tout en minimisant les inconvénients. Le souci de Sithanen est d’assurer que le système soit juste et équitable avec une certaine dose de proportionnelle.
La thèse de Sithanen a le mérite de sortir des sentiers battus et de la rhétorique ethno-politique pour proposer une démarche empirique tout en rassurant les groupes minoritaires. Ce qu’on peut souhaiter est que le débat à venir ne s’enlise pas dans un débat de politique politicienne mais qu’un véritable débat citoyen puisse s’engager sur le mode de scrutin afin de renforcer le processus démocratique dans la République de Maurice.
Source: Le Mauricien 8 mai 2008, P6, Interview avec Jean Marc Poche, République de Maurice
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